SABA, Hanna

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Papiers Hanna SABA

Cote/Cotes extrêmes

352PAAP (Cote de commande)

Date

1889-1987

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Description physique

29 articles répartis dans 12 boîtes, soit 1,44 ml.

Origine

SABA, Hanna

Biographie ou Histoire

Né en 1909 à Damiette, Hanna Saba est de nationalité égyptienne et de confession chrétienne. Il suit des études au collège des Jésuites du Caire, avant de poursuivre sa formation supérieure en France. Il est diplômé de l'École libre des sciences politiques de Paris et docteur en droit de la Faculté de droit de Paris. Après ses études, il exerce comme Substitut au Contentieux de l'État, à Alexandrie, pendant cinq ans [1].

À partir de 1941, il est conseiller au ministère des Affaires étrangères égyptien, premier poste pour lequel les papiers Hanna Saba contiennent des archives (352PAAP/1 à 4). À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il est membre des délégations égyptiennes qui participent à la création des nouvelles institutions multilatérales qui organisent la vie internationale. Hanna Saba assiste notamment à la Conférence de San Francisco de mars à juin 1945, participe aux travaux de la Commission préparatoire de la première Assemblée générale des Nations unies et prend part à celle-ci en janvier et février 1946 à Londres. En avril 1946, il assure la présidence tournante du Comité d'experts du Conseil de sécurité, alors à New York, et traite notamment de la question Iran-URSS. En octobre 1946, il assiste le Premier ministre Ismaïl Sidqi (Sedky) Pacha dans les négociations avec le Secrétaire du Foreign Office Ernest Bevin, pour la fin de la tutelle britannique sur l'Égypte (352PAAP/2 à 4).

En décembre 1946, il entre au département juridique de la direction du Secrétariat général des Nations unies en tant que responsable du statut et des immunités de l'Organisation et de l'enregistrement des traités. Il se trouve à nouveau face à la question anglo-égyptienne, lorsque le Premier ministre Mahmoud Fahmy Nokrashy forme un recours devant le Conseil de sécurité des Nations unies pour obtenir l'évacuation des troupes britanniques (352PAAP/5). Par ailleurs, pendant trois ans à l'ONU, il suit notamment la question israélo-arabe, la place des accords régionaux au sein de la Charte des Nations unies et les évolutions techniques des traités (352PAAP/6).

En janvier 1950, il quitte New York pour Paris en devenant conseiller juridique à l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (352PAAP/7 et 8). Il y travaille plus de trente ans, à divers niveaux. Il représente également l'UNESCO à la Commission des Droits de l'homme des Nations unies. En 1952, il est de plus nommé ministre plénipotentiaire de la République d'Égypte. Parmi ses principaux travaux, la protection des biens culturels constitue un fil rouge de sa carrière. Dès 1954, il participe à la conférence diplomatique de La Haye pour l'élaboration d'une première convention sur la protection des biens culturels en cas de conflits armés. Dans les années 1960, il prend une part active dans les missions de sauvegarde du patrimoine culturel d'Égypte.

Sous-directeur général de l'UNESCO de 1967 à 1971 (352PAAP/9), il poursuit sa mission de protection du patrimoine culturel de l'humanité et de sauvetage des monuments de Nubie. Par ailleurs, dans le contexte des guerres israélo-arabes, il encadre l'application, à Jérusalem notamment, de la convention de La Haye de 1954 sur la protection des biens culturels, et les négociations entre Israël et les États arabes (Égypte, Jordanie, Liban, Syrie). À la suite de l'invasion israélienne, il se mobilise pour sauvegarder le monastère Sainte-Catherine au Sinaï qu'il préserve aussi, quelques années plus tard, de la construction d'un complexe touristique. En 1970, il participe aux travaux relatifs à la protection des biens culturels pour en interdire l'importation, l'exportation et l'acquisition illicite, lors de la seizième Conférence générale de l'UNESCO.

Retraité de ses fonctions de sous-directeur général, il est chargé de différentes missions par l'Organisation jusqu'au milieu des années 1980 (352PAAP/10-23). En 1972 et 1973, il se rend en Amérique latine et dans les Caraïbes pour élaborer un projet de convention régionale relative aux équivalences universitaires, soumis à l'UNESCO en janvier 1974 (352PAAP/10). Il effectue un travail similaire en 1981 pour le continent africain (352PAAP/12). Entre-temps, il réalise plusieurs missions sur la protection du patrimoine culturel, au Népal en 1975, au Burundi en 1978 et en Oman en 1979 (352PAAP/13-16). En 1980 et 1981, il se rend en Algérie en tant qu'expert de l'UNESCO pour la réhabilitation de la casbah d'Alger (352PAAP/20-21). Il réalise par ailleurs plusieurs études synthétiques pour l'UNESCO sur la protection des biens culturels (352PAAP/18-19). Elles le conduisent à réunir beaucoup de documentation relative à plusieurs législations nationales (352PAAP/17). Enfin, il est un observateur privilégié des conflits politiques qui se jouent dans l'enceinte même de l'UNESCO. Les accusations de « politisation » de l'Organisation portées par les États-Unis et Israël, au milieu des années 1970, puis en 1983 et 1984, quand les États-Unis se retirent de l'UNESCO, amènent Hanna Saba à rédiger plusieurs notes à l'intention du directeur général, sur la situation juridique et les décisions à prendre (352PAAP/22).

