VENISE (consulat puis consulat général)

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Cote/Cotes extrêmes

724PO/1/1-525 (Cote de commande)

Date

1696-1998

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de Nantes

Importance matérielle

526 articles, soit 46,87 ml

Caractéristiques physiques

316 cartons, 201 volumes, 8 chemises

Origine

Consulat puis consulat général de France à Venise.

Biographie ou Histoire

Le consulat de France fut ouvert dans la république de Venise au XVIème siècle, dans une cité où, comme Shakespeare le fit dire à l'un de ses personnages, «le commerce et les profits é[taient] tributairesde toutes les nations » [1] . Si la souveraineté de la Sérénissime sur l'Adriatique était alors contestée, la ville en demeurait le premier port et avait un intérêt commercial indéniable pour la France. Ce consulat resta d'ailleurs ouvert jusqu'en 1998, date où, la France réduisant le nombre de ses consulats en Italie, ses prérogatives furent transférées au consulat général de Milan.

[1] William Shakespeare, Le Marchand de Venise, traduit par Jean-Michel Déprats, Paris, 2001, p. 78.

Le 22 décembre 1679, Guillaume Le Blond devint titulaire du poste, qu'il transmit à son fils Jean-François puis à ses petits-fils Melchior et Denis. Ce dernier, nommé consul honoraire en 1784, fut destitué le 31 mai 1793. Quatre ans plus tard, Napoléon Bonaparte déclara la guerre à Venise, pourtant traditionnellement neutre. Il annexa la ville le 12 mai 1797. Le traité de Campo-Formio intégra ensuite la Vénétie à l'Autriche, mais l'empereur français la reprit dès 1805 pour l'intégrer au royaume d'Italie. Le consulat fut maintenu malgré ces turbulences, et dépendit à partir de 1815 de l'ambassade de France à Vienne, Venise étant devenue autrichienne jusqu'en 1866. Le dominium maris exercé par le port sur l'Adriatique était alors bel et bien fini, la ville subissant la concurrence de Trieste, zone franche connaissant un essor commercial important au XIXème siècle, stimulé par l'ouverture en 1869 du canal de Suez. De plus, comme l'explique Olivier Chaline, après 1866, Venise «eut d'abord quelque difficulté à s'insérer dans l'économie de cette Italie unifiée qu'elle avait tant souhaité rejoindre.» [1] Ce n'est qu'au début du XXème siècle que le port se dota de moyens capables de contester à terme la suprématie de Trieste. Dans ce contexte, le poste installé dans la cité des doges changea de statut à plusieurs reprises: hissé au rang de consulat général au milieu du XIXème siècle, il ne fut plus que vice-consulat durant une brève période après la réintégration de Venise à l'Italie, puis à nouveau consulat.

[1] Pierre Cabanes (dir.), Histoire de l'Adriatique, Paris, 2001, p. 445.

Après la Première guerre mondiale, sa circonscription se confondit avec celle du poste de Trieste, auquel il était subordonné. La cité des doges était pourtant redevenue le premier port de l'Adriatique, même si son trafic n'atteignait durant l'entre-deux-guerres que la moitié de celui de Gênes. En 1917, René Dollot fut ainsi nommé consul à Venise puis consul général à Trieste (où il installa sa chancellerie) et à Venise de 1919 à 1930. Le consulat de Venise ne fut recréé que le 24 décembre 1929 et confié à Georges Gueyraud, qui s'y installa au printemps 1930. Au contraire, après la Seconde guerre mondiale, la France ne pouvant renommer un consul à Trieste pour des raisons politiques, c'est le poste de Venise qui récupéra la charge de sa circonscription. À la fermeture définitive du consulat de Trieste en 1958, celui de Venise devint donc consulat général à Trieste et à Venise jusqu'à sa propre fermeture quarante ans plus tard. La cité des doges ne dispose plus aujourd'hui que d'une agence consulaire.

Histoire de la conservation

Le fonds du consulat de France à Venise a particulièrement souffert de la Seconde guerre mondiale, une partie des archives de la période 1932-1940 ayant « été détruite au moment de la déclaration de guerre. » [1] De plus, les archives étaient conservées dans deux petits réduits au rez-de-chaussée du palais où le consulat s'était installé. Si elles étaient pour la plupart « empaquetées, ficelées et étiquetées par lot », leurs « conditions de rangement é[taient] des plus précaires. Quelques rayonnages de fortune ont pu être installés &[]. Pour le reste, il [avait] fallu les isoler du sol, qui [subissait] les infiltrations de l' « acqua alta », en les plaçant sur de vieilles caisses. Les rats d'eau qui [peuplaient] les canaux vénitiens [avaient] naturellement accès à ces locaux et les dégradations causées par ces rongeurs [n'ont pu] aller qu'en s'amplifiant. » [2]

Comme dans de nombreux cas similaires, les archives du consulat de Venise se sont mêlées à celles de postes voisins au gré des ouvertures et des fermetures de maillons du réseau diplomatique français. On a ainsi retrouvé une partie de ce fonds dans les archives du consulat de Trieste, conservées de 1958 à 1960 à Venise avant d'être rapatriées à Paris.

