Conférences de la paix de 1946

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Conférences de la paix de 1946, Conférence des ministres des Affaires étrangères (CMAE). Paris et New York.

Cote/Cotes extrêmes

166QO (Cote de commande)

Date

1945-1946

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Description physique

35 articles (cartons), soit 3,85 ml.

Origine

France. Ministère des Affaires étrangères. Secrétariat des Conférences.
 

Biographie ou Histoire

Histoire administrative

Ces archives proviennent essentiellement de Jean Wolfrom et de Pierre Schneiter, responsables des délégations françaises qui prirent part, en 1946, à deux des trois conférences dites « de la paix » organisées successivement à Paris de novembre 1945 à octobre 1946, pour négocier un traité en Europe entre les Alliés et les pays vaincus, et mettre définitivement un terme à la Seconde Guerre mondiale dans cette partie du monde.

La conférence tenue du 25 avril au 19 juillet 1946 réunit à Paris les ministres des Affaires étrangères français (Georges Bidault ; le chef de la délégation française est le diplomate Jean Wolfrom), britannique (Ernest Bevin), américain (James F. Byrnes) et soviétique (Viatcheslav Molotov), principalement pour redéfinir les frontières en Europe orientale : Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Italie (avec la question du maintien des frontières de 1938) ; et pour examiner le problème allemand qui ferait ensuite l'objet d'une conférence spéciale.

Celle organisée du 29 juillet au 15 octobre 1946 est restée comme la « Conférence des 21 nations », avec le but de mettre fin à la Seconde Guerre mondiale : tenue à Paris au palais du Luxembourg, elle rassemble de nouveau les quatre puissances alliées (France, Royaume-Uni, États-Unis et URSS) : d'une part pour la négociation d'un traité de paix avec l'Italie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Finlande (ce traité de paix, ou "Traité de Paris", est signé dans la capitale française le 10 février 1947) ; et, d'autre part, pour l'adoption de recommandations destinées aux réunions du Conseil des ministres des Affaires étrangères, ou CMAE, notamment pour celle prévue à New York du 4 novembre au 11 décembre 1946. Durant cette période, c'est Pierre Schneiter qui dirige la délégation française.

Jean Wolfrom, né en 1905, entre dans la diplomatie en 1931 après des études en droit et un diplôme de l'École libre des sciences politiques. Il débute au sein de la direction d'Afrique-Levant du Quai d'Orsay, où il exerce jusqu'en 1939. Nommé deuxième secrétaire à Berlin cette année-là, il revient cependant à Paris en septembre, lors du déclenchement de la guerre, comme chef-adjoint du cabinet d'Auguste Champetier de Ribes, sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères. Il devient son chef de cabinet en mars 1940. En mai suivant il intègre la direction d'Europe. Cependant, après l'invasion allemande, il est positionné au bureau d'études du ministère passé aux mains du gouvernement de Pétain. Avant de rejoindre la résistance et de contribuer, à partir de janvier 1943, aux travaux du bureau d'études clandestin des Affaires étrangères. En août 1945, Jean Wolfrom revient dans la nouvelle administration du Quai d'Orsay en tant que sous-directeur d'Europe méridionale. En cette période de sortie de guerre, il est également, durant quelques mois, le représentant français à la commission pour l'étude de la frontière italo-yougoslave et à la commission pour le statut du territoire libre de Trieste, où il produit une partie des archives de ce fonds. En septembre il part en poste à l'ambassade de France à Bruxelles. De retour à Paris en 1948, il exerce au Secrétariat des Conférences (qui deviendra en 1959 la direction NUOI), puis est chef délégué adjoint à la commission préparatoire du Conseil de l'Europe en mars 1949. Secrétaire général de la délégation française aux 6e et 10e sessions de l'assemblée générale de l'ONU, en 1956, Wolfrom participera également entre 1957 et 1964 à d'autres sessions des travaux onusiens, notamment comme représentant suppléant de la France. Enfin, il est directeur des Archives du ministère des Affaires étrangères de mars 1965 à 1968. Fait chevalier de la Légion d'honneur en 1948, il est distingué dans le grade d'officier en 1956, puis de commandeur en 1962.

