Pierre Bart est né à Monsireigne en 1889, d'un père vendéen, Gédéon, notaire dans cette ville, et d'une mère poitevine, Maria Puisais. En 1906, il s'installe avec sa famille à Paris. Après son baccalauréat, il décide de se consacrer aux études historiques. Il conduit des recherches sur la Révolution et l'Empire et participe à l'édition de documents inédits, notamment, en 1909, des lettres de Sainte-Beuve dans la Revue bleue et, en 1911, de lettres de Talma à Pauline Bonaparte chez Fasquelle.

Mobilisé en août 1914, il est incorporé dans le 103e régiment d'infanterie. Il sert ensuite dans plusieurs régiments, notamment le 404e R.I., où il retrouve l'un de ses deux frères, Henri (1885-1956). Durant la Guerre, il est blessé à quatre reprises et reçoit la croix de guerre avec trois citations.

Démobilisé à la fin de l'année 1919, Pierre Bart entre dans l'administration du mandat français en Syrie et au Liban. Il commence par une mission à Lattaquié, auprès des alaouites, puis est nommé chef de la section d'études au cabinet politique du haut-commissariat. En 1923, il est rédacteur à la délégation de Damas, puis chef de bureau au secrétariat général à Beyrouth, fonctions qu'il conserve jusqu'en 1929. Entre-temps, il occupe brièvement le poste du chef de cabinet du secrétariat général.

Entre mars 1929 et avril 1933, Pierre Bart est en disponibilité sans solde. De retour au mandat, il est, de mai 1933 à octobre 1934, chef des services administratifs à la délégation d'Alep puis délégué adjoint du vilayet d'Alep. Entre 1934 et 1936, il occupe le poste de conseiller administratif, puis de directeur de l'intérieur et chef du bureau politique du gouvernement de Lattaquié. Il s'y consacre tout particulièrement à la question délicate des alaouites, qui obtiennent alors leur autonomie[1]. Il occupe ensuite les fonctions de conseiller du Liban sud à Saida, puis retourne auprès des alaouites, pour une troisième mission, qui s'achève à la fin de l'année 1939.

Au début de la Deuxième Guerre mondiale, Pierre Bart est délégué adjoint du haut-commissaire à Beyrouth et conseiller administratif du Mont Liban. De mars 1942 à novembre 1943, il est directeur des affaires politiques à Beyrouth. Il termine sa carrière comme délégué auprès du gouvernement libanais. En 1946, il part à la retraite avec le titre de consul général. Il reste à Beyrouth où il meurt en 1964.

[1]. L'autonomie des alaouites est consacrée par le traité franco-syrien de 1936, qui entre en vigueur au début de l'année 1937 et transforme le gouvernement de Lattaquié en territoire des alaouites.

Les archives de Pierre Bart ont été conservées par son fils, Maurice Bart, qui a décidé en 2008 d'en faire don au ministère des Affaires étrangères.

Le traitement du fonds a permis de réorganiser les archives suivant l'évolution de la carrière professionnelle de Pierre Bart depuis sa première mission en 1919 jusqu'à sa retraite en 1946. Les dossiers ont été rangés par fonctions, tout en respectant l'ordre interne établi par Pierre Bart. Le choix d'une description détaillée permet d'identifier facilement le contenu des documents, même quand leur auteur ne les a pas classés à leur place chronologique.

Le fonds Pierre Bart est pour l'essentiel composé d'archives produites ou reçues lorsqu'il est en fonctions au mandat français de Syrie et Liban, entre 1919 et 1946.

Le fonds comprend différents ensembles successifs. Le premier (451 PAAP/2 à 9) réunit les archives de la section d'études du cabinet politique du haut-commissariat en Syrie et au Liban. On y trouve les documents relatifs à la création, l'organisation et la liquidation de cette section, ainsi que les études qu'elle a réalisées, dont on ne saurait trop souligner l'intérêt : elles rassemblent de très nombreuses informations sur les différents peuples et communautés présents en Syrie, mais aussi en Turquie et d'une façon générale dans tout le Proche-Orient, ainsi que sur l'action entreprise par la France dans le cadre du mandat confié par la Société des Nations.

Le second est composé pour l'essentiel de rapports sur la question des alaouites. Pierre Bart effectue trois missions successives dans ce territoire, dont il est l'un des meilleurs connaisseurs. Après un premier séjour en 1919, il est délégué du haut-commissaire à Lattaquié entre 1933 et1936 puis à nouveau en 1938 et 1939, après la crise nationaliste. C'est durant cette période qu'il rédige une grande étude sur La question alaouite et le traité franco-syrien en vue d'obtenir le brevet de haute administration musulmane institué par décret interministériel du 30 novembre 1936 (451 PAAP/13).

Le troisième correspond à la fin de la carrière de Pierre Bart, passée au Liban de 1939 à 1946. Là encore, les documents rassemblés ne renseignent pas seulement sur son action administrative ; ils s'intéressent à l'évolution de toute la région, notamment au nationalisme arabe et au développement du sionisme. A noter des comptes rendus sur la situation du Liban pendant la Guerre et un dossier relatif à la mission que Bart effectue en 1943 en Palestine pour étudier l'enseignement du français.

Libres

Répertoire numérique détaillé par Arnaud Di Meo, sous la direction de Jean-Philippe Dumas, conservateur en chef du patrimoine, La Courneuve, 2018, 11 p. Voir l'inventaire

Ministère des Affaires étrangères

Les archives relatives au mandat français sont conservées à La Courneuve (série E-Levant) et à Nantes, pour le fonds du mandat proprement dit. Ces séries peuvent être complétées par les archives personnelles des hauts commissaires, conservées à La Courneuve dans la série des Papiers d'agents-Archives privées, notamment Henri Gouraud et Henri Ponsot, pour lesquels des ensembles volumineux ont été remis.

Le dossier de carrière de Pierre Bart est conservé dans la série Personnel, 3e série, [395QO] 38.

Service historique de la Défense

Le Service historique de la Défense ne conserve pas de dossier au nom de Pierre Bart et les études qu'il a rédigées ou commandées n'apparaissent ni dans les cartons du fonds des armées françaises au Levant (sous-série GR 4 H, fonds en ligne sur le site Mémoire des hommes), ni dans le fonds de la section Afrique et Orient de l'état-major de l'Armée, y compris dans le fonds rapatrié de Russie, en cours de classement.

Il est néanmoins possible de rechercher dans ces deux fonds des informations sur les officiers qui ont été en contact avec Pierre Bart, notamment lorsqu'il dirigeait la section des études du haut-commissariat, au début de sa carrière.

Archives de la Vendée

1 J 2289 - Pierre Bart, « Lettres de guerre, 1914-1919 », 60 p., publiées dans Recherches vendéennes.

Chaigne-Oudin, Anne-Lucie, La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie-Liban 1918-1939, Paris L'Harmattan, Paris, 2006.

Chaigne-Oudin, Anne-Lucie, La France dans les jeux d'influences en Syrie et au Liban 1940-1946, Paris, L'Harmattan, 2009.

Du Hays, général, Les Armées françaises au Levant 1919-1939, Vincennes, Service historique de l'armée de terre, 1979, 2 t.

Mizrahi, Jean-David, Genèse de l'Etat mandataire : service des renseignements et bandes armées en Syrie et au Liban dans les années 1920, Paris, Publication de la Sorbonne, 2003.