SCHUMAN, Robert

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Papiers Robert SCHUMAN (1886-1963)

Cote/Cotes extrêmes

73PAAP (Cote de commande)

Date

1947-1957

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Description physique

10 articles, soit 0,4 ml.

Origine

SCHUMAN, Robert

Biographie ou Histoire

Jean-Baptiste, Nicolas, Robert Schuman naît Allemand le 29 juin 1886 à Luxembourg, dans une famille nourrie de patriotisme français. Son père, Jean-Pierre Schuman, rentier d'Evrange, était lorrain, et sa mère, Eugénie, née Duren, était originaire de Bettembourg (Grand-Duché).
L'année 1900 est marquée par la mort du père de Robert Schuman, qui approfondira les liens qui attachent l'adolescent à sa mère. Eugénie Schuman a eu une très grande influence sur son fils ; elle est extrêmement cultivée et très fervente : elle joue du piano, lit beaucoup, et éprouve une prédilection pour les mystiques. Robert Schuman hérita de sa mère la passion de la musique, de la lecture, et un besoin intense de vie spirituelle. A onze ans, Robert Schuman entre à l'Athénée, école secondaire prestigieuse, qui a la particularité, dans un environnement germanophone, de dispenser un enseignement en français (l'allemand y est enseigné comme seconde langue). Par l'Athénée, Robert Schuman a accès à une double culture, ce qui sera déterminant pour son avenir. Son esprit s'affine au contact des classiques français, dans le maniement d'une langue subtile et nuancée. Sa sensibilité s'avive au contact du romantisme et de l'idéalisme allemand. Il aime la France, et sera toujours très patriote, ce qui ne l'empêche pas d'apprécier la prodigieuse culture germanique, qu'il distinguera de la volonté de domination prussienne. Il se rend en 1904 à Bonn pour commencer ses études de droit ; il pense ainsi mieux servir sa province d'origine, la Lorraine, en prenant connaissance de la volonté et des intentions du pouvoir dont la Lorraine dépend. A Bonn, il s'inscrit à l'Unitas, corporation d'étudiants, jadis réservée aux étudiants en théologie, et poursuit ses études en Bavière et en Prusse ; il acquiert ainsi une connaissance approfondie du grand voisin de la France, et finit par en parler parfaitement la langue. De 1906 à 1912, il parfait ses études à Strasbourg, s'inscrit en Juin au barreau de Metz, et s'engage ainsi à 26 ans dans la vie professionnelle. Entre temps, il a été comme foudroyé par la mort accidentelle de sa mère le 30 août 1911.
Dès la fin de la première guerre mondiale, il est élu député de la Moselle, et commence une longue carrière publique dont le détail est exposé dans le tableau chronologique ci-après.
La carrière de Robert Schuman comme ministre des Affaires étrangères, c'est-à-dire celle qui nous intéresse de plus près, commence en 1948. En effet, président du Conseil des ministres depuis le 22 novembre 1947, il prend le 27 juillet 1948 le portefeuille des Affaires étrangères qu'il gardera jusqu'en Décembre 1952. Ces quelques années au quai d'Orsay seront particulièrement fécondes. En mai 1949, le statut du Conseil de l'Europe est adopté par les Dix à Londres, et trois jours plus tard, l'Allemagne devient une république fédérale, dotée d'une capitale provisoire.
Un an après son accession au ministère des Affaires étrangères, Robert Schuman peut constater que le paysage de l'Europe a changé. Il n'est certes pas l'architecte du réarmement militaire et politique des démocraties occidentales, mais il en est un des artisans. La France est intégrée dans un ensemble militaire puissant, et l'Europe aborde la phase institutionnelle de son unification. Jusqu'à son départ du quai d'Orsay, Robert Schuman va notamment intensifier les rapports franco-allemands, faire signer le traité du Pool Charbon-Acier ou "plan Schuman" et faire adopter par le gouvernement français le plan de communauté européenne de défense.
Les dernières années de la vie de Robert Schuman sont principalement consacrées à l'Europe, malgré un court passage au ministère de la Justice en 1955. Il quitte définitivement les responsabilités gouvernementales le 1er Février 1956, un an avant la signature à Rome des traités de la CEE et de l'Euratom, à la préparation desquels il a beaucoup travaillé.
Elu à l'unaminité président du Parlement européen le 19 mars 1958, il demeure dans ses fonctions jusqu'en 1960. Il se retire alors à Scy-Chazelles, où il mourra le 4 septembre 1963.

