Cote/Cotes extrêmes
Date
Organisme responsable de l'accès intellectuel
Description physique
Origine
Biographie ou Histoire
Jacques Marie Truelle est né le 20 septembre 1891 à Paris dans le huitième arrondissement. Son père, Edmond René Truelle, est agent de change, sa mère, née MarieNapoléonneLouise Le Roy, est sans profession. Le ménage demeure 64, rue de Courcelles; deux filles complètent la famille, Jeanne, née en 1879 et Antoinette, née en 1883. Issu de la bourgeoisie parisienne mais de rang modeste, Jacques Truelle entre au ministère des Affaires étrangères au lendemain de la Première Guerre mondiale. Grièvement blessé par un éclat d'obus le 7 octobre 1914, puis amputé de la jambe gauche, il est réformé. Il devient diplômé de l'École libre des Sciences politiques en 1917.
Les deux langues qu'il parle et écrit à la perfection, l'anglais et l'italien, marqueront la trajectoire de sa carrière puisque c'est principalement en Italie, en Angleterre et aux États-Unis qu'il a occupé ses fonctions de diplomate. Attaché autorisé à Rome Quirinal en mai 1918, Jacques Truelle est reçu au concours d'entrée pour la carrière diplomatique et consulaire en 1919. Il est nommé attaché d'ambassade le 15 août 1919 et devient très vite (1er mai 1920), 3e secrétaire d'ambassade. Il sera promu secrétaire d'ambassade de 2e classe (28 mai 1924) avant de revenir servir au Département.
Jacques Truelle alterne avec régularité les postes à l'étranger et les séjours dans l'administration centrale. Il devient rédacteur principal le 31 décembre 1925 avant de se voir affecté à la sous-direction Amérique. Il représente le ministère des Affaires étrangères à la Convention de l'American Legion à Philadelphie au mois de septembre 1926. Le 24 janvier 1928, il est nommé 1er secrétaire à l'ambassade de France à Londres ; il est promu conseiller d'ambassade le 26 avril 1933. Le 1er juillet il est affecté à Rome où il est nommé conseiller auprès de l'ambassadeur auprès du Saint-Siège, François Charles-Roux. Les notations de ses supérieurs hiérarchiques décrivent une personnalité pondérée et cultivée et insistent toutes sur ses qualités de dévouement et de sens du politique. Mais Jacques Truelle est aussi un homme du « monde ». Il fréquente les cercles littéraires et mondains parisiens dont plusieurs figures, en premier lieu celle de Marcel Proust, sont passées à la postérité. La correspondance de l'écrivain témoigne d'ailleurs de leur profonde amitié. Il compte au rang de ses proches Paul Morand et le prince Bibesco. Ses qualités relationnelles l'introduisent dans tous les milieux, et tout au long de sa carrière, s'exercent toujours au service de l'influence française, ce que soulignent, à l'unanimité, les rapports de service.
À l'aube de la Seconde guerre mondiale, c'est de l'autre côté de l'Atlantique que se déroule la carrière de Jacques Truelle : il sera en poste à Washington en tant que Conseiller d'ambassade. Néanmoins, malgré le souhait du chef de mission, Henry Haye, de le maintenir à son poste de conseiller à l'Ambassade, Jacques Truelle est rappelé en Europe en tant que ministre plénipotentiaire de 2e classe (en février 1939). Il rejoint la Légation française de Bucarest le 23 octobre 1940. Dans cette période, la position du diplomate est semblable à celle de la plupart des fonctionnaires français : dans une lettre manuscrite du 26 octobre 1941 Jacques Truelle « jure fidélité » à la personne du Maréchal Pétain tandis qu'un document signé de sa main en date du 17 mai 1942 atteste de sa non-appartenance aux sociétés visées par la loi du 13 août 1940.