En dehors de ses fonctions à l'UNESCO, Hanna Saba enseigne dans plusieurs instituts à partir de 1971. Il est notamment professeur à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence et à l'Institut international des Droits de l'Homme de Strasbourg, fondé par René Cassin (352PAAP/24). Expert juridique international reconnu, il est aussi invité à plusieurs colloques et conférences : à Athènes en 1975 sur la situation de Chypre, à Madrid en 1978 sur l'autonomie des universités, à La Haye en 1983 sur l'avenir du droit international dans un monde multiculturel (352PAAP/26).

Dans ses mémoires, publiées sous le titre 40 ans qui ont transformé le monde, Hanna Saba raconte sa carrière et les bouleversements de l'après-guerre (352PAAP/29). Il a épousé Carmen Sednaoui ; le couple a eu trois enfants. Il décède le 29 septembre 1992. Il est grand officier de l'ordre du Mérite égyptien, officier de l'ordre du Nil, grand-croix du Mérite de l'ordre de Malte, grand officier de la Légion d'honneur.

 

[1] H. Saba, 40 ans qui ont transformé le monde, Paris, L'Harmattan, 2005, p. 31.

Modalités d'entrées

Don de sa fille Sonia Saba, épouse La Tour du Pin Verclause, en 1993.

Présentation du contenu

Il existe peu de témoignages et de souvenirs laissés par de hauts fonctionnaires ayant exercé dans des institutions nationales et internationales. À ce titre, la carrière de Hanna Saba est exemplaire et ses archives présentent plusieurs éléments intéressants.

On compte tout d'abord des archives des échanges anglo-égyptiens au moment des négociations du traité Sedky-Bevin, qui n'aboutissent finalement pas faute de ratification britannique. Les tractations et les notes des délégations, quasiment au jour le jour, puis les procès-verbaux des conversations de Londres rendent compte du processus de négociation et des désaccords entre l'Égypte et le Royaume-Uni.

D'autre part, durant ses années en poste à l'UNESCO, Hanna Saba a travaillé sur la protection du patrimoine culturel, ce qui l'a amené à recueillir un vaste échantillon de législations nationales : Égypte, mais aussi Népal, Philippines, Sénégal, Libye, entre autres. Jouissant d'une grande expérience dans ce domaine, il a été personnellement chargé d'aider à l'élaboration de lois sur la préservation des biens culturels au Burundi et en Oman, à la fin des années 1970.

Enfin, expert juridique de grandes organisations internationales, il a assisté aux crises qu'ont traversées celles-ci. L'affaire des fonctionnaires de nationalité américaine, au milieu des années 1950, est traduite devant le Conseil d'appel de l'UNESCO et le tribunal administratif de l'Organisation internationale du travail (OIT), dont le fonds contient des jugements. Plus tard, Hanna Saba suit le statut des pays pratiquant la ségrégation raciale qui sont parfois exclus des différentes institutions internationales. Dans un autre registre, les décisions de l'UNESCO vis-à-vis d'Israël et les augmentations de budget entraînent le retrait des États-Unis de l'organisation en 1984. Les accusations de « politisation » portées contre l'UNESCO font l'objet de nombreuses notes du Dr. Saba à l'intention du directeur général de l'époque, Amadou-Mahtar M'Bow. Les papiers Hanna Saba offrent ainsi sur l'histoire de l'UNESCO un regard complémentaire des archives de la représentation permanente de la France auprès de cette organisation internationale.

Évaluation, tris et éliminations, sort final

Ont été éliminés de la documentation et des rapports produits par les institutions internationales qui sont déjà conservés dans d'autres services d'archives français ou disponibles en ligne dans la bibliothèque numérique de l'UNESCO, ou non directement liés au travail de Hanna Saba ; un tri identique a été effectué pour des copies de traités, conventions et recommandations de l'UNESCO déjà conservés dans les archives.

Du point de vue de la conservation matérielle, les éléments métalliques ont été supprimés, et les documents ont été placés dans des conditionnements neutres.

Mode de classement

Le classement suit l'ordre établi par Hanna Saba lui-même pour rédiger ses mémoires (publiés après sa mort). Ses postes se succèdent selon une logique chronologique et ses missions suivant une organisation chrono-thématique. Dans la période de sa retraite des fonctions de sous-directeur général de l'UNESCO (352PAAP/10-23), certaines missions, espacées dans le temps, ont été volontairement rapprochées par unité thématique : les conventions régionales sur les équivalences universitaires (352PAAP/10-12) et la protection du patrimoine culturel (352PAAP/13-19). De même, ses activités académiques et personnelles (352PAAP/24-29) ont été classées de façon thématique.

Conditions d'accès

Librement communicable.

Conditions d'utilisation

Suivant le règlement de la salle de lecture.

Langue des unités documentaires

français, anglais, arabe, népalais, espagnol.

Autre instrument de recherche

Répertoire numérique détaillé par Margaux Pechmèze, La Courneuve, 14 p., septembre 2020. Voir l'instrument de recherche

Bibliographie

« Mémoires de Hanna Saba, ministre plénipotentiaire d'Égypte », dans Revue d'histoire diplomatique, no 1, t. 109, 1995, p. 29-66.

Maurel (Chloé), Histoire de l'UNESCO : les trente premières années. 1945-1974. Paris, L'Harmattan, 2010, 310 p.

Postel (Thibault), L'Unesco et la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel mondial. Convention du Patrimoine mondial et Campagnes internationales de sauvegarde. Thèse de sciences politiques, dir. M. Lewin, Montpellier-I, 1986, 222 f.-XC.

Saba (Hanna), 40 ans qui ont transformé le monde, Paris, L'Harmattan, 2005 (Graveurs de mémoire), 286 p.

Mots clés producteurs