SEYDOUX, Roger

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Roger SEYDOUX (1908-1985)

Cote/Cotes extrêmes

318PAAP (Cote de commande)

Date

1908-1985

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Description physique

49 articles, soit 4,2 ml.

Origine

SEYDOUX, Roger

Biographie ou Histoire

Roger Seydoux (1908-1985) [1] est issu d'une famille de diplomates, déjà illustre par son grand-père, son père, Jacques, et son frère aîné, François, reçu premier au « grand concours » des Affaires étrangères en 1928.

Après une licence en droit,  Roger Seydoux fait deux courtes missions diplomatiques à l'étranger, en 1934,  à Londres, comme adjoint de l'attaché financier, puis au Maroc, peu après la mort du maréchal Lyautey.  En 1936, il quitte la diplomatie pour l'école libre des sciences politiques où il occupe successivement les fonctions de secrétaire général puis de directeur. Durant l'Occupation, il abrite dans l'école une partie du bureau clandestin des Affaires étrangères créé par Jean Chauvel. A la Libération, il se voit confier par celui-ci, devenu secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, plusieurs missions diplomatiques, notamment, en 1945, la charge de secrétaire général adjoint de la délégation française à la conférence de San Francisco, où est adoptée la charte des Nations Unies. Proche collaborateur de Léon Blum quand celui-ci est ministre des Affaires étrangères, il est intégré en 1947 au ministère comme conseiller d'ambassade au titre du cadre complémentaire et placé à la tête du service des échanges culturels de la direction générale des relations culturelles. Sous la direction de Louis Joxe, il s'occupe des congrès, des échanges artistiques, avec la collaboration de Philippe Erlanger [2], et de la politique du livre, pour laquelle il crée une commission permanente du livre, dans le but d'encourager la diffusion de la production française à l'étranger. Il participe activement au fonctionnement de l'UNESCO. En 1950, il est nommé consul général de France à New York, puis en 1952, ministre conseiller à Washington, chargé des affaires culturelles et d'information.

En 1954, Roger Seydoux, « considéré comme l'un des diplomates français les plus habiles et les plus réfractaires aux idées colonialistes »[3], est envoyé en Tunisie pour mettre en œuvre le transfert de souveraineté annoncé par le président du Conseil, Pierre Mendès France, lors de son discours de Carthage, le 31 juillet. Sa mission est de faire de la Tunisie un modèle de décolonisation, à l'inverse de l'Indochine, abandonnée par la France après la défaite de Dien Bien Phu. Il y occupe plusieurs fonctions successives : d'abord ministre-délégué à la résidence générale, auprès du général Boyer de Latour ; puis, après le départ de celui-ci pour le Maroc, en septembre 1955, haut-commissaire ; ensuite, après l'indépendance, le 20 mars 1956,  ambassadeur à Tunis, du 21 juin 1956, date de remise de ses lettres de créances au bey, à septembre, date de son remplacement par Pierre de Leusse. Il revient une dernière fois en Tunisie, du 29 octobre au 7 décembre 1956, comme ambassadeur extraordinaire et envoyé exceptionnel pour une courte mission destinée à rassurer les autorités tunisiennes sur les intentions françaises après l'arrestation controversée du chef algérien, Ahmed Ben Bella.

Avant sa nomination comme ambassadeur à Tunis, Roger Seydoux a été pressenti par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, René Massigli, pour assumer la charge de directeur général des affaires culturelles et techniques. Il s'y consacre entièrement à partir de la fin de l'année 1956. Dans ses fonctions, il  met en œuvre la réorganisation souhaitée par le ministre Christian Pineau, à savoir la réunion dans une seule direction générale des anciens services des relations culturelles, dirigés jusque-là par Jacques de Bourbon-Busset, et de l'assistance technique. Il crée un nouveau service au sein de la direction générale, celui de la coopération technique internationale, qui envoie des experts à l'étranger mais aussi coordonne les programmes d'aide bilatérale, du ressort de la France, avec les programmes multilatéraux, qui dépendent des Nations unies ou des agences internationales. Il élabore à cette occasion un premier programme quinquennal (1959-1963), dont il commence la mise en œuvre.

En 1960, Roger Seydoux est nommé ambassadeur à Rabat. En 1962, il est représentant permanent aux Nations Unies. Après la signature des accords d'Evian, il s'efforce d'y rendre à la France le rang qui est le sien. Il participe au règlement de la crise de Cuba, à la guerre des six jours et intervient en faveur de l'admission de la Chine populaire aux Nations Unies, effective en 1971. Avec son frère François, qui siège à l'OTAN pendant que lui-même est à l'ONU, Roger Seydoux forme alors un tandem envié qui règne au plus haut sur les destinées de la diplomatie française.

En 1967, Roger Seydoux est nommé à l'OTAN, à Bruxelles. Il termine sa carrière à Moscou, quand, après l'ouverture marquée par le voyage du général de Gaulle à Moscou en 1966, la détente semble remise en cause par l'invasion de la Tchécoslovaquie.

