Émile Desages (1793-1850), joua un rôle considérable pendant la monarchie de Juillet comme directeur politique au ministère des Affaires étrangères, poste qu'il acquit en novembre 1830 et conserva jusqu'à la fin du règne de Louis-Philippe, en février 1848. Il fut l'ami de tous les ministres et esprits politiques éminents de l'époque, Guizot, Thiers, Molé, Albert de Broglie, Cuvillier-Fleury, le marquis de Tracy, Thouvenel...
Entré très jeune (en 1811) au ministère des Affaires étrangères, après une courte mission à Varsovie, il travailla aux archives et à la direction politique, avant d'être fixé pendant neuf ans, - novembre 1821 - septembre 1830 - à Constantinople, comme second, puis, à partir de mai 1826, comme premier secrétaire de l'ambassade de France en Turquie. C'est à ce poste particulièrement critique, alors que se déroulaient les guerres de l'indépendance grecque, qu'il eut l'occasion de se distinguer et d'attirer sur lui l'attention du général Sébastiani, qui en fit le directeur politique de la diplomatie de la jeune monarchie de Juillet.
Georges Dethan.

Dans la notice qu'il a consacrée à Émile Desages, Henry d'Ideville écrit : « Au moment de la mort de l'ancien directeur des affaires politiques, les quelques papiers qui pouvaient passer pour officiels ou appartenant à l'Etat furent réclamés à sa famille par un employé du ministère des Affaires étrangères et immédiatement restitués ».
En 1926, Mme de Montégut, "veuve d'un ancien magistrat, qui avait en sa possession une caisse de papiers ayant appartenu à Emile Desages", lègue ces documents au ministère des Affaires étrangères. Toutefois ce don ne comble pas la lacune existante dans les papiers de l'ancien directeur politique.
En 1947-1948, six petites liasses provenant de la bibliothèque Montégut furent données  au service des archives par M. Pailloux, libraire-antiquaire à la Rochelle. Enfin, en 2008, un dernier lot de corrrespondance Desages est acquis auprès de la famille.

Une partie importante des papiers Émile Desages (les 8 premiers cartons) concerne les guerres de l'indépendance grecque, entre 1821 et 1830 (alors que Desages était secrétaire d'ambassade à Constantinople). Les six cartons suivants sont pour la plus grande partie consacrés à la politique étrangère de la monarchie de Juillet ; on y trouve non seulement la copie de correspondances diplomatiques officielles, mais aussi de très nombreuses notes manuscrites d'Émile Desages et des lettres personnelles des représentants français à l'étranger avec le directeur politique des Affaires étrangères. Les huit derniers cartons contiennent des documents d'un moindre intérêt : analyse de la correspondance officielle, notes historiques, extraits d'ouvrages. Je relève toutefois un ensemble intéressant sur la diplomatie secrète du premier Empire, et de curieux mémoires sur les congrès de Troppau, Laybach et Vérone (1820-1822).
La correspondance privée adressée à Desages paraîtra assez décevante. C'est que probablement la majeure et plus intéressante partie manque au fonds conservé aux Affaires étrangères. Henry d'Ideville l'avait déjà signalé en 1876, dans la brochure que j'ai eu l'occasion de citer plus haut. Il avait pu alors consulter chez la belle-soeur de Desages une collection impressionnante de 4 000 lettres particulières adressées au défunt directeur politique; dans son trop court article, il relevait les noms de nombreux signataires qui ne sont pas représentés dans le fonds Desages du ministère des Affaires étrangères. Quel regret, par exemple, ne doit-on pas avoir de ces "admirables lettres politiques de M. Guizot, datées du Val Richer, où, dans l'épanchement et l'intimité, le ministre donnait à son second des aperçus si élevés, des instructions si précises sur toutes les grandes affaires"!
Henry d'Ideville se proposait de dépouiller cette volumineuse correspondance et d'en publier une partie. Il ne semble pas qu'il ait donné suite à son projet d'édition. Quant à l'émotion qu'à la lecture de son article montra alors le directeur des archives des Affaires étrangères (il demandait au ministre "de prendre des dispositions" pour faire restituer les papiers Desages par la famille du défunt), elle parait être restées vaine. La famille d'Émile Desages ne se composait plus que de la belle-soeur d'Émile Desages et de son neveu, qui venait d'entrer aux Affaires étrangères et qui mourut prématurément et sans descendance en 1884, agé de 37 ans, après avoir occupé les postes vice-consulaires de Bizerte et de Fiume.
Un hasard heureux nous permettra-t-il de retrouver un jour les lettres de Guizot, de Thiers, du duc de Broglie, de tant de correspondants parmi lesquels il n'est pas interdit de penser que pouvait se trouver Henri Beyle, consul à Civita-Vecchia, familier du salon de la marquise de Tracy (dont le mari fut l'ami intime de Desages)?
Tel qu'il est, le fonds Emile Desages méritait d'être trié et inventorié. Il apporte une importante contribution à la question d'Orient au début du XIX° siècle, et, en général, aux différents problèmes de politique étrangère de la monarchie de Juillet.
Georges Dethan.

Le fonds Desages, inventorié une première fois par Mademoiselle Brasart, a été ensuite partagé en volumes et inventorié à nouvceau, plus sommairement mais en y intégrant les documents remis après le premier inventaire analytique. Le chercheur en trouvera ci-après l'inventaire qui reprend l'essentiel du travail de Mlle Brasart auquel on pourra se reporter en cas de recherche d'un document précis.

Librement communicables.

Répertoire numérique détaillé (60PAAP/1 à 68) par Georges Dethan, Paris, décembre 1959, 36 p.  Voir l'instrument de recherche

Répertoire numérique détaillé (60PAAP/69 à 75) par Françoise Aujogue, La Courneuve, décembre 2008 :voir l'instrument de recherche.

Inventaire analytique par Georgette Brasart (épouse de Groer), Paris, 1946-1947, p. Consultable en salle des inventaires à La Courneuve

Publication sur Émile Desages :
IDEVILLE (Henry d'), M. Emile Desages et sa correspondance (1830-1848), Paris : Hachette, 1876, 31 p. extrait de la Revue de France du 31 octobre 1876.