Après la Seconde Guerre mondiale, l'administration centrale du ministère des Affaires étrangères est profondément restructurée, face aux nouveaux enjeux internationaux le règlement de la paix et la création de nouvelles organisations internationales, la négociation de traités et de pactes -, mais aussi pour le développement de nouvelles relations diplomatiques et consulaires à travers le monde.

Ce fonds rassemble des dossiers constitués par le cabinet de Pierre Schneiter, nommé sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères en 1946, date à laquelle il rentre pour la première fois au gouvernement. Né à Reims en 1905, Pierre Schneiter débute comme courtier en vins de Champagne, après ses études à l'École des hautes études commerciales (HEC). Mobilisé dans l'aviation en 1939, il participe activement à la Résistance à Reims dans le groupe chapeauté par le commandant Bertin puis le colonel Pierre Bouchez, comme son frère André fusillé par la Gestapo en 1944. Son engagement lui vaudra d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1947, titulaire de la croix de guerre 1939-1945 et de la médaille de la Résistance, et commandeur de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne. À la Libération, Pierre Schneiter est nommé sous-préfet de Reims jusqu'au 6 août 1945, avant d'être élu député de la Marne pour le Mouvement républicain populaire (MRP). Il y sera réélu à trois reprises, et siégera dans l'Assemble constituante puis l'Assemblée nationale de la IVe République jusqu'en 1958.

En 1946, Pierre Schneiter poursuit son parcours politique en entrant dans le gouvernement : il est nommé sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères dans le cabinet de Felix Gouin (8 février-24 juin 1946), avec Georges Bidault comme ministre de tutelle. Lui et Bidault sont reconduits avec les mêmes portefeuilles dans le cabinet suivant, dirigé par Vincent Auriol (24 juin au 16 décembre). Un an plus tard, Schneiter revient au gouvernement au poste de secrétaire d'État aux Affaires allemandes et autrichiennes dans le premier cabinet de Robert Schuman, du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948.

Après les Affaires étrangères, Schneiter occupe le poste de ministre de la Santé publique et de la Population, jusqu'en 1951, dans les gouvernements d'André Marie, Robert Schuman (II), Henri Queuille (I, II et III), Georges Bidault et René Pleven. Puis il repart à l'Assemblée nationale, où il est membre de la commission des Affaires étrangères. L'année suivante, il intègre la délégation française à la septième session de l'ONU. Il est ensuite nommé en 1953 représentant du Conseil de l'Europe pour les réfugiés nationaux et les excédents de population. Le 11 janvier 1955, il succède au socialiste André Le Troquer à la présidence de l'Assemblée nationale, qu'il occupera pendant un an.

Outre son mandat de député de la Marne, Pierre Schneiter est élu en janvier 1957 maire de Reims, fonction qu'il exercera jusqu'en 1959. Il sera également conseiller général de la Marne jusqu'en 1964. Schneiter s'éloigne donc de la politique nationale pour revenir à sa région natale, la Champagne. Il est président du Conseil économique et social de la région Champagne-Ardenne lorsqu'il meurt à Reims en 1979.

Ce fonds de dossiers est entré aux Archives diplomatiques avec un état de versement dactylographié, établi en octobre 1946. L'état de versement d'origine a été repris en 2022 par Camille Desbois, stagiaire, sous la direction d'Emmanuelle Jouineau, responsable des fonds de cabinets ministériels, avec une description complétée, le reconditionnement matériel des dossiers et la rédaction d'une notice de présentation à l'instrument de recherche. Le reclassement des dossiers selon un nouveau cadre de classement a été effectué par Charlotte Piot, apprentie, en 2024.

Versement administratif entré aux Archives diplomatiques le 18 décembre 1946.

Ce fonds, qui réunit les dossiers produits par les deux cabinets successifs de Pierre Schneiter au poste de sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères (gouvernement Felix Gouin, 8 février-24 juin 1946 ; puis gouvernement Georges Bidault, 24 juin-16 décembre 1946), est structuré en 2 grandes parties :

articles 1 à 5 : Fonctionnement/Actions menées par le cabinet

• 1 : Cabinet du secrétaire d'État
• 2 : Demandes d'intervention adressées au cabinet Schneiter
• 3 : Déplacements et missions à l'étranger
• 4 : Demandes de visa auprès du cabinet Schneiter
• 5 : Demandes d'entrée en France, rapatriement, naturalisation

6-26 : Affaires internationales suivies par le cabinet

• 6-7 : Multilatéralisme : United Nations Relief and Rehabilitation Administration (UNRRA)
• 8 : Paix et tensions internationales
• 9 : Rectifications des frontières franco-allemande et franco-italienne
• 10-11 : Affaires allemandes et autrichiennes
• 12 : Affaires allemandes
• 13-15 : Comités interministériels : économie, défense nationale, Indochine, Afrique du Nord
• 16-21 : Dossiers géographiques : pays anglo-saxons, Europe (occidentale et méridionale, centrale, orientale et septentrionale), Afrique, Levant, Afrique du Nord, Asie et Océanie, Amérique (du Nord et latine)
• 22 : Affaires économiques
• 23-25 : Ministère des Affaires étrangères : affaires générales et administratives
• 26 : Questions diverses

On note la présence de documents antérieurs au cabinet Schneiter, datant de 1944 et de 1945. Il faut aussi souligner qu'une partie des dossiers se rapportent aux affaires allemandes et autrichiennes, dont sera chargé Pierre Schneiter en 1947 dans le gouvernement de Robert Schuman. Ce sont d'ailleurs les dossiers les plus complets dans ce fonds. Concernant les autres thèmes, ils sont très hétéroclites mais peuvent venir compléter d'autres sources produites par le Quai d'Orsay à la même période.

La typologie documentaire de ce fonds repose essentiellement sur des notes, comptes rendus et télégrammes diplomatiques, ainsi que sur de la documentation et des articles de presse française et étrangère.

Thématique.

Selon les dispositions du Code du patrimoine, article L 213-2. Le délai de 50 ans est appliqué pour les documents portant atteinte au secret de la défense nationale, aux intérêts fondamentaux de l'État dans la conduite de la politique extérieure, à la sûreté de l'État, à la sécurité publique, à la sécurité des personnes ou à la protection de la vie privée.

La reproduction est libre pour les documents communicables dans les conditions prévues par le règlement de la salle de lecture.

Voir l'inventaire.

Voir aux Archives diplomatiques les fonds relatifs à l'administration centrale du Quai d'Orsay durant cette période :

Cabinet du ministre des Affaires étrangères :

• 6QO : Cabinet Georges Bidault, 1944-1948

Secrétariat général du Quai d'Orsay :

• 235QO : Secrétariat général, dossiers 1944-1966

Administration de la Zone française d'occupation (ZFO) en Allemagne et en Autriche : Commissariat général aux Affaires allemandes et autrichiennes (CGAAA) :

• 106SUP : CGAAA, 1ère série, 1945-1955
• 107SUP : CGAAA, 2e série, 1945-1955
• 108SUP : CGAAA, chronos, 1945-1955
• 435QO : CGAAA, sous-direction des Affaires économiques et sociales, (1938) 1945-1955

Commissions et conférences internationales :

• 166QO : Conférences de la paix de 1946, Conférence des ministres des Affaires étrangères (CMAE), Paris et New York

Les 26 articles (volumes) de ce fonds 500QO sont numérotés de 1 à 26.