Les collections des distinctions honorifiques, du fait de leur amplitude chronologique, recouvrent une organisation administrative qui n'a cessé d'évoluer : entre les premières années du protectorat, où le service était assuré par le responsable du protocole au cabinet du résident général, et la veille de l'Indépendance, où le service des distinctions honorifiques formait une sous-section de ce même cabinet, les appellations ont varié, mais la fonction n'a pas cessé.
Une réorganisation profonde est perceptible en 1925-1926, qui modifie sensiblement la présentation des archives et donne aux collections de distinctions honoriques leur allure définitive.

En dépit du système centralisé d'enregistrement, de cotation et d'archivage qui caractérise le fonds de la résidence générale de France en Tunisie, les archives du service chargé des distinctions honorifiques forment une exception et échappent en grande partie à la cotation : seuls les dossiers généraux du protocole étaient tenus par le bureau d'ordre de la résidence et intégrés dans le plan de classement ; tous les autres dossiers, les registres et les fichiers, étaient conservés par le cabinet en collections continues jusqu'aux années 1960. C'est pourquoi très peu de dossiers relatifs aux décorations ont été rapatriés lors des premier et deuxième versements des archives de la résidence --- censés couvrir respectivement la période 1881-1949 et la période 1950-1956. Il faut attendre le cinquième versement, en 1999, pour que les collections de distinctions honorifiques soient rapatriées
au Centre des archives diplomatiques de Nantes.

Versement administratif de l'ambassade de France en Tunisie, héritière de l'ancienne résidence générale

Le présent inventaire porte sur les collections de documents formées durant tout le protectorat par le service chargé des distinctions honorifiques. Pour un aperçu complet des archives traitées par ce service, il faut également consulter les dossiers du protocole gérés par le bureau d'ordre et intégrés dans les premier et deuxième versements.

De façon logique puisque il s'agit d'une décoration tunisienne, la collection la plus importante est, tant du point de vue du volume que du point de vue du contenu, celle relative au Nichan iftikhar : 269 articles dont 171 cartons de fiches alphabétiques, mentionnant pour chaque individu son identité, sa profession, le grade obtenu et à quelle date, et l'auteur de la proposition. La collection des dossiers nominatifs peut éventuellement compléter ces informations mais elle est très lacunaire. Quoi qu'il en soit, le fichier alphabétique donne un aperçu quasi exhaustif de toutes les personnes qui ont eu, de près ou de loin, un rapport avec le protectorat : la remise du Nichan iftikhar n'étant pas contingentée pour les étrangers (Français compris), sa distribution était plus que généreuse...

Les dossiers relatifs au Ouissam alaouite, quoique peu volumineux, permettent de comprendre l'articulation entre les deux protectorats de Tunisie et du Maroc en matière de distinctions honorifiques : le Ouissam étant délivré par le Maroc, les demandes instruites à la résidence générale de France en Tunisie relevaient d'une procédure d'échange mise en place dès 1913.

Pour toutes les décorations françaises qui suivent, si la résidence générale ne jouait qu'un rôle subalterne dans leur attribution, leur présentation en collection permet encore une fois de mieux cibler la politique des honneurs telle que la concevait le protectorat : c'est la raison pour laquelle ces collections n'ont pas été détruites, même s'il n'y avait d'obligation à la conserver.

Aucune élimination n'a été faite lors du reclassement au CADN.

Fonds clos.

Les archives sont classées par décoration. À l'intérieur de chacune, le ou les fichiers alphabétiques ont été placés en tête, lorsqu'ils existent ; puis viennent les dossiers généraux, et enfin les dossiers nominatifs.
Un fichier commun à plusieurs décorations figure en fin d'inventaire.

Archives publiques. Série entièrement communicable.

Répertoire numérique, sous la direction de Damien Heurtebise, conservateur en chef du patrimoine, 46 p., mai 2011.

Outre les dossiers du protocole déjà signalés, le Centre des archives diplomatiques de Nantes conserve une collection de médailles qui correspond partiellement aux décorations présentées dans cet inventaire.