Né en 1905, diplômé d'HEC, Pierre Schneiter, qui a débuté dans le commerce des vins avant-guerre, participe activement à la Résistance à Reims, sa ville natale. Son engagement lui vaut d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1947, commandeur de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 et de la médaille de la Résistance. À la Libération, Schneiter est nommé sous-préfet de Reims jusqu'au 6 août 1945, avant d'être élu député de la Marne pour le Mouvement républicain populaire (MRP). Réélu à trois reprises, il siègera jusqu'en 1958. Nommé sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères, du 8 février au 16 décembre 1946, il revient un an plus tard au gouvernement au poste de secrétaire d'État aux Affaires allemandes et autrichiennes, dans le premier cabinet de Robert Schuman, du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948. Après les Affaires étrangères, il devient ministre de la Santé publique et de la Population, jusqu'en 1951. Puis il repart à l'Assemblée nationale où il est membre de la commission des Affaires étrangères. L'année suivante, il intègre la délégation française à la septième session de l'ONU. Il est ensuite nommé en 1953 représentant du Conseil de l'Europe « pour les réfugiés nationaux et les excédents de population ». Le 11 janvier 1955, il succède au socialiste André Le Troquer à la présidence de la Chambre des députés, qu'il occupera pendant un an. Outre son mandat de député de la Marne, Pierre Schneiter sera élu en janvier 1957 maire de Reims, fonction qu'il exercera jusqu'en 1959 ; et conseiller général de la Marne jusqu'en 1964, ce qui lui permet de s'implanter politiquement dans sa région d'origine. Il est président du Conseil économique et social de la région Champagne-Ardenne lorsqu'il décède en 1979.

Histoire de la conservation

Historique du versement et de la conservation

Ce fonds n'étant pas accompagné d'un état de versement d'origine, il a fait l'objet d'un tout premier traitement en 2007, avec l'établissement d'un relevé du contenu des cartons qui donnait une analyse sommaire des documents, et séparait les « papiers Schneiter » des « papiers Wolfrom ». À cette occasion, la cote 166QO avait été attribuée au fonds. Le traitement définitif des documents a été réalisé en 2024 par Charlotte Piot, apprentie archiviste, sous la direction d'Emmanuelle Jouineau, responsable des fonds du multilatéralisme à la direction des Archives. Tous les dossiers ont été dépoussiérés et reconditionnés, puis reclassés et décrits dans un nouvel instrument de recherche. Cette opération a d'ailleurs permis de procéder à l'élimination de doublons : initialement, le fonds se terminait par une section de quatre cartons issus du secrétariat de la Conférence de Paris, qui contenaient des doubles des séances et des comptes rendus numérotés des travaux de diverses commissions, en très mauvais état. Certains d'entre eux ont permis de compléter des lacunes parmi les dossiers Wolfrom et Schneiter. Le reste a été éliminé. Aujourd'hui, ce fonds est conservé dans 35 cartons au lieu des 43 du versement d'origine.

Présentation du contenu

Présentation du contenu

Le 166QO est constitué des dossiers et de la documentation de travail de Jean Wolfrom et de Pierre Schneiter, les deux diplomates qui ont dirigé les travaux de la délégation française lors de ces deux conférences de la paix organisées à Paris entre avril et octobre 1946, et en prévision de la CMAE à New York en novembre et décembre suivants. Un dossier de Jean Laloy[2] est également présent dans ce fonds.

Il est divisé en trois ensembles de documents :

articles 1 à 15 : Dossiers Jean Wolfrom : conférences de la paix et CMAE, Paris

15 : Dossier Jean Laloy : conférences de la paix, Paris

16-35 : Dossiers Pierre Schneiter :

  • 16-34 : Conférences de la Paix et CMAE, Paris.
  • 35 : CMAE, New York.

