Cote/Cotes extrêmes
Date
Organisme responsable de l'accès intellectuel
Description physique
Origine
Biographie ou Histoire
Stéphanie Félicité du Crest (ou Ducrest) de Saint-Aubin est née le 25 janvier 1746 au manoir de Champcéry, dans la commune d'Issy-l'Évêque (Saône-et-Loire), aînée de deux enfants, fille de Pierre-César du Crest de Saint-Aubin, seigneur de Champcéry, et de Félicité Mauguet de Mézières. À sept ans, elle devient chanoinesse au chapitre noble de Saint-Denis d'Alix [1], où on l'appelle comtesse de Lancy (son père étant baron de Bourbon-Lancy). À la même période, sa mère fait venir mademoiselle de Mars, fille de l'organiste de Vannes, pour lui enseigner la musique et l'instruire. Si Félicité devint une grande harpiste, que sa mère exhibait dans les salons, et si elle apprend à lire avec une maîtresse d'école, elle n'apprend à écrire qu'à onze ans, en autodidacte. À la fin des années 1750, son père est ruiné, ce qui disperse la famille : Félicité, sa mère et son frère partent pour Paris. Dans l'espoir de refaire sa fortune, Pierre-César du Crest de Saint-Aubin part en 1760 pour Saint-Domingue, mais son bateau est arraisonné à son retour par les Anglais. Capturé, il rencontre durant sa captivité Charles-Alexis Brûlart, comte de Genlis et neveu de Puisieux (ministre des Affaires étrangères de Louis XV), lui aussi prisonnier, à qui il montre le portrait et les lettres de sa fille. Séduit, le comte une fois libre rend régulièrement visite à la famille de son compagnon de captivité. Le 8 novembre 1763, dans l'église Saint-André-des-Arts à Paris, Félicité épouse le comte de Genlis. Le mariage fait scandale, en raison de la grande différence de noblesse entre les deux familles. Félicité n'est ainsi présentée à la Cour qu'en 1765, après s'être réconciliée avec sa belle-famille. Grâce à sa tante, Madame de Montesson, elle rencontre le duc de Chartres, futur Philippe Égalité. En 1772, elle devient dame d'honneur de la duchesse de Chartres, la mère du futur Louis-Philippe Ier. Par la suite, elle s'installe au pavillon de Bellechasse, où elle se consacre à l'éducation des enfants du duc, à travers une éducation assez libérale. Elle publie, entre 1779 et 1780, sa première œuvre, le Théâtre à l'usage des jeunes personnes ou Théâtre de l'éducation, marquant déjà la place centrale qu'occupe l'éducation dans son œuvre littéraire. Elle est nommée en 1782 « gouverneur » des enfants d'Orléans, fonction qui n'a encore jamais été tenue par une femme. Cependant, elle renonça à en porter le titre, se contentant d'exercer la fonction. Elle développe une méthode d'éducation originale, notamment pour l'apprentissage des langues, faisant ainsi venir des locuteurs natifs, par exemple en engageant un jardinier allemand, pour faciliter l'apprentissage des enfants d'Orléans. Elle leur enseigne aussi les arts manuels, chose inhabituelle pour une éducation princière, et fait réaliser des objets fonctionnels dont il reste une collection conservée aux Arts et Métiers. La même année, elle publie son œuvre la plus connue, Adèle et Théodore, ou Lettres sur l'éducation contenant tous les principes relatifs à l'éducation des princes, des jeunes personnes et des hommes. C'est aussi à cette période qu'elle aurait adopté une certaine Pamela, future lady Fitz-Gerald, régulièrement soupçonnée d'être la fille illégitime de Madame de Genlis et de Philippe Égalité.
