Fonds famille Brunet-Soudé - Ferme de Zafrane (Tunisie)

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Cote/Cotes extrêmes

6AE/1-8 (Cote de commande)

Date

1878-1999

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de Nantes

Description physique

Le fonds se compose de 8 articles et mesure 0,75 ml.

Origine

Les documents qui composent le fonds proviennent des cinq producteurs suivants :
-    Henri (Joseph Paul) Brunet (Orléans, 16 mai 1877 - Mort pour la France le 10 novembre 1914 à Bixschoote, Belgique)
-    sa sœur Louise Brunet (Orléans, 25 juillet 1864 - Orléans, 10 novembre 1924)
-    leur sœur (Marie) Berthe Brunet (Orléans, 8 septembre 1862 - Orléans, 9 novembre 1926), épouse d'Henri Soudé (Montrouge, 28 novembre 1856 - Orléans, 17 janvier 1934)
-    Lucien Soudé (Toulon, 23 avril 1888 - Orléans, 3 décembre 1982), fils de Berthe Brunet et d'Henri Soudé
-    André Soudé (Chaville, Seine-et-Oise, 18 février 1918 - Orléans, 4 avril 2011), fils de Lucien Soudé et époux d'Élisabeth Penet (née à Tunis en 1923)

Biographie ou Histoire

[Éléments en partie repris des informations figurant dans la présentation des archives remises par la famille Soudé aux Archives municipales et communautaires d'Orléans Métropole d'une part (arbres généalogiques et notices biographiques détaillées), au Service historique de la Défense (SHD) d'autre part ; complétées par la consultation de l'état civil de la ville d'Orléans, des registres matricules conservés aux Archives départementales du Loiret et du fichier des Morts pour la France conservé au SHD.]

Se reporter à l'arbre généalogique en annexe 1.

Henri Brunet naît à Orléans le 16 mai 1877, dernier enfant et seul fils de Jean Joseph Adrien Brunet, marchand de bois, et de son épouse Marie Marthe Lanson. En 1905, il part s'installer en Tunisie, passée sous protectorat en 1881, dans le cadre de la politique de colonisation agricole entreprise par le gouvernement français. Il s'établit d'abord à Massicault (aujourd'hui Borj El Amri), tout juste créée, en association avec un ami (il s'agit peut-être de Raoul Penot ou Perrot et de la ferme du Lyat, qui apparaissent sur des photographies de 1909-1910 conservées dans l'article 6), puis acquiert le domaine de Zafrane, situé à 10 km du Kef et à environ 3 km de la gare de Zafrane (2). Membre de la chambre d'agriculture, c'est un colon dynamique et très actif.

Engagé volontaire, il est rappelé à l'activité le 2 août 1914 et affecté au 8e régiment de marche de tirailleurs (8e RMT) avec le grade de sergent. Il est tué à l'ennemi le 10 novembre 1914 à Bixschoote (Belgique). Ce n'est qu'un an plus tard que sa sœur Louise, restée seule en charge de l'exploitation du domaine depuis son départ, apprend la nouvelle, après des mois d'espoir et de vaines recherches auprès de camarades revenus du front. La correspondance qu'elle adresse pendant cette période à sa sœur Berthe, qui habite Orléans et dont les deux fils Lucien et Ambroise sont aussi au front (3), rend compte de son inquiétude, de son immense chagrin puis de sa résignation. Catholique fervente, elle fait dire de nombreuses messes pour son frère et fait en sorte de perpétuer sa mémoire au sein des colons français de la région. La Dépêche tunisienne du 11 mars 1916 annonce ainsi : « Une imposante manifestation de la colonie française a eu lieu hier matin à l'occasion du service funèbre célébré à la mémoire du sergent Brunet, ancien élève du petit séminaire de Sainte-Croix [d'Orléans], le sympathique colon de Massicault, qui, engagé volontaire pour la durée de la guerre, a trouvé sur le front une mort glorieuse. » (4). La nécrologie que Louise Brunet rédige en 1922 pour un publiciste de Tunis offre le portrait suivant de son frère : « Lorsque sur la passerelle du navire qui l'emmenait à la tuerie, Brunet dans son costume de tirailleur adressait un dernier salut de la main à ceux qui restaient, une infinie tristesse passait dans ses yeux de garçon gai, courageux et d'une inlassable activité. Un secret pressentiment l'avertissait sans doute qu'il ne reverrait plus cette terre tunisienne et tous ses bons camarades, son bled de Zafrane, les marchés bruyants qu'il aimait à parcourir, déjouant les filouteries des maquignons, énergique, plein de bonne humeur et d'autorité. Très entendu en affaires, primesautier, affable, il avait beaucoup d'amis. Ce fut un des premiers noms de cette liste qui s'allongea douloureusement pendant quatre ans. »

