Fils de Pierre Philippe Louis, avoué près le tribunal civil d'Épernay, et de Jeanne Constance Blanchin, Georges Louis naît à Épernay le 21 mars 1847. Son père devenu veuf en 1852 se remarie trois ans plus tard avec Claire Céline Maldan ; de ce lit naît Pierre Félix Louis, dit Pierre Louÿs, le 10 décembre 1870 à Gand. Le 29 mai 1879, la mère de Pierre Louÿs décède et Georges Louis se voit confier l'éducation et l'instruction de son demi-frère. Agissant comme un second père pour lui, ils nouent des liens très proches et entretiennent une correspondance très active dont une partie a été publiée (cf bibliographie).

Sur le plan de la carrière, après avoir été licencié en droit, Georges Louis est nommé le 1er avril 1877 secrétaire du comité de législation étrangère au ministère de la justice. Il entre ensuite aux Affaires étrangères le 6 octobre 1880 comme chef du cabinet du sous-secrétaire d'État, et est nommé rédacteur l'année suivante ; il accède à la fonction de sous-directeur à la direction des affaires commerciales du ministère des Affaires étrangères en 1882. En 1893, il est promu ministre plénipotentiaire et est nommé délégué de la France à la Commission internationale de la dette égyptienne. Il y reste jusqu'en 1902 et s'y affirme en tant que négociateur avec une personnalité forte et tenace. Il noue des liens d'amitiés avec Gabriel Hanotaux ainsi qu'avec l'ensemble du personnel diplomatique. De retour du Caire, il est chargé des fonctions de directeur des consulats et des affaires commerciales en août 1902, avant de devenir directeur des affaires politiques en 1904 (puis directeur des Affaires politiques et commerciales lors de la réorganisation du ministère). En 1909, il se voit confier l'ambassade de France à Saint-Pétersbourg, qui est l'un des postes diplomatiques les plus importants en raison de l'alliance franco-russe. De par ses fonctions successives, Louis est une personnalité de premier plan dans la diplomatie française. Cependant, l'élection de Raymond Poincaré à la présidence de la République, et l'animosité d'Izvolski (ambassadeur de Russie à Paris) à son égard, conduisent à son éviction en 1913 ; il est remplacé par l'ambassadeur Maurice Paléologue. Georges Louis regagne alors Paris, fait valoir ses droits à la retraite et reçoit le grand-croix de la légion d'honneur. Il commence à séjourner de plus en plus dans sa villa secondaire à Biarritz. Il meurt le 7 avril 1917 à Paris alors qu'il avait pour projet de rédiger ses notes d'avant-guerre. Pierre Louÿs meurt quelques année quelques années plus tard, en 1925.

Georges Louis a épousé Maria Garcia de la Paz de Ortega Morejon y Dominguez le 31 mai 1900 à la mairie du XVIe arrondissement de Paris. Le couple a eu trois enfants : Philippe (né et mort en 1901) et Robert (1903-1924), et Françoise, dite « Franchette » (1908-1993) dont Pierre Louÿs fut le parrain.

Après le décès de Pierre Louÿs, le Département examina les papiers de Georges Louis et en retint deux cartons ; une notice du service des archives du 18 mars 1927 nous apprend que le ministère des Affaires étrangères restitua à la famille ses carnets (archives de la direction des archives, 404INVA/39).

Les lettres de Pierre Louÿs à Georges Louis (188PAAP/7) ont fait l'objet d'une restauration et d'une consolidation en raison de leur mauvais état (humidité, moisissures&), de même pour les autres lettres de différentes provenances à destination de Georges Louis. Initialement ordonnées par années, cette correspondance avait été classée par destinataire dans l'ordre alphabétique.

Deux cartons des papiers Georges Louis conservés par le ministère des Affaires étrangères revinrent aux archives diplomatiques après la mort de Pierre Louÿs en 1925. Le reste du fonds provint d'un achat et d'un don auprès de la librairie d'Ariane Adeline en 2015 et 2016 (entrées 2015/13 et 2016/9).

Ce fonds est en majorité constitué de lettres adressées à Georges Louis provenant d'ambassadeurs et diplomates ou encore d'écrivains. On y trouve également une partie de la correspondance entre Georges Louis et Pierre Louÿs.

Ce fonds donne à étudier la correspondance particulière reçue notamment par un directeur des affaires politiques puis ambassadeur au début du XXe siècle, mettant en lumière le réseau étendu de ses interlocuteurs et des questions qu'il doit traiter. Il est d'autant plus intéressant que les archives de l'ambassade à Saint-Pétersbourg postérieures à 1908 fut partiellement détruite en 1918. La correspondance est particulièrement riche avec Camille Barrère, Jules et Paul Cambon, Georges Bihourd, Théophile Delcassé, Maurice Bompard, Paul Deschanel, Gabriel Hanotaux, Maurice Paléologue, Alexandre Nelidov, Stephen Pichon et Paul Revoil.