Le 4 octobre 1791, elle quitte la France pour l'Angleterre. Sa position vis-à-vis des évènements est ambiguë : si elle a été toute sa vie l'ennemie des philosophes, elle n'est pas contre la Révolution, du moins au début, lorsque subsistait l'espoir qu'elle puisse tourner en faveur des Orléans, déclarant dans une lettre qu'elle ne considère pas qu'on soit allé trop loin mais simplement trop vite. Cette position lui attire les foudres d'à peu près tous les bords de l'échiquier politique. En novembre 1792, elle revient à Paris mais doit repartir immédiatement avec Mademoiselle, puisquelle a été proscrite comme émigrée. Elle vit de sa plume en Suisse, en Allemagne et en Angleterre, formant même un salon littéraire à Hambourg, tandis que son mari et le duc de Chartres (devenu duc d'Orléans en 1785), restés en France, sont guillotinés en 1793. Elle adopte en 1799 Casimir Baecker, le fils de son hôte berlinois. Elle ne rentre à Paris qu'en 1800. Elle entretient alors une correspondance officielle avec Bonaparte qui lui permet, de 1802 à 1811, de résider et de tenir salon à l'Arsenal. En 1812, elle devient inspectrice des écoles de son arrondissement (elle habitait alors dans l'actuelle rue Sainte-Anne à Paris). Le retour des Bourbons, en 1815, la pousse dans une situation difficile, en raison notamment de sa correspondance avec Bonaparte, bien que le duc d'Orléans, lui aussi revenu en France, finisse par lui accorder une pension.
Madame de Genlis meurt à Paris, le 31 décembre 1830, après avoir vu son ancien élève monter sur le trône de France. Elle est enterrée au cimetière du Calvaire, au Mont-Valérien ; ses restes sont transférés au cimetière du Père-Lachaise en 1842, dans une concession donnée par le roi Louis-Philippe.
Casimir Baecker est né le 2 mars 1790 à Berlin. Fils aîné de la logeuse de la comtesse de Genlis à Berlin, il est adopté par cette dernière en 1799, et la suit lors de son retour en France. Elle lui enseigne sa méthode de la harpe, lui permettant de réaliser son premier concert en tant que harpiste en 1808. En 1810, il retourne à Berlin, où il devient premier harpiste du roi de Prusse. Il est soupçonné d'être le père d'Henri-Achille Raffin-Duchesnois, fils de la comédienne Catherine Duchesnois, né cette même année, d'où la mention de ces différents personnages dans le fonds (430PAAP/10). Casimir rentre à Paris en 1813, où il épouse Marguerite Claudine Adèle Carret. La même année, il fait une première demande pour ajouter Genlis à son nom de famille, renouvelée et finalement accordée quatre ans plus tard. Le 12 juillet 1812, Madame de Genlis lui cède les droits sur ses ouvrages. À partir de 1830, il donne des cours de harpe, enseignant la méthode Genlis : son dernier concert a lieu en 1835.
Il meurt à Saint-Cloud, le 14 mars 1864.
[1] Alix, dép. Rhône, arr. Villefranche-sur-Saône.
Histoire de la conservation
Les documents ont été conservés tout d'abord par Madame de Genlis elle-même, puis probablement par son fils adoptif Casimir Baecker, à qui elle avait transmis les droits sur ses œuvres ; cette hypothèse est renforcée par la comtesse elle-même qui raconte dans ses Mémoires qu'elle lui donnait tous ses manuscrits littéraires originaux. On suppose qu'ils sont par la suite restés en possession de la famille avant de connaître une dispersion. Le fonds présent semble en effet constitué de deux ensembles : le plus volumineux rassemble des manuscrits littéraires, l'autre principalement des papiers personnels, sans que l'on connaisse la période à laquelle ils furent réunis aucune indice ne prouvant a contrario qu'ils aient jamais été séparés. Toujours est-il qu'à la fin du XIXe siècle ou vers 1900, Gaston Lapauze constitua manifestement un dossier pour préparer l'édition de la correspondance entre Mme de Genlis et Casimir Baecker (cf 430PAAP/10) ; dans celui-ci, on trouve sa correspondance avec des membres ou proches de la famille et des marchands pour retrouver des archives, et au moins les papiers familiaux originaux, rassemblés par lui et accompagnés de notes de son écriture, ce qui a justifié leur classement