À la fermeture du poste en 1998, les archives historiques ont été rapatriées au CADN par valise diplomatique. Les archives courantes ont été remises au consulat de France à Milan.

[1] D'après le consul Hubert Élie, dans une lettre du 3 février 1949 adressée à la direction des archives conservée dans le dossier « Venise » du carton « Archives des archives 285 ».
[2] Selon un rapport d'inspection de 1966, extrait du dossier « Venise » du carton « Archives des archives 285 ».

Modalités d'entrées

Versement.

Présentation du contenu

Bien que lacunaire pour les périodes les plus anciennes, le fonds du consulat de France nous apporte des informations sur trois siècles de relations franco-vénitiennes, de 1696 à 1998. Les onze premiers articles témoignent par exemple de la gestion d'un consulat français de l'Adriatique par les membres d'une même famille, Guillaume puis Jean-François, Melchior et Denis Le Blond, au dix-huitième siècle.

Les minutes et minutiers de la correspondance générale du poste au XIXème siècle, presque intégralement conservée de 1808 à 1886, ainsi que la correspondance avec le secrétariat d'État de la Marine puis le ministère des Affaires étrangères, qui remonte jusqu'à 1718, donnent de nombreux renseignements aussi bien sur les diverses affaires traitées par le consulat que sur le commerce en Vénétie. Or, si à cette époque Venise n'était plus à son apogée, elle conservait un rôle maritime et commercial de premier plan en Adriatique.

De plus, la cité des doges étant géographiquement proche de l'Europe centrale, le fonds contient également de multiples informations sur les territoires voisins. Aussi les dossiers classés dans la série des « Affaires politiques et commerciales » sont riches d'enseignements sur les provinces illyriennes que ce soit dans le domaine commercial ou politique. On y trouve par exemple un intéressant dossier sur la liquidation de l'administration française en Illyrie et le sort réservé aux archives de cette dernière.

Enfin, les nombreux registres, actes et dossiers individuels conservés dans la série «Chancellerie» permettent notamment d'étudier les Français présents dans la circonscription du consulat de Venise au XIXème siècle et au début du XXème siècle. La série des registres d'immatriculation, par exemple, est en effet complète de 1841 à 1940.

Accroissements

Le fonds s'est enrichi de dossiers concernant le versement d'allocations par le poste de Venise entre 1913 et 1920, retrouvés parmi les archives du consulat de France à Trieste au printemps 2012.

Mode de classement

Par commodité, les archives du consulat de France à Venise ont été séparées en deux séries chronologiques numérotées en continu. La première contient des documents produits de 1696 à 1940, la seconde couvre la période 1941-1998. Les documents les plus anciens contenus dans le fonds ont été produits alors que des membres d'une même famille, Guillaume puis Jean-François, Melchior et Denis Le Blond tenait les rênes du consulat, de 1679 à 1793. Il a donc été décidé de garder deux grandes parties dans le plan de classement des archives couvrant la période de 1696 à 1940 : une distinguant la gestion du poste par la famille Le Blond, une seconde recouvrant la gestion de leurs successeurs. Le plan de classement de la seconde série suit quant à lui autant que possible celui adopté à Venise avant son versement à Nantes.

Langue des unités documentaires

La majorité des documents de ce fonds est en français ou en italien.

Bibliographie

Histoire diplomatique française

BAILLOU (Jean) (dir.), Les Affaires étrangères et le corps diplomatique français, Paris, 1984, 2 volumes, 841 et 1018 p.

DEGROS (Maurice), « L'administration des consulats sous la Révolution (1789-1799) », Revue d'histoire diplomatique, 1982, numéro 1-2, p. 68-111.

DEGROS (Maurice), « La création des postes consulaires et diplomatiques français de 1815 à 1870 », Revue d'histoire diplomatique, 1986 numéros 1-4, p. 219-273.

DEGROS (Maurice), « Les consulats français en Italie pendant la Révolution Française », Revue d'histoire diplomatique, 1993 numéros 1-4, p. 243-277.

EVEN (Pascal), GRIMOÜARD-CAUDE (Elisabeth), THOBY (Béatrice), Les Français à l'étranger et la Révolution, Paris, 1989, 215 p.

MÉZIN (Anne), Les Consuls de France au siècle des Lumières (1715-1792), Paris, 1997, 974 p.

1941-1998

Cote/Cotes extrêmes

724PO/1/182-525 (Cote de commande)

Date

1941-1998

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de Nantes

Importance matérielle

344 articles (numérotés de 182 à 525)

Modalités d'entrées

Versement enregistré sous le n°1997/57

Autre instrument de recherche

Etat de versement des archives rapatriées du consulat général de France à Venise, 1941-1998, poste et CADN, 2003, mise à jour 2021, dactyl.

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