Philippe Rebeyrol naît en 1917 dans l'appartement familial rue Racine dans le 6e arrrondissement de Paris ; ses parents sont Valentin Rebeyrol, agent au ministère des Travaux publics, et Yvonne Davy ; son frère, Jacques, de huit ans son aîné, devient avocat et prête serment en 1932 (un reliquat de sa correspondance est conservé dans l'article 527PAAP/4).

Il suit une scolarité au cours Hattemer puis des études secondaires aux lycée Montaigne (où, en classe de 4e, il se lie d'amitié avec Roland Barthes) et Louis-le-Grand, il obtient son baccalauréat en 1933 et entre en khâgne en 1935. Animé d'une profonde foi catholique (il est engagé dans les Équipes sociales), il connaît néanmoins cette année-là une profonde crise dont il sort athée, mais demeure toujours attentif à la spiritualité.

En 1936, il intègre l'École normale supérieure du premier coup. En 1938, il part en Suède où il travaille pour Pierre Gaxotte. Mobilisé au déclenchement de la guerre, il est envoyé sur le front de l'Oise et fait prisonnier des Allemands le 16 juin 1940. Il parvient à s'évader le 21 août 1940 en concevant un plan d'une grande ingéniosité. Il gagne la zone libre et finalement Lyon pour préparer l'agrégation d'histoire et géographie, qu'il obtient. Il est nommé professeur d'histoire de l'art et de littérature française à l'Institut français de Barcelone dirigé par Pierre Deffontaines en 1942 et y devient directeur-adjoint. Il rejoint la France libre et, comme tous les membres de l'Institut, présente sa démission au gouvernement de Vichy. Philippe Rebeyrol est nommé chef de poste du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) en 1943 tout en continuant à enseigner à l'Institut.

À partir de 1946, il est directeur de l'Institut français de hautes études en Roumanie dans le contexte difficile de la mise en place du régime communiste. Il y fait venir son ami Roland Barthes en tant que bibliothécaire, et publie des articles sur la peinture dans diverses revues, souvent sous le pseudonyme de Philippe Rovère. Entretemps, il épouse Marie-Madeleine Louise Chedeville (dite Maga) le 27 décembre 1947 en France. En 1948, l'Institut est fermé par le régime ainsi que les différents centres en province. De 1950 à 1951, il dirige le nouvel Institut français de Barcelone créé en 1943.

Entre 1951 et 1956, il devient conseiller culturel au Caire, où il rencontre Philippe Couve de Murville et Edmond Jabès. De 1956 à 1958, il est conseiller culturel à Beyrouth. En 1958, il rentre à Paris en administration centrale comme chef du service de l'enseignement et des œuvres jusqu'en 1962.

En juillet de cette même année, Philipe Rebeyrol arrive à Alger à la demande de Philippe Couve de Murville, avec Jean-Marcel Jeanneney, alors premier ambassadeur à Alger, peu de temps après la signature des accords d'Évian. Nommé chef de la mission culturelle et universitaire, il doit notamment organiser une rentrée scolaire et universitaire correcte dans un contexte agité et tendu, et fait venir Stéphane Hessel. Toujours au même poste, il est nommé ministre délégué puis ministre conseiller. Il est chargé d'affaires en 1967 lorsque l'ambassadeur de France à Alger, Georges Gorse, se porte candidat aux élections législatives dans les Hauts-de-Seine.

Il devient ambassadeur à Yaoundé au Cameroun de 1968 à 1971. Il retourne en France en 1972 en tant que directeur des Affaires africaines et malgaches jusqu'en 1975. Il obtient ensuite un nouveau poste d'ambassadeur à Tunis où il retrouve son ami Lorand Gaspar. Il termine sa carrière d'ambassadeur à Athènes en 1980-1981.

À partir des années 1980 et dans les années 1990, il écrit des textes dont un sur Spinoza qui s'intitule Spinoza au présent qui n'a pas fait l'objet d'une publication. Il écrit également La Moisson du soir. Il décède le 11 mars 2013 à la maison de retraite Sainte-Monique, rue des Plantes, dans le 14e arrondissement de Paris.

Maga Rebeyrol décède le 7 juin 2010.

Les papiers sont restés au sein de la famille jusqu'à leur don aux archives diplomatiques. D'autres archives conservées à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (IMEC) ont fait l'objet d'un premier don par Philippe Rebeyrol en 2001, puis un second, complémentaire du premier, versé par ses ayants droits en 2015.

Don d'Élisabeth Rebeyrol en 2023 (entrée 2023/22).

Ce fonds retrace l'ensemble de la carrière de Philippe Rebeyrol, en parcourant celle-ci de ses fonctions de conseiller culturel à celles d'ambassadeur. Son intérêt principal se trouve dans les photographies qui le constituent majoritairement, les papiers de fonctions étant relativement peu nombreux. Le fonds contient également des documents d'ordre plus privé comme les passeports diplomatiques ou relatifs aux papiers militaires. Il complète le fonds conservé à l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC) qui est constitué également de photographies, de la correspondance de Philippe Rebeyrol dont celle avec Roland Barthes et Lorand Gaspar, ainsi que des textes écrits par lui-même.

Les archives contiennent également des récits de Marie-Madeleine Rebeyrol à destination de sa famille, qui livrent le regard personnel et libre d'une épouse de diplomate sur des visites oficielles, tout en ayant participé de près aux évènements.

