Abel Ferry est mort pour la France le 15 septembre 1918 après avoir été grièvement blessé quelques jours plus tôt, fauché par un obus alors qu'il vérifiait le fonctionnement d'un nouveau fusil mitrailleur sur les premières lignes dans l'Aisne. Il avait 37 ans et déjà, une belle carrière politique derrière lui. Né à Paris le 26 mai 1881 mais issu d'une famille Lorraine, il est l'héritier de trois générations de parlementaires. Il est avocat lorsqu'il se présente pour la première fois à la députation dans la deuxième circonscription d' Épinal, lors de l'élection partielle d'avril 1909. Réélu en avril 1910, puis en mai 1914, il est apparenté au groupe de la Gauche radicale et s'intéresse particulièrement aux questions de politique étrangère.

Le 14 juin 1914 il est nommé sous-secrétaire d'État aux Affaires Étrangères dans le premier gouvernement Viviani. Il vit de l'intérieur la crise de juillet 1914 et les journées qui ont précédé la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France. Le 3 août il donne sa démission en Conseil des Ministres mais celle-ci est refusée. Il s'engage néanmoins et, du 5 août 1914 au 11 janvier 1915, commande une section au 166e régiment d'infanterie de Verdun. René Viviani le confirme dans son poste dans le nouveau gouvernement qu'il forme le 26 août. Bien que combattant, il restera Ministre jusqu'à la chute du gouvernement le 29 octobre 1915. Durant cette période, il lui arrivera d'assister au Conseil des Ministres. Après son départ du gouvernement, toujours député, il fait partie de la Commission de l'Armée À la fin du mois de juin 1916, il est désigné Délégué au contrôle, commissaire aux Armées. C'est à l'occasion de l'une de ses missions qu'il sera blessé.
Abel Ferry était le neveau de Jules Ferry.

Les papiers Abel Ferry consistent en un maigre dossier constitué de 10 pièces dactylographiées conservées sous forme de négatifs inversés de photographies.

Une note introductive, non signée, rédigée le 20 juillet 1964 et placé en tête des photographies signale que celles-ci ont été exécutées par les Allemands durant la guerre et que ces documents ont vraisemblablement été utilisés par la Commission de publication des documents diplomatiques français. Effectivement il est bien fait allusion à la note du 30 juillet 1914 et aux papiers Abel Ferry dans une note de bas de page du t. XI, p. 262.

Comme indiqué également dans cette même note introductive, les textes des 10 notes dactylographiées ne sont pas repris dans les Carnets secrets d'Abel Ferry, 1914-1918, publiés par Hélène Ferry, veuve du politicien, en 1957, toutefois la plupart des faits rapportés dans ces notes sont repris en substances dans la première partie de l'ouvrage "Notes dictes à ma femme, Nuit du 4 au 5 août 1914".

Note de présentation des documents décrits ci-après, 20 juillet 1964, 2 p. (fol. 2-2bis)

Ensemble de notes dactylographiées, signalées comme transcriptions de notes manuscrites d'Abel Ferry, alors sous-secrétaire d'Etat dans le gouvernement Viviani (fol. 3-12)

• Paris, Lundi 27 juillet 1914. Au sujet de la démarche de Schöen, avis de Jules Cambon et Philippe Berthelot. (fol. 3)
• S.l.n.d. Note rédigée « après la dernière visite de l'ambassadeur d'Allemagne, le 28 juillet 1914 ». (fol. 4)
• S.l.n.d. Note pour M. Viviani «Faisant suite au brouillon du 28 juillet 1914». Au sujet des négociations possibles. (fol. 5)
• Paris, 30 juillet, vendredi. Note à propos de l'imminence de la Mobilisation allemande. (fol. 6)
• Conseil, dimanche matin 31 juillet. Note rédigée pendant le Conseil dans laquelle il évoque les questions abordées. (fol. 7)
• S.l.n.d. Note rédigée à la suite de la visite que lui fit Jaurès au ministère des Affaires étrangères, quelques heures avant son assassinat. (fol. 8)
•  S.l. Samedi 1er août soir. Courte note rédigée à la suite d'un Conseil convoqué à 18h auquel assiste le général Joffre. (fol. 9)
• S.l. 2 août, 4 heures. Note rédigée pendant le Conseil des Ministres. (fol. 10)
• S.l. 2 août 1914, 4 heures. Autre note rédigée pendant le Conseil des Ministres. (fol. 11)
• Paris, 3 août 1914. Message téléphoné du Préfet de Belfort, transmis à Abel Ferry par M. Leymarie. Rapport de divers incidents qui viennent de se dérouler en territoire français. (fol. 12)

Les archives départementales des Vosges conservent les archives de la famille Ferry et notamment un ensemble important de papiers Abel Ferry (40AJ), cf Instrument de recherche

Textes d'Abel Ferry

La Guerre vue d'en bas et d'en haut (lettres, notes, discours et rapports), par Abel Ferry, député des Vosges,... mort pour la France le 15 septembre 1918, Paris, B. Grasset, (1920), 328 p.

Lettres, août 1914-mars 1916. [Signé : Abel Ferry], in "la Revue de Paris", 16, 15 août 1919, pp. 737-765.

Les Carnets secrets d'Abel Ferry, 1914-1918, [Introduction par Hélène Abel Ferry], Paris : B. Grasset, Montrouge : Impr. moderne, 1957, 257 p., portrait.

Publications sur Abel Ferry

Jules, Charles et Abel Ferry. Discours prononcés le 24 juin 1927 pour l'inauguration d'une plaque commémorative 1, Rue Bayard, à Paris, par MM. André Tardieu, Edouard Harriot, Fernand Bouisson, Paul Doumer, Nancy, Arts graphiques modernes, 1927, 48 p.

La Vie publique et la mort glorieuse d'Abel Ferry, député des Vosges par Bernard Vergez,  Épinal : "L'Express de l'Est", 1933, 23 p., fig., carte.

Le Neveu de Jules Ferry, Abel : le ministre-soldat (1881-1918) par Fresnette Pisani-Ferry et Michel Cointat, Paris, Ed. Thésaurus, 1987, 198 p.-[20] p. de pl. : ill., couv. ill.