Néanmoins Jacques Truelle rallie le mouvement gaulliste en juin 1943. Cette dissidence tardive est parfois considérée comme un acte de prudence. Il réussira en effet, à la différence d'autre diplomates, à rejoindre Alger où il arrive le 21 juillet. C'est par lettre en date du 29 mars 1943 qu'il avait informé Réné Massigli, le Commissaire aux affaires étrangères du gouvernement provisoire, de son désir de rejoindre le général de Gaulle. Dès lors cette évasion est préparée sous les auspices de Massigli. Il avait quitté la Roumanie pour Istanbul où il a séjourné en secret (vers le 20 juin) avant de rejoindre Beyrouth (5 juillet) puis l'Afrique du Nord. Cette démission confirmée par écrit par le diplomate sera considérée comme un « abandon de poste » par le gouvernement de Pierre Laval et donnera lieu à une révocation de Jacques Truelle (26 juin 1943). Le diplomate devient Délégué du Comité français de la Libération nationale à Madrid, direction qu'il prend dès le 1er octobre 1943 (la nomination date du 12 octobre 1943) en lieu et place de la personne pressentie comme chef de mission, M. du Chayla. Il est nommé Ministre Plénipotentiaire de 1ère classe par décret du 27 juin 1944. Jacques Truelle meurt d'une angine de poitrine le 30 mai 1945 à Madrid. Il avait 54 ans.
Histoire de la conservation
Nous ignorons tout de la provenance, des conditions et du lieu de conservation de ces documents avant leur achat par le ministère des Affaires étrangères.
Modalités d'entrées
Achats en vente publique à l'hôtel Drouot à Paris le 6 juin 2012 (vente organisée par J.-J. Mathias, baron Ribeyre et associés, Farrando Lemoine).
Présentation du contenu
La correspondance la plus intéressante et la plus importante est celle de la Princesse Ruspoli. Cette correspondance soutenue entre la princesse et le diplomate est de nature sans conteste amoureuse. La plupart des lettres, quasiment quotidiennes de la princesse, furent adressées au diplomate alors en poste à Washington (jusqu'en février 1939). Le reste ne constitue qu'une dizaine de lettres. Le récit de la vie quotidienne et familiale de Marthe Ruspoli est un témoignage de son intimité autant que de celle de Jacques Truelle (notamment par des allusions à la mère, la tante et aux sœurs de celui-ci). Cette correspondance est également riche en informations sur le travail d'auteure de Marthe Ruspoli (notamment l'élaboration d'un article sur le goût, cf. lettres des 21, 24 et 28 juin [1938]) et révèle la vie culturelle - avec des récits de visites d'exposition - et mondaine de la haute bourgeoisie parisienne l'année précédant l'entrée en guerre de la France. A l'acuité de la vision politique de la princesse sur la guerre d'Espagne, puis sur la guerre en Europe (Tchécoslovaquie, Italie, France) s'ajoute des allusions aux « intrigues de palais » au sein du Quai d'Orsay (lettre du 29 octobre 1938). Marthe Ruspoli portée volontaire en 1939 sera employée un temps au Ministère des Affaires étrangères auprès de Fouques-Duparc (11 septembre 1939 et 13 novembre 1939). L'idylle nouée à Rome (21 juin 1938 fol. 53v) trois ans avant le début des premières lettres (cf. lettre du 30 mai [1938]), qui aurait pu se sceller par un mariage (à en croire la lettre du 13 juin [1938]), prend soudainement fin, vers 1943, sans que l'on puisse en déceler la raison. À la proximité du tutoiement épistolaire fait alors place un vouvoiement respectueux. Les chances de retrouver les lettres de Jacques Truelle sont peu vraisemblables, la princesse affirmant les brûler (5 septembre [1938]).
Dans une lettre du 5 septembre 1938 elle indique brûler les lettres reçues de Jacques Truelle, par prudence.
Conditions d'accès
Librement consultable.
Autre instrument de recherche
Inventaire par Solange Bujan, La Courneuve, février 2013, 15 p. Voir l'inventaire
Mots clés producteurs
Ce site utilise des cookies techniques nécessaires à son bon fonctionnement. Ils ne contiennent aucune donnée personnelle et sont exemptés de consentements (Article 82 de la loi Informatique et Libertés).
Vous pouvez consulter les conditions générales d’utilisation sur le lien ci-dessous.