dans le même article (bien qu'une coupure de presse, du 10 janvier 1958, soit postérieure au décès de Lapauze) ; leur citation et l'édition de plusieurs documents intégralement ou par extrait en sont la preuve ; il déclarait avoir acquis ces documents familiaux auprès de la veuve de Gabriel Charavay qui avait repris les affaires de son mari après son décès en 1879 (elle mourut quant à elle en 1918)[1]. Certaines œuvres éparpillées dans le fonds proviennent certainement de cet ensemble, comme en atteste par exemple une chemise avec l'écriture de Lapauze dans les poésies (classées en 430PAAP/9), sans que cela n'établisse de lien d'unité indiscutable pour la conservation avec le reste du fonds : les dossiers ont très bien pu être mélangés ultérieurement. Signalons en outre que tous les documents que Lapauze déclarait posséder n'ont pas été retrouvé (ainsi, de la fable « Le génévrier et le gratecul », mais surtout de l'ensemble de la correspondance entre la comtesse et Casimir Baecker, absente du fonds) : ils n'ont sans doute pas été transmis avec l'ensemble du fonds actuel identifié, ou ont été conservés par Lapauze (ou un ayant-droit ?) qui transmit aux propriétaires des manuscrits littéraires seulement un petit dossier, soit ont été perdus. Toute la zone d'ombre réside dans le fait qu'on ignore encore s'il avait acquis lesdites œuvres littéraires en même temps que la correspondance entre la comtesse et son fils adoptif. On sait enfin que C. Baecker brûla des manuscrits des comédies et de la correspondance [2].
Les documents sont ensuite entrés en possession de l'institut français de Florence, à une date indéterminée, puis en 2003, dans le cadre d'une restructuration, la partie patrimoniale des collections de l'institut, incluant les manuscrits de la comtesse de Genlis, a été transférée à la direction des archives du ministère des Affaires étrangères (les établissements culturels dépendant de la direction générale de la coopération internationale et du développement du Département).
De nombreuse archives de Madame de Genlis sont ou ont été en mains privées ; les présents papiers ne proviennent visiblement pas des ventes signalées dans les catalogues conservés en l'article 430PAAP/10, ni d'un fonds qui proviendrait éventuellement de la descendance de Georgette Ducrest, nièce de Madame de Genlis (hypothèse donnée par plusieurs correspondants de Lapauze, comme la lettre du 15 juillet 1901 du comte du Crest, 430PAAP/10).
[1] Cf bibliographie : H. Lapauze, « Madame de Genlis et son fils adoptif... », p. 591.
[2] Mémoires, t. VI, p. 265-266, cité par H. Lapauze, « Madame de Genlis et son fils adoptif... », p. 610.
Modalités d'entrées
Les manuscrits ont été transférés de l'institut français de Florence aux Archives diplomatiques en 2003 à Paris avant d'être envoyés sur le site de La Courneuve en 2009.
Présentation du contenu
Ce fonds, dont l'intérêt a déjà été souligné par Martine Reid (cf bibliographie), contient majoritairement des manuscrits littéraires, et pour la plupart autographes, de la comtesse de Genlis, tout autant d'œuvres publiées que non publiées. Ils permettent donc de suivre le processus de création de l'ouvrage avant son impression, mais aussi de découvrir des œuvres inédites. De plus, ce fonds rassemble des documents semblant plus avoir été des réflexions personnelles de Madame de Genlis, notamment en lien avec l'évolution de la société à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. D'autres documents plus familiaux, comme des actes de notaires, sont aussi présents, concernant aussi bien Madame de Genlis que d'autres membres de sa famille, tel son fils adoptif Casimir Baecker. Enfin, des articles postérieurs à la comtesse ont été insérés à une période indéterminée dans le fonds, à l'instar de correspondance du début du XXe siècle concernant les recherches de Lapauze sur Madame de Genlis (430PAAP/10), ou bien encore des extraits de catalogues de ventes aux enchères ou une coupure de presse relative au décès de Lucy Ellis (430PAAP/10).
Évaluation, tris et éliminations, sort final
Aucune élimination.