A la retraite, Roger Seydoux poursuit son activité comme président de la Banque de Madagascar et des Comores. Son expertise des relations internationales est d'autant plus appréciée qu'il la dispense largement dans de nombreuses conférences, notamment sur l'Union soviétique, en particulier devant la communauté protestante à laquelle il appartient.

 

[1]. Par décret du 27 juillet 1934, les enfants Seydoux sont autorisés à joindre le nom de leur mère à celui de leur père sous la forme, Seydoux Fornier de Clausonne. A la différence de son frère Jacques, qui prend comme nom d'usage Seydoux de Clausonne, Roger se fait généralement appeler du seul patronyme de son père.

[2]. Voir Baillou (Jean) dir., Les Affaires étrangères et le corps diplomatique français, t. II, 1870-1980, Paris, éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1984, p. 724-725.

[3]. Extrait du journal tunisien Al Balagh du 14 septembre 1954.

Modalités d'entrées

Don de son fils, Pierre Seydoux.

Présentation du contenu

Quand Roger Seydoux meurt brutalement en 1985, à l'âge de 77 ans, il a déjà rédigé trois chapitres de ses mémoires[1]. C'est sans doute pour ce projet qu'il a conservé par devers lui un vaste ensemble d'archives, composé pour beaucoup des copies des notes et télégrammes des différents postes qu'il a occupés.

Leur intérêt réside dans les nombreux renseignements sur les affaires qu'il a été appelé à traiter : transformation de l'école libre des sciences politiques en école nationale d'administration et en institut d'études politiques, rattaché à l'université de Paris ;  création de l'O.N.U. ; mise en place de l'UNESCO ; décolonisation et indépendance de la Tunisie et du Maroc ;  Guerre froide puis débuts de la détente entre Washington et Moscou.

Toutes les fonctions occupées par Roger Seydoux ne sont pas représentées. Il en est ainsi de sa participation aux premières grandes conférences de l'UNESCO. Pour certaines, il n'y a que des copies de télégrammes ou de rapports qui se trouvent déjà dans les archives du poste ou de l'administration centrale. La partie consacrée à la Tunisie est la plus abondante.

Parmi les pièces qui ne se trouvent pas déjà dans les archives officielles, on note des consultations et interventions réalisées par Roger Seydoux avant d'accepter ou de refuser des postes, mais aussi des notes au ministre à caractère confidentiel. Il faut signaler aussi des lettres de son frère, François, et de nombreuses correspondances privées.

Certaines portent la mention « coffre » sont d'un intérêt limité car elles n'ont été conservées par Roger Seydoux que pour des raisons de confidentialité, par exemple des comptes relatifs aux frais de représentation.

[1]. « Roger Seydoux, French Diplomat, dies at 77 », dans The New York Times, 18 juillet 1985.

Mode de classement

Le classement a été réalisé au plus près de celui opéré par Roger Seydoux, qui avait lui-même procédé à la mise en ordre de ses archives pour la rédaction de ses mémoires.

Pour son action en Tunisie, le classement en trois ensembles a ainsi été respecté. Il distingue un premier lot, composé de documents sélectionnés par celui-ci, puis des dossiers chronologiques ou thématiques, enfin la correspondance organisée par scripteur. Ainsi les échanges avec Bernard Tricot, son directeur de cabinet en Tunisie, sont à chercher à la fois dans les dossiers thématiques qu'il a constitués et dans la correspondance. C'est aussi le cas pour les personnalités avec lesquels il est en correspondance régulière, notamment son frère François, ou les diplomates qu'il consulte sur les principales affaires dont il est chargé.

Conditions d'accès

Suivant les modalités du Code du patrimoine.

Autre instrument de recherche

Par Jean-Philippe DUMAS, conservateur en chef du patrimoine, Jonathan MAITRE, vacataire, et Borin PECH, adjoint administratif de chancellerie, La Courneuve, mars 2018 : voir l'inventaire.

Existence et lieu de conservation des originaux

En complément, on consultera aux Archives des Affaires étrangères les documents sur les postes et les directions dans lesquelles Roger Seydoux a servi, notamment les archives de la direction générale des affaires culturelles et techniques, à La Courneuve, ainsi que celles du protectorat en Tunisie et des ambassades, à Nantes.

Il faut y ajouter à La Courneuve quelques collections moins consultées : les Papiers 40, notamment le bureau d'études Chauvel (402QO), les papiers de son père, Jacques Seydoux (261PAAP), ceux de son frère, François Seydoux (263PAAP), ainsi que les archives orales que Roger Seydoux a bien voulu confier à la direction (AO 10).

Bibliographie

Une liste des publications consacrées à la famille Seydoux a été dressée par Stanislas Jeannesson dans sa biographie de Jacques Seydoux :

 Jeannesson, Stanislas, Jacques Seydoux : diplomate (1870-1929), Paris, Presses de la Sorbonne-nouvelle, 2013, 400 p. Dans cet ouvrage, l'auteur attire l'attention sur les mémoires inédits de Roger Seydoux encore conservés dans les archives familiales.

Des souvenirs familiaux sont évoqués dans l'ouvrage de François Seydoux :

François Seydoux de Clausonne, Le métier de diplomate, Paris, France-Empire, 1980, 234 p.

Mots clés lieux

Mots clés producteurs