 

Ce fonds est composé de différentes typologies documentaires :

- comptes-rendus des séances, envoyés par le secrétariat de la conférence aux participants ;
documents numérotés : travaux des commission, correspondances avec les délégations ou les autres commissions, propositions d'amendements et d'articles, envoyés par le secrétariat aux participants ;
documents imprimés : mémoires et rapports officiels des gouvernements parties prenantes des négociations, envoyés aux autres délégations ;
libelles, adresses, pamphlets, pétitions, correspondances, notes, mémoires et rapports imprimés, dactylographiés ou manuscrits, envoyés aux délégations par des groupes d'intérêts locaux concernés par les décisions de la conférence ;
- documents de travail de la délégation française : cartes, notes, correspondances et rapports.

 

La quasi-totalité des cartons de conservation sont de taille standard ; seul le carton 14 est de taille plus grande (42 x 35 cm), en raison de la taille des documents qu'il contient.

 

[2] Jean Laloy (1912-1994), diplômé en science politique et en russe avant-guerre, entre au Quai d'Orsay en 1937, et part successivement en poste à Tallinn, Moscou et Wiesbaden. Il est consul à Genève lorsqu'il est révoqué par le régime de Vichy. Il entre alors dans la résistance et devient en Suisse le délégué du Gouvernement provisoire français. Interprète du général de Gaulle lors de la signature du pacte franco-soviétique en 1944, il va dès lors participer aux grandes conférences internationales de la paix qui donneront naissance aux instances de l'ONU. Puis revient au Quai d'Orsay comme spécialiste de l'URSS et de l'Europe centrale et orientale, ce qui l'amène au grade de ministre plénipotentiaire en 1954. De nouveau en poste à Moscou, en 1955-1956, il dirige ensuite la direction d'Europe jusqu'en 1961, puis est directeur adjoint des Affaires politiques jusqu'en 1964, période où survient la crise de Berlin avec la construction du Mur. Ambassadeur de 1964 à 1968 et conseiller diplomatique du gouvernement, il désapprouve à cette période la diplomatie d'ouverture vers les pays de l'Est (il analyse déjà à cette époque la chute de l'empire soviétique et du bloc communiste), tout en appelant au développement de la CEE. Directeur des Archives diplomatiques jusqu'en 1974, il termine sa carrière aux Affaires étrangères en tant que directeur général des Relations culturelles, après avoir refusé d'être ambassadeur à Bonn. Défenseur d'Andréï Sakharov et des dissidents soviétiques, il a aussi mené plusieurs entretiens avec Alexandre Soljenitsyne, publiés dans la revue Commentaire qu'il a cofondé avec le philosophe Raymond Aron. Considéré comme l'un des plus importants et influents diplomates français depuis l'après-guerre, Jean Laloy a aussi enseigné les relations internationales à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'ancienne École nationale d'administration.

Mode de classement

Mode de classement

Thématique.

Conditions d'accès

Conditions d'accès

Selon les dispositions du Code du patrimoine, article L 213-2. Le délai de 50 ans est appliqué pour les documents portant atteinte au secret de la défense nationale, aux intérêts fondamentaux de l'État dans la conduite de la politique extérieure, à la sûreté de l'État, à la sécurité publique, à la sécurité des personnes, et à la protection de la vie privée.

Conditions d'utilisation

Conditions de reproduction

La reproduction est libre pour les documents communicables dans les conditions prévues par le règlement de la salle de lecture.

Langue des unités documentaires

français, anglais ; ponctuellement, italien, croate, bulgare.
 

Autre instrument de recherche

Instrument de recherche

Voir l'inventaire.

Documents en relation

Sources complémentaires

Voir aux Archives diplomatiques les fonds suivants, pour la même période :

Fonds du multilatéralisme :

  • 372QO : Secrétariat des conférences. Dossiers thématiques, 1944-1959.
  • 372QOSUP : Secrétariat des conférences. Dossiers réservés, 1944-1959.

Fonds du cabinet du Ministre :

  • 6QO : Ministre des Affaires étrangères. Cabinet Georges Bidault, 1944-1948.
  • 500QO : Sous-secrétariat d'État aux Affaires étrangères. Cabinet Pierre Schneiter. Dossiers thématiques et géographiques, 1945-1946.

Fonds du Secrétariat général du Quai d'Orsay :

  • 235QO : Secrétariat général. Dossiers thématiques, 1944-1966.

Notes

Les 35 articles de ce fonds 166QO sont numérotés de 1 à 35.