Cote/Cotes extrêmes
Date
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Description physique
Modalités d'entrées
Achat ministère des Affaires étrangères, décembre 1990 (préemption).
Présentation du contenu
La présente lettre fait état d'un soi-disant enlèvement de Napoléon à Sainte-Hélène. Il est intéressant de constater que le marquis d'Osmond s'empresse de prévenir le comte Decazes, alors ministre de la Police, avant d'ailleurs que le duc de Richelieu, seulement mis au courant par l'ambassadeur, n'apprenne de plus amples détails sur cette rumeur par lord Castelreagh. On se situe un mois avant le changement ministériel de décembre 1818 imposé par la différence de points de vue sur la loi électorale entre le duc de Richelieu d'un côté et le comte Decazes, Gouvion-Saint-Cyr et Molé de l'autre. Après le retrait de Richelieu le 28 décembre 1818, Decazes est chargé de composer le nouveau cabinet : il fait remettre les Affaires étrangères au général Dessolle et se réserve l'Intérieur, les attributions de police et la présidence effective du ministère, même si celle-ci est nominalement confiée à Dessolle.
Marié quelques mois plus tard (août 1819) à Melle de Saint-Aulaire, il atteint l'apogée de sa gloire en recevant de Frédéric VI la terre et le duché de Glücksberg. Mais l'assassinat du duc de Berry, qui semble donner tort à sa politique libérale, provoque son renvoi et sa nomination comme ambassadeur de France à Londres le 20 février 1820.
Des vérifications dans les différentes séries des Archives diplomatiques n'ont pas permis de retrouver trace d'une dépêche adressée par le marquis d'Osmond au duc de Richelieu, de la même date ou postérieure au courrier qu'il envoie au comte Decazes (CP Angleterre, vol. 610 et 611 ; CP supplément Angleterre, vol. 21, 22, 23, 32). Dans le fonds Bonaparte non plus (MD France, Fonds Bonaparte, volumes 1804 et 1804 bis relatifs à Sainte-Hélène), il n'y est pas fait allusion. Cependant le "Mémoire remis par le Cabinet de Russie sur le mode d'existence de Napoléon Bonaparte dans l'île de Sainte-Hélène et annexé au protocole du 13 novembre 1818 du congrès d'Aix-la-Chapelle" permet de mieux situer dans quel contexte international cette fausse nouvelle se divulgue.
L'examen du document ne permet pas d'emblée d'identifier cette minute comme provenant du marquis d'Osmond : seuls sont indiqués le lieu de rédaction, Londres, le destinataire, le comte Decazes, et le type de correspondance, "Particulière".
M. Castaing, expert de la vente, a signalé que cette pièce provenait d'un lot, vendu une trentaine d'années auparavant (vente Coppet) de papiers du marquis d'Osmond et que c'est cette origine qui lui avait permis d'identifier le document.
"Ce matin mon cher comte, j'ai été au moment de vous donner une cruelle alerte je lisais... on m'apporte la lettre ci-jointe ; l'auteur est introduit... il m'assure que Buonaparte a disparu de Ste-Hélène... j'ai fait assez bonne contenance, appuyé sur ma certitude que B. ne trouverait pas de partisans sur nos côtes..."
M. d'Osmond se précipite aux nouvelles et trouve enfin "Downing Street, lord Bathurst, revenu de la campagne" et qui lui dit "qu'il avait à me communiquer des papiers venus de Ste-Hélène... j'ai lu des lettres d'un Mr Holmes au chirurgien O'Meara : celui-ci était parti avant leur arrivée à Ste-Hélène, elles sont tombées... entre les mains du Gouverneur et l'ont mis sur la trace d'une correspondance de Rome, Munich, Bruxelles, Paris, Londres avec Ste-Hélène, ayant pour objet la délivrance de B... On m'a demandé d'annoncer au Duc de Richelieu qu'il aurait les détails par Lord Castelreagh..." Lord Bathurst a rédigé le communiqué presque sous ses yeux "Buonaparte is still at St Helena and a prisoner ; and there he will remain... mais je ne puis repousser tout à fait l'idée qu'on nous cache quelque chose. Ce bâtiment dont l'équipage n'a communiqué avec personne : ce Capitaine Brive venu de Porthsmouth en toute hâte, le conseil assemblé même un dimanche, beaucoup de mouvements dans les bureaux ! les circonstances donnent à penser... je m'y pers..." Le lendemain il termine sa lettre et rassure tout à fait le comte Decazes mais "il est certain que les lettres interceptées ont motivé tout ce qui s'est passé" mais les juges de la couronne "n'ont pas trouvé que ces lettres offrissent aux yeux de la loi, un motif suffisant d'arrestation...".
Autre instrument de recherche
Notice par Elisabeth Caude, conservateur d'archives.
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