Mode de classement
Les documents ont été classés suivant leur typologie et dans l'ordre chronologique de publication, lorsqu'une date est attestée ou connue. Les documents isolés, ou impossibles à raccorder à un ensemble plus général, ont été mis à part, tout comme les catalogues de vente aux enchères et les coupures de presse présents dans le fonds. Il a été fait le choix de rassembler les manuscrits provenant d'une même oeuvre grâce à leur version publiée, même s'ils se trouvaient à l'origine éparpillés dans le fonds. De même, l'intégralité des manuscrits provenant de mémoires (Mémoires littéraire ; Mémoires de Mme de Genlis sur la cour, la ville et les salons de Paris ; Mémoires inédits de Madame la comtesse de Genlis, sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu'à nos jours) ont été réunis, que les mémoires en question aient été publiés ou non. Les documents non publiés, mais faisant directement référence à un ouvrage qui l'avait été, ont été placés ensemble ; de même pour les documents semblant être des notes préparatoires à un ouvrage publié.
Les manuscrits n'étant bien souvent pas datés, il a été décidé d'indiquer en intervalle la date de la première parution de l'ouvrage, s'il a été édité.
Concernant la description, ont été désignés comme « renvois » les documents marqués d'une croix dans leur coin, et que Madame de Genlis qualifie de tels.
Un premier relevé des boîtes datant de 2006 était communiqué aux chercheurs avant le classement ; celui-ci peut être communiqué aux chercheurs en en faisant la demande auprès du responsable de fonds, dans le cas où il leur faudrait établir les correspondances du classement avec des citations dans des travaux s'appuyant sur l'état précédent des papiers.
Conditions d'accès
Communication libre selon le Code du patrimoine.
Conditions d'utilisation
La reproduction est libre pour les documents communicables dans les conditions prévues par le règlement de la salle de lecture.
Langue des unités documentaires
Autre instrument de recherche
Inventaire analytique par Noémie Bujon, stagiaire, élève en première année à l'École nationale des Chartes, La Courneuve, juillet 2025, 21 p. Consulter l'inventaire.
Documents en relation
Cet état des sources ne vise à aucune exhaustivité.
Archives diplomatiques
Archives nationales
On trouvera des documents épars et de la correspondance concernant Madame de Genlis dans les fonds suivants :
Versements des ministères et des administrations qui en dépendent
Police générale :
Imprimerie, librairie, presse, censure (F/18) :
Maison du Roi (Restauration)
Archives privées
Minutier central
Archives des archives
Pièces isolées, collections et papiers d'érudits :
Archives imprimées
Archives départementales du Calvados
Archives départementales du Loiret
Archives départementales de l'Essonne
Bibliothèque de l'Institut de France
Documents provenant du comte Albert Beugnot, fonds d'Orléans :
Fonds Madeleine et Francis Ambrière
Bibliothèque Thiers
En plus de ces archives conservées au sein des institutions, il existe des papiers conservés dans des collections privées, notamment cités par Gabriel de Broglie dans la bibliographie de son ouvrage Madame de Genlis.
Musée des arts et métiers
À la demande de Mme de Genlis, le duc de Chartres commanda la réalisation d'une série de maquettes pour l'éducation de ses enfants en 1783. Le musée en conserve 13, entrées dans ses collections en 1802.
[1] Ces lettres ont été éditées par Gaston Maugras en 1904 (cf bibliographie).
Bibliographie
Publications sur la comtesse de Genlis et son œuvre :
[1] Consultable en ligne : https://doi.org/10.4000/books.pur.39360.
[2] Consultable en ligne : https://doi.org/10.4000/cve.3313.
[3] Consultable en ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2063983.
[4] Consultable en ligne dans la Bibliothèque diplomatique numérique : https://bibliotheque-numerique.diplomatie.gouv.fr/ark:/12148/bpt6k17463v/f589.item.
[5] Consultable en ligne : https://www.digitens.org/fr/notices/stephanie-felicite-de-genlis.html.
[6] Consultable en ligne : https://doi.org/10.2307/1768999.
Ce site utilise des cookies techniques nécessaires à son bon fonctionnement. Ils ne contiennent aucune donnée personnelle et sont exemptés de consentements (Article 82 de la loi Informatique et Libertés).
Vous pouvez consulter les conditions générales d’utilisation sur le lien ci-dessous.