La résidence générale de France à Tunis était la tête de pont de l'administration française durant le protectorat en Tunisie (1881-1956). C'est par elle que passaient toutes les décisions importantes et toutes les relations avec les puissances extérieures, dans la mesure où le résident général était, depuis la convention de La Marsa, ministre des Affaires étrangères du bey.

L'organisation des archives de la résidence générale a été mise en place progressivement et a évolué durant toute la période. Au moment de la signature du traité de protectorat, aucun changement n'apparaît dans le classement : les dossiers restent organisés et cotés de façon géographique, par armoire et tablette, ainsi qu'il avait été décidé pour les archives du consulat général de France en 1874.

En 1920, devant l'inflation du volume des affaires traitées, une tentative de réorganisation est entreprise, qui prend le nom de " classement Vallon ". Sans suite. Ce nouveau système est rapidement abandonné, au profit d'un système du même type, appelé " classement Bernard ". Celui-ci durera jusqu'au 31 décembre 1949 ; le fonds ainsi constitué sera rapatrié à Nantes lors du premier versement des archives du protectorat.

Au 1er janvier 1950, un conservateur d'archives affecté à la résidence, René de Vienne, procède à la clôture des dossiers et met en place une nouvelle organisation, plus détaillée et parfaitement cotée. C'est ce que l'on appelle le " classement de Vienne ", qui constitue en grande partie le deuxième versement des archives du protectorat. Ce système sera abandonné peu de temps après l'Indépendance de la Tunisie.

Les archives du bureau d'ordre de la résidence générale, décrites dans l'instrument de recherche ci-après, se rattachent donc à la fois au premier et au deuxième versements, en fonction la période. Elles ont été rapatriées au Quai d'Orsay et à Nantes en 1957 et 1974.

Versement administratif de l'ambassade de France en Tunisie, héritière de l'ancienne résidence générale.

Figurent ici les collections de la correspondance constituées par le bureau d'ordre de la résidence générale, télégrammes d'un côté, dépêches et minutes de l'autre.

La collection des télégrammes est structurée de façon relativement simple. Essentiellement chronologique, elle admet toutefois une subdivision par type de destinataire, l'interlocuteur privilégié étant le Quai d'Orsay, ou " Diplomatie ". La typologie reste homogène, puisqu'il ne s'agit là que de télégrammes à l'arrivée ou au départ.

La collection du courrier est nettement plus hétéroclite. Tributaire de la façon de travailler des agents chargés de constituer les dossiers d'archives, elle se transforme à la fois dans sa structure et dans son contenu. Jusqu'à 1920, la tendance est à la confusion entre collections chronologiques et dossiers thématiques, une tendance renforcée par l'absence de plan de classement des
archives de la résidence générale durant cette période. Il en résulte une disproportion entre les dossiers thématiques des années 1881-1920, plutôt minces, et les " chronos " du courrier, anormalement gonflés. Avec l'apparition du classement Bernard en 1922, les dossiers thématiques ont pris de l'épaisseur, au détriment de la collection de la correspondance, qui s'interrompt dans bien des cas.

L'intérêt de la série tient à sa continuité et à sa diversité. Si la présentation chronologique des documents ne facilite pas tous les types de recherches, elle offre la possibilité de retrouver très facilement un document dont on a la référence et de balayer de façon quasiment exhaustive l'activité de la résidence générale sur une période donnée. La séparation des documents selon leur nature (télégrammes d'un côté, correspondance écrite de l'autre) et selon le type d'interlocuteur (ministères français, contrôles civils, etc.) permet en outre de cibler un minimum le dépouillement des cartons. Il en résulte une série très complète, très bien tenue et qui peut compléter utilement les dossiers thématiques lorsque ceux-ci se montrent lacunaires.

Durant les premières années du protectorat, le bureau d'ordre a constitué une collection de " correspondance générale " (articles 607 à 668, années 1881-1910), dont le contenu très inégal mérite d'être regardé de près. Une sélection de documents est présentée en annexe de cet instrument de recherche, afin d'illustrer la variété des sujets et de la typologie.

Aucune élimination n'a été faite lors du reclassement de la série au Centre des archives diplomatiques de Nantes.

Fonds clos.

Le présent inventaire est le fruit d'un long travail de classement. Si l'aspect sériel des documents facilitait le classement proprement dit, la difficulté de l'opération tenait à la fois au volume à traiter (plus de 400 liasses, pour la plupart encore ficelées) et au besoin de distinguer l'administration à l'origine des documents. En effet, la résidence générale de France à Tunis hérita, lors de l'instauration du protectorat en 1881, des locaux, du personnel et de l'organisation de l'ancien consulat général de France à Tunis. Le système de classement en vigueur depuis 1874 donnait encore pleinement
satisfaction, si bien que le glissement d'une  administration consulaire à une administration coloniale ne fut pas matérialisé dans les archives.

Au moment du traitement du fonds, il fallut d'abord identifier et reconditionner toutes les liasses afin de ne conserver que les documents provenant de la résidence générale. Les sources antérieures à 1881 ont été extraites pour être jointes au fonds du consulat général. Par la suite, les cartons ont été rassemblés afin de reconstituer les sous-séries telles qu'elles se présentent dorénavant dans l'inventaire.

La plupart des articles provient du premier versement du protectorat de Tunisie (anciennes cotes : 1TU/1V/13*-586).

Répertoire numérique, par Claudine Bonnard, adjoint technique, sous la direction de Damien Heurtebise, conservateur en chef du patrimoine, Nantes, août 2011

Voir instrument de recherche

Si la majorité des fonds étaient centralisés au bureau d'ordre de la résidence générale, certains services dérogeaient à cette règle et constituèrent leur propre fonds. C'est notamment le cas du Bureau diplomatique, pour lequel nous conservons une collection de correspondance distincte (1TU/2V/894-959), ou encore de la direction des Contrôles et Affaires indigènes.

Les cahiers d'enregistrement, rapatriés lors du deuxième versement, avaient été classés sur place avant d'être numérotés. Ils forment le complément direct de la présente collection (cote : 1TU/170).