Carrière de R. Schuman, repères chronologiques :

  • 29 juin 1886. Naissance à Luxembourg de Robert Schuman.
  • 1892-1896. L'enfant fréquente l'école communale de Clausen.
  • 1900. Mort du père de Robert Schuman.
  • 1896-1903. Etudes secondaires à l'Athénée de Luxembourg. Diplôme de la "maturité".
  • 1903-1904. Classe terminale au lycée impérial de Metz. Diplôme de l'"Abitur".
  • 1904. Etudes de droit à l'université de Bonn. Adhésion à l'Unitas, corporation catholique d'étudiants.
  • 1905. Université de Munich.
  • 1906. Université de Berlin. Université de Strasbourg.
  • 1908. Licence en droit.
  • 1910. Doctorat en droit.
  • Mai-Juin 1912. Examen d'assessorat - Ouverture d'un cabinet d'avocat à Metz.
  • 1913. Adhésion à l'Union populaire catholique.
  • 1914-1918. Réformé, Robert Schuman est mobilisé à Metz puis à Boulay (Lorraine).
  • Novembre 1918. Nomination à la commission municipale de Metz.
  • Août-novembre 1919. Fonde les journées sociales de Metz, élu député de la Moselle sur la liste de l'Union républicaine Lorraine.
  • Décembre 1919. Accueil solennel des députés d'Alsace et de Lorraine au palais Bourbon.
  • Février 1920. Membre de la commission d'Alsace et de Lorraine à la Chambre des députés.
  • Secrétaire de 1920 à 1927, vice-président de 1927 à 1929, président de 1929 à 1936. Il s'occupe principalement, pendant une dizaine d'années, de questions relatives à l'introduction de la législation française en Alsace et en Moselle.  Il prend une part importante à la défense de la législation scolaire et concordat locale.
  • Mai-juin 1920. Pressenti comme ministre d'Alsace et de Lorraine mais le ministère n'est finalement pas créé.
  • Mai 1924. Liste de l'Union républicaine Lorraine, menée par Robert Schuman, élue aux élections législatives. Achat de la propriété de Scy-Chazelles.
  • 1928. Député de Thionville - Campagne.
  • 1931. Rejoint le groupe du parti démocrate populaire à la Chambre.
  • 1932. Réélu député de Thionville.
  • 1936. Réélu député de Thionville et conseiller général de Cattenom, berceau de la famille Schuman.
  • 1938. Vote en faveur des accords de Münich.
  • 22 mai 1940. Nommé sous-secrétaire d'Etat pour les réfugiés dans le gouvernement Paul Reynaud.
  • 16 juin 1940. Mêmes fonctions dans le gouvernement Pétain. Démissionne à la fin du mois sans avoir siégé.
  • Fin août 1940. Rentre à Metz.
  • 14 septembre 1940. Incarcéré par la Gestapo dans la prison de Metz.
  • 13 avril 1941. Libéré et assigné à résidence à Neustadt an-der-Weinstrasse (Palatinat).
  • 1er août 1942. S'évade de Neustadt.
  • 13 août 1942. Arrive en zone libre. Pendant trois ans, Robert Schuman vit dans la clandestinité.
  • Septembre 1944. Conseiller politique pour les affaires d'Alsace et de Lorraine au poste de commandement du général de Lattre.
  • Octobre 1944. Frappé d'indignité nationale et d'inéligibilité pour avoir fait partie du gouvernement Pétain.
  • Février 1945. Membre du comité départemental de libération.
  • Août 1945. Relevé de l'inéligibilité sur intervention du général de Gaulle.
  • 21 octobre 1945. Elu député de la Moselle à la première constituante en tête de la liste du RDM - MRP. Président de la commission des finances de l'Assemblée nationale.
  • 2 juin 1946. Réélu député à la deuxième constituante.
  • 23 juin 1946. Ministre des finances.
  • 10 novembre 1946. Elu député aux premières élections législatives.

Modalités d'entrées

Les papiers Robert Schuman ont été remis à la direction des archives du ministère des Affaires étrangères en 1963.