Après la mort d'Henri Brunet, c'est sa sœur Louise, née en 1864, qui est désignée, dans une lettre testamentaire, comme bénéficiaire et propriétaire de l'exploitation de Zafrane. Célibataire sans enfant, elle s'attache à poursuivre les travaux accomplis par son frère. Elle fait agrandir l'exploitation par l'achat de terres à des autochtones ainsi qu'à d'anciens colons comme Joseph Cauchi, colon maltais. À sa mort, le 10 novembre 1924, sa sœur aînée Berthe et son époux Henri Soudé héritent de l'exploitation.

Mariés à Orléans en 1887, Berthe Brunet et Henri Soudé ont eu deux fils, Lucien (1888-1982) et Ambroise (1892-1914). Diplômé de Polytechnique en 1879, Henri Soudé travaille brièvement au ministère de la Marine avant de devenir ingénieur dans le privé. En 1909, il prend sa retraite et administre l'exploitation de bois de sa belle-mère située à la Jonchère (commune de La Ferté-Imbault, Loiret) jusqu'en 1913. Associé à la gestion du domaine de Zafrane par sa tante Louise, leur fils aîné Lucien (Ambroise est mort au front en août 1914) en devient le propriétaire à la mort de sa mère en 1926. Né en 1888, il étudie à Orléans, entre à l'École polytechnique puis à l'école militaire du Génie de Versailles. Promu lieutenant en 1913, il épouse (Cécile Émilie) Marie-Louise Hamy. Il participe à plusieurs offensives d'envergure pendant la Première Guerre mondiale et est hospitalisé à deux reprises. Nommé colonel le 22 décembre 1938, il est fait prisonnier en mai 1940 lors de la Bataille de France et ne rentre de captivité que le 20 mai 1945, un an après la mort de son épouse, de son dernier fils et de sa petite-fille dans les bombardements alliés sur Orléans. Maintenu général de brigade puis rayé des cadres de l'armée en septembre 1945, il se consacre à la reconstruction des maisons familiales d'Orléans situées 91bis, rue du faubourg Saint-Vincent et 12-14, rue de la Gare.
Dès la mort de son père Henri, survenue en 1934, Lucien Soudé laisse les affaires de l'exploitation à son fils cadet, André, né en 1918, qui s'installe à Zafrane. Mobilisé en 1939, André Soudé entre à l'école de cavalerie de Saumur et participe à la défense de la Loire en juin 1940. En avril 1941, il est démobilisé et retourne vivre à Zafrane. De nouveau mobilisé en novembre 1942 suite au débarquement anglo-américain en Afrique de Nord, il participe aux campagnes de Tunisie (1942-1943), au débarquement en Provence (1944), à la libération de la France (1944-1945) et à la campagne en Allemagne (1945). Après la guerre, Lucien Soudé renvoie son fils à la ferme de Zafrane pour apprendre le métier d'agriculteur. Il accompagne le développement de la mécanisation des activités agricoles du domaine, et épouse Élisabeth Penet, elle aussi descendante de colons français (établis en Tunisie vers 1885), en 1948.

