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Entre 1953 et 1959, la colonie britannique d'Aden - aujourd'hui intégrée à la République du Yémen - constitue le cœur de ce qui allait devenir le Yémen du Sud. Point clé pour la route des Indes, port franc et centre administratif, Aden sert de point d'ancrage à la domination britannique dans l'océan Indien occidental, interagissant avec les protectorats tribaux de l'arrière-pays (Hadramaout, Yafa, Lahej) et les mouvements transnationaux du panarabisme et du panafricanisme, venus d'Égypte ou d'Afrique du Nord.
En 1953, le paysage colonial britannique se transforme progressivement. Les inquiétudes françaises quant à l'avenir du protectorat sont nourries par le rayonnement du nationalisme algérien dans l'ensemble du monde arabe, y compris à Aden, où la presse panarabe et les échos radiophoniques du Caire trouvent une audience sensible, notamment chez les dockers et les enseignants. A la fin des années 50, l'opposition à la domination impériale s'organise à travers des syndicats et des clubs politiques puisque les partis sont interdits. Le marxisme croit. L'activité culturelle et politique héritée de la Nahda[1] fait émerger chez les jeunes issus de la petite bourgeoisie urbaine de premiers signes de contestation : mouvements grévistes, nationalistes voire terroristes. L'introduction de l'arabe comme deuxième langue officielle, formalisée en 1956, témoigne de la tentative d'adaptation impériale face à un modèle en perte de légitimité.
Dans le même temps, un événement survenu à plus de 2000 km d'Aden agit comme un catalyseur régional : la crise chypriote de 1954. Lorsque la Grèce saisit l'Organisation des Nations Unies pour réclamer l'autodétermination de Chypre alors colonie britannique face à Londres, la question impériale britannique devient un sujet mondial. Cette internationalisation du contentieux colonial, portée par une instance multilatérale, fragilise le prestige impérial britannique dans toutes ses possessions. Le cas chypriote devient une référence pour de nombreux mouvements nationalistes dans les territoires britanniques d'Asie et d'Afrique, y compris à Aden. L'appel au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, invoqué à l'ONU, est désormais perçu comme une arme juridique et diplomatique applicable au contexte sud-arabique.
La crise de Suez, à l'automne 1956, radicalise davantage les opinions publiques arabes et alimente les discours anti-impérialistes. À Aden, cela se traduit par la montée de groupes comme la Southern Youth Unity, en résonance avec le nassérisme. En réaction, Londres accélère la fédéralisation des émirats, prélude à la création de la Fédération des Émirats arabes du Sud en 1959, pour sécuriser ses intérêts stratégiques dans la région comme ses concessions pétrolières. L'année 1957 est également marquée par des mouvements sociaux (grèves dans le port d'Aden, agitation étudiante) et une épidémie de grippe asiatique révélant les défaillances du système sanitaire colonial.
Dans ce processus régional de restructuration, le Yémen du Nord - monarchie théocratique dominée par l'imamat zaïdite - constitue un autre foyer d'observation et d'intérêt diplomatique. L'imam Ahmed ben Yahya, héritier d'un pouvoir absolutiste fondé sur une légitimité religieuse et dynastique, se heurte à des aspirations réformatrices portées notamment par certains membres de sa propre famille, tels que son fils Badr et son frère Hassan. Le coup d'État manqué de 1955, organisé par de jeunes officiers modernistes, révèle l'effritement progressif d'un ordre monarchique autoritaire - soutenu par l'Arabie Saoudite- qui se prolongera jusqu'au début de la guerre civile en 1962. Les contestations nationalistes nasséristes attirent l'attention des chancelleries étrangères, soucieuses de suivre l'évolution de ce royaume stratégique à la lisière de la mer Rouge et du golfe d'Aden.
La France, bien que marginale par rapport aux influences concurrentes britanniques ou américaines, tente de tirer son épingle du jeu en contrant la prépondérance de l'influence britannique et en tentant de maintenir une forme de présence politique et symbolique dans la région, dans un contexte de début de Guerre Froide. L'ouverture d'une légation à Ta'izz au début des années 1950, l'accueil discret de figures dissidentes, les contacts avec les notables tribaux, ou encore la livraison d'armes - parfois en contradiction avec les intérêts britanniques - traduisent une politique d'influence prudente, adossée au relais logistique et militaire de Djibouti en Somalie française, seule implantation française durable dans la péninsule Arabique.
[1] Traduit par « Renaissance arabe », la Nahda se définit comme la redécouverte de la culture et de la science arabe au début du XIXe siècle.
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Documents en relation
Les archives relatives à Malte à partir de 1953, et à Chypre à partir de 1956 sont à consulter dans la série Europe.
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