Présentation du contenu

Les papiers de Robert Schuman sont composés de dix volumes de valeur inégale. Nous soulignerons ici l'intérêt du premier volume, qui comprend l'échange de correspondance entre Robert Schuman et Konrad Adenauer au sujet de l'évolution du problème de la Sarre originaux du chancelier allemand . Il faut dire que Konrad Adenauer est, comme Robert Schuman, un homme des frontières, dont l'esprit a été façonné par les contacts avec les proches pays voisins ; "il aime la France comme Robert Schuman aime l'Allemagne ; ce qui ne les empêche pas tous deux de se méfier des démons nationalistes qui peuvent se manifester à l'occasion chez l'autre. Tous deux ont reçu une éducation humaniste, sur fond de fervent catholicisme" (1). Ils se rencontrent pour la première fois en août 1949 (2).
Ce premier volume met en valeur la qualité et la profondeur des rapports entre les deux hommes d'Etat, qui leur a permis de se comprendre et d'aller toujours au-delà des obstacles qui se dressaient devant eux ; les germanistes apprécieront en particulier  les longues missives de Konrad Adenauer sur l'européanisation de la Sarre ; outre cet échange de correspondance, on y trouvera d'abondantes notes manuscrites concernant le problème sarrois et la construction européenne (3).
Les trois volumes suivants comprennent une documentation assez fournie sur le mouvement européen de 1952, année de la signature de la CED par ses partenaires, à 1957, année de la signature à Rome de la CEE et de l'Euratom.
Le volume 5, consacré aux Nations-Unies, comprend notamment de la correspondance échangée entre Robert Schuman et Dag Hammarskjoeld, ainsi qu'un questionnaire et une note, manuscrits de Robert Schuman sur les Nations Unies et le problème de l'information.
Les volumes 6, 7, 8 et 9 sont consacrés au Maroc et à la Tunisie. On sait que Robert Schuman a été vivement critiqué et contrecarré pour sa volonté de faire admettre l'idée de la création d'une armée européenne comprenant des unités allemandes. Mais il a été également attaqué pour avoir engagé trop tôt le combat de la décolonisation. On trouvera dans ces volumes les originaux de la correspondance du général Juin et du général Guillaume d'une part, de Louis Périllier et de Jean de Hauteclocque d'autre part. Ces personnalités y expliquent leur politique envers les différents responsables du Makzen (dépêche-programme du général Guillaume par exemple), et du gouvernement beylical. On trouvera aussi quelques annotations marginales de Robert Schuman qui soulignait au crayon certaines expressions employées par ses correspondants (4).
Le dernier volume est consacré à la correspondance particulière, peu abondante, il est vrai, mais non dénuée d'intérêt. Les quatre lettres manuscrites de Wladimir d'Ormesson à Robert Schuman, en effet, permettent d'affirmer qu'il y a eu une tentative de négociation entre la France et le Saint-Siège  par l'intermédiaire de Robert Lecourt et de monseigneur Tardini, au sujet de la loi Marie et Barengé concernant le statut du clergé, le régime des congrégations, le régime des cultes et la question scolaire, tentative qui a avorté en raison du départ de Robert Schuman du quai d'Orsay. Il n'y a, soulignons-le, nulle trace de cette négociation dans la correspondance politique de la série Z. Europe - Italie 1949-1955 (193QO).

En conclusion, la consultation des papiers Robert Schuman paraît donc tout à fait indispensable pour tout chercheur entreprenant des travaux sur le problème sarrois ou les relations franco-vaticanes. Elle complète utilement la documentation de tout historien faisant une étude sur la question marocaine et tunisienne.

(1) René Lejeune, Robert Schuman - Une âme pour l'Europe, Paris : Saint Paul, 1986, 223 p.
(2) Robert Schuman, Pour l'Europe, Genève : Nagel, 1963, 204 p.
(3) Il est préférable de consulter auparavant la correspondance politique de la série EU - Europe 1949-1955, sous-série Sarre - Elaboration du statut international de la Sarre et négociations franco-allemandes sur le statut de la Sarre.
(4) Ces volumes sont à consulter en complément de la correspondance politique Afrique du Nord, séries M et T (Maroc et Tunisie) 1950-1955, cf. Documents en relation.

Conditions d'accès

Librement communicable.

Autre instrument de recherche

Répertoire numérique, Paris, s.d., 1 p. Voir l'instrument de recherche

Documents en relation

Au MAE (La Courneuve) :

  • Correspondance politique Afrique du Nord, séries M - Maroc, 1950-1955.
  • Correspondance politique Afrique du Nord, séries T - Tunisie, 1950-1955.

Mots clés lieux

Mots clés producteurs