Avec la fin du protectorat français en Tunisie et la proclamation de l'indépendance, les colons français quittent la Tunisie dans un contexte de tension. La vie des Soudé à Zafrane devient très difficile ; André Soudé décide, avec l'accord de son père et de ses frères et sœurs, de louer la ferme aux frères Ben Chadli, agriculteurs au Kef. Le bail valable deux ans commence au 1er septembre 1960 et les Soudé partent s'installer en métropole en novembre ; André Soudé entre à la chambre d'agriculture du Loiret. C'est donc depuis Orléans qu'ils s'efforcent de s'opposer au projet de cession de l'exploitation à l'État tunisien découlant du protocole franco-tunisien du 13 octobre 1960 (5). En vain, puisque suite à la crise de Bizerte la propriété est mise sous séquestre par le gouvernement tunisien en septembre 1961. La loi d'expropriation du 12 mai 1964 consacre la nationalisation des terres à vocation agricole appartenant à des étrangers et met fin à la procédure de cession, qui dans le cas de Zafrane n'avait pas encore abouti.

 

(2) D'après son état signalétique et des services (Arch. dép. du Loiret, registres matricules, bureau d'Orléans, classe 1897, n°293), il a pour adresses successives en Tunisie : 4, rue La Valette à Tunis (29 mai 1905) puis Massicault (10 janvier 1906). En novembre 1913, il donne comme adresse dans les papiers officiels le 42, avenue Jules Ferry à Tunis. Les documents relatifs à Henri Brunet, avant et après son installation à Zafrane et pendant la guerre, et hormis les titres d'acquisition, se trouvent regroupés dans l'article 6 (succession, correspondance, photographies). Notons que son état signalétique et des services semble erroné pour la date de décès, le 10 novembre 1914 (et non 1915 comme indiqué), comme le confirment les documents conservés dans le fonds et le fichier des Morts pour la France.

(3) Ambroise Soudé est tué en août 1914 mais la nouvelle n'est connue avec certitude qu'en octobre.

(4) Coupure de presse intégrée au dossier sur la succession d'H. Brunet (6AE/6) mais qui était sans doute jointe à l'origine à une lettre de Louise Brunet à sa sœur.

(5) Une copie des protocoles franco-tunisiens du 13 octobre 1960 et du 2 mars 1963, énonçant les modalités de cession, d'expertise des biens et de dédommagement par les deux gouvernements, est conservée dans l'article 5. L'ambassade de France en Tunisie était chargée de la constitution des dossiers et de diverses opérations en liaison avec les administrations tunisiennes intéressées.

Histoire de la conservation

Documents conservés par la famille Soudé, proposés au CADN en septembre 2011 suite au décès d'André Soudé.

Modalités d'entrées

Documents confiés pour examen au CADN le 6 mai 2012, par Mme Claire Soudé-Payan, fille d'André Soudé et d'Élisabeth Penet-Soudé. Les documents ont fait l'objet d'un don le 29 janvier 2018 par Mme Soudé-Payan, en son nom et celui de sa mère et de ses sept frères et sœurs.

Présentation du contenu

Le fonds documente divers aspects de la Tunisie à l'époque du protectorat :
-    L'installation des premiers colons français, à travers les sources directes (titres, photographies) émanant d'Henri Brunet, venu s'établir à Massicault en 1905, ou indirectement à travers les témoignages familiaux émanant de la famille Penet.
-    La gestion d'un grand domaine agricole par trois générations de colons, des années 1910 à 1960. Si les titres de propriété et les documents de gestion (livres de comptes notamment) permettent de reconstituer les agrandissements successifs du domaine, la correspondance de Louise Brunet (1914-1922) fournit des informations assez précises sur les récoltes et le prix des denrées.
-    L'engagement d'un colon français, et plus largement de sa famille, dans la Première Guerre mondiale ; ici encore les lettres de Louise Brunet se révèlent particulièrement riches pour documenter aussi bien la situation au Kef pendant la guerre que les conséquences du conflit et des disparitions sur les familles endeuillées.
-    Le dossier relatif à la cession puis à la nationalisation forcée du domaine à partir de 1960 permet d'appréhender l'aspect « administratif » de la fin abrupte, et sans doute douloureuse, du demi-siècle de présence des Brunet-Soudé en Tunisie.

Évaluation, tris et éliminations, sort final

Conservation de l'ensemble des documents remis, à l'exception de quelques doubles.