Aucune élimination n'a été effectué. Les documents ont été reconditionnés et certains restaurés.

S'agissant essentiellement de correspondance entre Georges Louis et des collègues diplomates, il a été choisi de changer le mode de classement initial par année et de répartir les documents dans l'ordre alphabétique des émetteurs.

Communication libre selon le Code du patrimoine.

La reproduction est libre pour les documents communicables dans les conditions prévues par le règlement de la salle de lecture.

Répertoire numérique détaillé par Mathieu Janody et Clément Noual, août 2024, 13 p. Consulter l'inventaire.

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Centre des archives diplomatiques de la Courneuve

• Dossiers nominatifs du personnel, 2e série (1900-1930) : Georges Louis (394QO/982).

Les chercheurs se reporteront aussi avec avantage aux séries de correspondance politique ou consulaire pour les périodes où Georges Louis fut à la tête des directions concernées.

Archives du groupe Pathé et Gaumont

• PERS G4 244 : plan de Georges Louis et Raymond Poincaré dans une calèche de profil, juillet 1914, pendant la visite présidentiel en Russie (négatif en noir et blanc ; durée : 00:00:39).

Références qui ont servies à la publication du livre Mille lettres inédites de Pierre Louÿs à Georges Louis de Jean-Paul Goujon :

Bibliothèque nationale de France (BNF)

Département des manuscrits :

Manuscrits, Nouvelles acquisitions françaises : no 71, 88, 100,106, 107, 108, 109, 110, 111, 123, 125, 137, 206, 209 et 325.

Bibliothèque de l'Arsenal

Ms.15148 : nos 22, 200 et 208 ;
Ms.15060 : nos 176, 196, 206, 212, 213, 216, 265, 275 et 278 ;
Ms.15162 : nos 9, 10, 14, 15, 16, 23, 24, 25, 218, 222, 167, 185, 197, 199, 266, 276 et 279.

Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet

Manuscrits nos 102 et 178 (Mondor alpha 604 et 606).

Publications de Georges Louis

Outre deux publications à caractère juridique de ses débuts, nous signalons la publication de ses carnets en 1926 à partir des papiers conservés par sa famille (certainement ceux qui ont été restitués par le ministère), ainsi qu'une autre publication faite en Russie en 1925, que nous n'avons pas pu consulter (est-elle liée à une possession de papiers de Georges Louis en Allemagne ou en Russie ?)

Étude sur le vote des lois de finances en Angleterre et aux États-Unis, Paris, Cotillon, 1877, 29 p. (extrait du Bulletin de la Société de législation comparée, no 4, avril 1877).
Droit international. Des Devoirs des particuliers en temps de neutralité, commentaire de la déclaration officielle du gouvernement français du 6 mai 1877, Paris, A. Cotillon, 1877, 24 p. (extrait du Journal du droit international privé, août 1877).
Zapiski posla [avec correspondance de G. Louis avec Poincaré, de Sazonov avec Izvol'skij, des lettres de Poincaré, Pichon, Paléologue, Cambon... à propos de la parution des Carnets de Georges Louis ; les lettres de Georges Louis à Poincaré sont publiées en français et suivies d'une traduction russe] (préface de E. A. Adamov, traduction de S. A. Lopachov), Moscou, Litizdat, 1925, 88 p. [exemplaires à la Bnf et à la bibliothèque de lettres de l'université d'Aix-Marseille ].
Les Carnets de Georges Louis, directeur des affaires politiques au ministère des Affaires étrangères, ambassadeur de France en Russie, Paris, Rieder, 1927, 2 t. (t. 1 : 1908-1912, 251 p. ; t. 2 : 1912-1917, 266 p.).

Correspondance entre Georges Louis et Pierre Louÿs

Goujon (Jean-Paul), Mille lettres inédites de Pierre Louÿs à Georges Louis (1890-1917), Fayard, 2002, 1316 p.
Louÿs (Louis) et Louis (Georges), Correspondance croisée, 1890-1917 (éd. Gordon Millan, préface de Dimitri Stolypine), Paris, Honoré Champion, 4 t.

Autres publications

La figure de Georges Louis a été utilisée après la Première Guerre mondiale par des auteurs voulant démontrer la culpabilité de la France et de la Russie dans le déclenchement de la guerre.

Gouttenoire de Toury (Ferdinand), Poincaré a-t-il voulu la guerre ? Poincaré et Iswolsky contre Georges Louis (préface d'Henri Barbusse), Clarté, Paris, 1920, 160 p.
Judet (Ernest), Georges Louis, Paris, Rieder, 1925, 318 p. [ouvrage traduit en allemand et publié à Berlin chez Verlag für Kulturpolitik en 1926].