Les doublons ont été éliminés.

Le classement du fonds offre en premier lieu l'ensemble de la carrière de Philippe Rebeyrol en suivant l'ordre chronologique de ses affectations jusqu'à ses fonctions d'ambassadeur, et se prolonge avec les documents personnels du diplomate et de son épouse Maga.

Communication libre selon le Code du patrimoine.

La reproduction est libre pour les documents communicables dans les conditions prévues par le règlement de la salle de lecture.

Répertoire numérique détaillé par Mathieu Janody et Clément Noual, mars 2025, 10 p. Voir l'instrument de recherche.

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Centre des archives diplomatiques de la Courneuve

Série du Personnel :

• dossiers nominatifs des agents titulaires de catégories B, C et des contractuels (étranger), 1946-1976, 358SUP/691 : dossier de Philippe Rebeyrol ;
• dossiers nominatifs des agents titulaires de catégories A, B ayant terminé leur mission en 1982, 2010INVA/1277 : dossier de Philippe Rebeyrol.

Direction générale des relations culturelles, bureau commun de gestion et d'information du personnel détaché :

• dossiers du personnel, 4201TOPO/124 : dossier de Philippe REBEYROL (1941-1949).

Collection des archives orales :

• entretien avec Stéphane Hessel, ambassadeur de France (44AO) ;
• entretiens avec André Lewin, ministre plénipotentiaire hors classe, entretien no 1, 2e partie, 1985 (AO/18).

Papiers d'agents ou archives privées :

• papiers Roger Seydoux, 318PAAP/17 : correspondance particulière (1954-1957), dont une lettre avec Philippe Rebeyrol.

Fonds photographiques de la photothèque :

• deux portraits de Philippe Rebeyrol, ambassadeur de France au Cameroun en 1968, photographies en noir et blanc (références : A041135 et A012991, l'original de cette dernière étant conservé dans l'article 527PAAP/2).

Centre des archives diplomatiques de Nantes

Archives de l'institut français des Hautes-études à Bucarest (126PO/1).

Archives de l'ambassade de France à Yaoundé (743PO/2).

Archives du service culturel de l'ambassade de France au Caire (355PO).

INSTITUT MÉMOIRES DE L'ÉDITION CONTEMPORAINE (IMEC)

Fonds Philippe Rebeyrol, 1917-2013 : 636REB/1, 682REB/2 - 682REB/4.

Contient notamment de la correspondance, dont les lettres de Roland Barthes à Philippe Rebeyrol (1932-1980), et celles de Lorand Gaspar (1978-2004) ; des photographies (1927-1936) ; des textes de Philippe Rebeyrol dont des manuscrits sur des travaux philosophiques et critiques (1945-2001).

Fonds Lorand Gaspar : 170GPR.

COMITÉ POUR L'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DE LA FRANCE (CHEFF)

• CHEVS JMJ 88 : contient un entretien avec Philippe Rebeyrol du 1er juin 1992.

BARTHES (Roland), « From Adolescence to the Romance of the Sanatorium 193246 » (trad. Jody Gladding), dans Album: Unpublished Correspondence and Texts, New York, Columbia University Press, 2018, p. 1-67.
GODIN (André), Une passion roumaine : histoire de l'Institut français des Hautes Études en Roumanie (1924-1948), [publié par l'Institut français de Bucarest], Paris, L'Harmattan, 1998.
GUÉNARD (Annie), « De la reconstruction à l'éviction. Entre 1944 et 1949, une politique culturelle française en Europe centrale et orientale confrontée à l'organisation du Bloc communiste », dans Matériaux pour l'histoire de notre temps, no 36, 1994, p. 21-27 [consultable en ligne sur Persée : https://doi.org/10.3406/mat.1994.402664].
(), Une diplomatie culturelle dans les tensions internationales : la France en Europe centrale et orientale (1936-1940, 1944-1951), Bruxelles, Peter Lang, 2014.
KOCHER-MARBŒUF (Éric), Le Patricien et le Général : Jean-Marcel Jeanneney et Charles de Gaulle (1958-1969), Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 2003, 2 vol. (particulièrement pour la période algérienne de P. Rebeyrol).
LOSTANLEN (Isabelle) (éd.), Journal de guerre (1939-1944). Pierre Deffontaines, directeur de l'Institut français de Barcelone, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2015.
REBEYROL (Élisabeth), Des histoires et des papiers de famille [consultable en ligne : https://rebeyrol.wordpress.com/category/des-histoires-et-des-papiers-de-famille-par-elisabeth-rebeyrol/].

Publications de Philippe Rebeyrol (liste non exhaustive)

Outre des articles ou recensions d'ouvrages relatifs à l'art dont il est l'auteur sous son vrai nom ou le pseudonyme de Philippe Rovère, signalons :

« Les industries de Stockholm », dans Annales de Géographie, t. 49, no 277, 1940, p. 35-43 [consultable en ligne sur Persée : https://doi.org/10.3406/geo.1940.11504].
Culture et institutions culturelles. Actes du colloque tenu du 4 au 11 juin 1991 sous la direction de Robert Bordaz et Philippe Rebeyrol [au centre culturel international de Cerisy-la-Salle], Paris, Cercle d'Art, 1993.
La Moisson du soir [consultable en ligne : https://rebeyrol.wordpress.com/category/ouvrages-de-philippe-rebeyrol/].