Accroissements

Fonds clos. À l'occasion de la succession d'André Soudé en 2011, son épouse et ses enfants ont réparti les archives familiales entre trois institutions patrimoniales :
-    Ont été remis aux Archives municipales et communautaires d'Orléans Métropole un ensemble de documents relatifs à la Première Guerre mondiale, notamment 24 cahiers écrits par Henri Soudé pendant la guerre, de la correspondance, des photographies. Ces documents concernent Henri, Louise et Berthe Brunet, Henri Soudé, Lucien et Ambroise Soudé.
-    Les documents relatifs à la carrière de Lucien Soudé et à la participation d'André Soudé à la Seconde Guerre mondiale ont été donnés au Service historique de la Défense.
-    Enfin, les documents relatifs à la ferme de Zafrane ont été proposés au CADN.

Mode de classement

Confié en vrac, le fonds a fait l'objet d'un premier récolement en décembre 2017, puis d'un classement définitif entre avril et septembre 2018. On a classé en tête les documents relatifs à la constitution et à la gestion du domaine de Zafrane (6AE/1-5), puis les documents familiaux (6AE/6-7), enfin la documentation sur la Tunisie (6AE/8).

Conditions d'accès

Les documents sont librement communicables sous réserve des dispositions prévues par la loi pour le respect de la vie privée (Code civil, art. 9) et de la propriété intellectuelle (Code de la propriété intellectuelle).

Conditions d'utilisation

La reproduction est libre sous réserve des dispositions prévues par la loi pour le respect de la vie privée (Code civil, art. 9) et de la propriété intellectuelle (Code de la propriété intellectuelle), et du règlement de la salle de lecture.
En cas de publication relative à ces archives, l'auteur devra adresser à chacun des ayants droit un exemplaire de son ouvrage (format papier ou numérique).

Langue des unités documentaires

Les documents sont en français, certains actes notariés sont en arabe.

Caractéristiques matérielles et contraintes techniques

Documents en bon état dans l'ensemble sauf pour quelques pièces détériorées : plans sur calque (6AE/3), livre de comptes de 1912-1913/1921-1939 (6AE/4), photographies de l'époque d'Henri Brunet (6AE/6).
Les photographies de l'article 6 ont été intégralement numérisées et sont consultables sous cette forme exclusivement.

Autre instrument de recherche

Répertoire numérique détaillé rédigé par Alexandre Chateau, stagiaire en master 1 Métiers de la culture, des archives et du document à l'Université de Haute-Alsace (Mulhouse) et Bérangère Fourquaux, conservateur en chef du patrimoine (avril-novembre 2018).

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Documents en relation

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Bibliographie

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Mots clés lieux

Mots clés matières

Mots clés producteurs

Documentation sur la Tunisie et divers

Cote/Cotes extrêmes

6AE/8 (Cote de commande)

Date

1929-1991

Présentation du contenu

-    Livres et brochures :
     -    CARTON, Louis, Ruines de Thugga. Douga, Tunis, 1929
     -    Album photographique du XXXe Congrès eucharistique international de Carthage (7-11 mai 1930), Nancy, Imprimeries réunies, [1930] (la couverture manque) ; 2 photographies du congrès (Photo Soler Pavia Frères, Tunis)
     -    CANAL, J., Le Kef. Étude historique et géographique, Tunis, 1931
     -    BEN NITRAM, Kaddour, Si Tunis m'était conté [texte d'une conférence donnée à Tunis le 22 mai 1954], Tunis, coll. Les Français d'ailleurs, 1954
     -    DELAIS, Jeanne, Les mille et un rires de Dj'ha, Langres, La Légende des mondes, 1986
     -    HOLLENDER, Jean-Pierre, Quand la Tunisie était française, Montpellier, coll. Les Français d'ailleurs, 1991
     -    Heures grises et noires de la Tunisie française de 1952 à l'abandon de Bizerte [extraits de journaux d'époque], coll. Mémoire de notre temps, [s.d.]

-    Cartes postales anciennes [s.d.] :
     -    4 carnets de cartes postales détachables (Bizerte, Carthage, Ruines d'Hippone, La Calle)
     -    6 cartes postales du Kef

-    Divers [s.d.] :
     -    ancienne monnaie tunisienne
     -    timbres