En 1958 l'Égypte et la Syrie fusionnent pour former un nouvel État appelé République Arabe Unie. Cette union, qui bouleverse les frontières du Moyen-Orient, suscite l'étonnement de la scène internationale. La première année des relations diplomatiques françaises avec la République Arabe Unie est alors marquée par des incertitudes (art. 1). La représentation de la France est alors assurée par l'intermédiaire de l'ambassade de Suisse entre 1958 et 1960. La question de la reconnaissance de ce nouvel État est largement discutée par les différents États qui entretenaient des relations avec l'Égypte comme avec la Syrie pour statuer sur le crédit à accorder à cette union syro-égyptienne. Pour autant, la République Arabe Unie se constitue progressivement son propre réseau d'ambassades pour assurer sa représentation à l'étranger (art. 3).

Cette fusion syro-égyptienne trouve son origine dans le contexte particulier de la Guerre Froide. En effet, la République Arabe Unie revendique vouloir former les bases d'une grande fédération panarabe au Moyen-Orient (art. 6). Ainsi, la question se pose d'intégrer de nouveaux pays à cette union, notamment le Liban, l'Irak et le Yémen (art. 7). Il s'agissait par ailleurs de s'opposer au communisme présent en Syrie en faisant adopter à ce pays un modèle similaire à celui de l'Égypte. Une longue phase d'égyptiannisation de la Syrie s'opère alors progressivement. Les partis politiques disparaissent au profit d'un parti unique, le gouvernement est remanié au profit de dirigeants proches de Nasser, de nouvelles élections législatives sont organisées, conduisant la Syrie à passer presque intégralement sous le contrôle de Nasser (art. 10 à 12). Cette égyptiannisation de la Syrie provoque de vives réactions chez la population syrienne qui conteste les différentes réformes, notamment agraires, mises en place par le dirigeant égyptien (art. 11).

Néanmoins, malgré la volonté de faire taire le communisme en Syrie (art. 10), c'est avec l'Union soviétique que la RAU entretient ses plus fortes relations diplomatiques (art. 26). Ainsi, l'Union soviétique apporte une aide financière particulièrement importante à la République Arabe Unie pour ses différents projets de travaux, comme la construction du barrage d'Assouan (art. 29).

La France rencontre quant à elle plus de difficultés pour établir des relations durables avec la République Arabe Unie. En effet, son soutien apporté à Israël pendant la Crise du Canal de Suez de 1956 avait conduit à une rupture presque totale des liens entre la France et l'Egypte (voir fonds 213QO). A la suite de la proclamation de la RAU, les biens français en Égypte sont séquestrés (art. 36), et de nombreux français d'origine israëlite sont expulsés du territoire de la RAU (art. 35). En parallèle, la question algérienne contribue à détériorer davantage les relations entre la France et la République Arabe Unie qui se positionne en faveur d'une Algérie indépendante et libre (art. 4 et 17). Malgré ces différends, les deux pays parviennent à rétablir des échanges, aboutissant aux accords de Zurich (art. 14 à 16). Ces accords, essentiellement commerciaux et économiques, visent à favoriser l'achat par la France de coton en RAU. Ils permettent également de rétablir progressivement des relations diplomatiques entre les deux pays. Les relations économiques, commerciales mais également culturelles reprennent également (art. 30, 32 et 33). Les établissements français d'enseignement aussi bien laïques que religieux ré-ouvrent progressivement sur les territoires égyptiens et syriens (art. 33). En outre, les biens sont dé-séquestrés (art. 36), et les visas sont de nouveaux délivrés des deux côtés (art. 35).

Ces dossiers ont été communiqués jusqu'en juin 2022 sur la base d'un état de versement provisoire sous la référence 379QONT /610 à 619bis, avant de faire l'objet d'un reclassement à l'article selon un plan chrono-thématique. Les dossiers ont été réorganisés et les doublons éliminés.

Voir l'inventaire

213QO Afrique-Levant/Egypte (19531957)