Cote/Cotes extrêmes
Date
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Description physique
Origine
Biographie ou Histoire
Antoine Bonifacio naît le 18 juillet 1911 à Bastia. Son père Antoine Bonifacio (1866-1933) est à cette date professeur d'italien au lycée de Bastia. La famille s'installe par la suite à Nice : dans le recensement de 1926, au n°3, rue du Lycée résident le père, devenu « professeur de l'université » ; ses deux fils, Joseph, né à Bastia en 1901, avocat, et Antoine, étudiant ; et une domestique (Arch. dép. des Alpes-Maritimes, 6M/157, p. 146).
Sous le pseudonyme de Tiziu, Antoine Bonifacio père est un poète et auteur dramatique de langue corse, fondateur, à Nice avec Paul Arrighi, de L'Annu Corsu en 1923. Cette revue régionaliste se réclame du « cyrnéisme », néologisme formé (sur le nom de la Corse en grec ancien, Cyrne) pour désigner ce mouvement comparable au félibrige provençal.
Antoine Bonifacio fils effectue ses classes préparatoires à Lyon puis intègre l'École normale supérieure, promotion 1930 l [littéraire concours « Ulm »] ; il sort premier ("cacique") à l'agrégation d'histoire et géographie en 1934. Il fait son service militaire à Saint-Maixent, en même temps que Georges Pompidou (promotion 1931 l), puis devient enseignant (les éléments sur sa carrière et ses relations avec G. Pompidou sont repris de : Institut Georges Pompidou, Programme d'archives orales : biographies et index, mai 2016, p. 33). Le long voyage en Indochine de 1935-1936 qui constitue l'essentiel du fonds se rattache au tour du monde pour lequel A. Bonifacio a obtenu une bourse du fait de sa place de premier à l'agrégation en 1934, voyage reporté à fin 1935 en raison de son année de service militaire.
Il se marie à Paris le 30 juillet 1937 avec Lucette Monjoin, née à La Châtre (Indre) le 6 mars 1912. Le couple part en Iran la même année - il se peut qu'A. Bonifacio ait été invité à enseigner, comme le furent plusieurs professeurs français, à l'université de Téhéran, première université iranienne et établissement francophone, créée en 1935. C'est là que naît leur fils José (François Dominique) le 17 mai 1938 (acte de naissance : CADN, Téhéran, 216EC/4, 1938, acte n°2. Il se marie en 1969, et meurt en 2006 à Paris). Ils rentrent en France en 1939, A. Bonifacio étant mobilisé comme interprète d'italien à Nice.
De retour à Paris en 1943, il poursuit ensuite sa carrière d'enseignant, au lycée Charlemagne et à Sciences Po, et assure pendant plusieurs années un travail éditorial chez Hachette pour renouveler la collection des manuels « Malet-Isaac ». En parallèle, il se montre assidu, comme G. Pompidou, dans les rencontres conviviales (pots, déjeuners) entre normaliens des années 1960.
Il meurt à Paris (XIIIe arr.) le 20 octobre 2008.
Histoire de la conservation
Papiers conservés, avec les papiers Jean-Jacques Mathis (8AE) qui leur sont contemporains, à l'ambassade de France à Téhéran, probablement depuis 1939 (année où les Bonifacio quittent l'Iran) et pour des raisons inconnues, la consultation des archives conservées de la légation - très lacunaires pour cette période - n'ayant fourni aucun élément à ce sujet. Ils ont été rapatriés, sous l'identification « archives françaises » qui englobait aussi les papiers J.-J. Mathis, avec les archives russes conservées dans la cave de l'ambassade (fonds de la Brigade cosaque persane, inventorié sur place en 1994). L'ensemble est arrivé à Paris en novembre 1994 ; les archives privées françaises ont été transférées à Nantes en mai 1995. Sommairement identifiés en 2003, puis récolés en 2013 sous la cote provisoire 4PROV (carton 4PROV/8 pour Bonifacio), les papiers J.-J. Mathis et A. Bonifacio ont été séparés, cotés définitivement et décrits en 2019-2020.
Modalités d'entrées
Rapatriement de l'ambassade de France en Iran à la direction des Archives (Paris) en novembre 1994. Transfert à Nantes le 11 mai 1995.
Présentation du contenu
Le document principal de ce modeste fonds est le journal de voyage manuscrit rédigé par Antoine Bonifacio pendant son tour du monde et en particulier son long séjour en Indochine, de novembre 1935 à août 1936.
On peut rapprocher ce voyage, récompense de la première place à l'agrégation d'histoire en 1934, de la démarche mise en place dès 1896 par l'Union coloniale française, société coloniale privée formée en 1893, qui ouvrit à la Sorbonne « un cours libre d'enseignement colonial pour les étudiants des facultés et des grandes écoles et plus spécialement les candidats à l'agrégation d'histoire et de géographie. Chaque année un prix de 20 000 francs et un passage gratuit pour une colonie française furent attribués 'à l'étudiant qui aura donné des preuves de ses aptitudes et d'une préparation pour faire avec profit un voyage dans l'une de nos colonies et en rapporter un travail (thèse, mémoire, etc.) sur une question intéressant cette colonie.' Les candidats devaient avoir suivi le cours libre, posséder le diplôme d'études supérieures d'histoire et de géographie et composer un mémoire dont le sujet était emprunté à l'un des cours de l'Union. Outre le premier prix, une médaille d'or, d'une valeur de 150 francs et deux médailles d'argent récompensèrent les meilleurs travaux. » (Henri Brunschwig, « Le parti colonial français », Revue française d'histoire d'outre-mer, t. 46, n°162, premier trimestre 1959, p. 70).
Ce voyage se situe après la mort de son père, l'agrégation et le service militaire, au seuil de sa carrière d'enseignant et avant son mariage. Voyage d'agrément, ce périple parfois désigné comme un « stage » dans le journal revêt aussi l'aspect d'un séjour d'étude, comme le montrent le soin apporté aux relevés ethnographiques et la façon très cadrée dont se déroulent les visites. S'il emploie régulièrement le « nous » dans le texte et si certains noms reviennent régulièrement (par exemple, Pinel), il semble qu'A. Bonifacio ait effectué ce voyage seul. On notera également la présence de très nombreux noms corses parmi les personnes qu'A. Bonifacio côtoie dans les différentes étapes de son séjour, ce qui vient rappeler que les Corses sont de plus en plus nombreux en Indochine depuis la fin du XIXe siècle et y constituent une diaspora structurée en réseau, notamment par le biais des amicales corses.
Pour la partie consacrée au séjour en Indochine proprement dit, le journal, très détaillé, est illustré de nombreux croquis (objets, mobilier, architecture) intégrés au texte, qui est également parfois complété par des pièces rapportées collées (listes, cartes). A. Bonifacio y note les observations faites pendant les multiples excursions et visites de sites, de villages, d'exploitations, d'usines, d'écoles, souvent effectuées en compagnie des responsables de l'administration française auprès desquels il ne manque jamais de se rendre (services du gouvernement général, légations et consulats français dans les États voisins). Les observations sont tour à tour touristiques et ethnographiques ; sur l'Annam et le pays Moï (tribus Mnong), elles sont particulièrement poussées. Il relate également le contenu de ses conversations avec les officiels et ses propres considérations sur la politique coloniale. Les activités de détente ou de rencontres amicales sont également mentionnées.
Le beau passage suivant, dans lequel A. Bonifacio évoque son arrivée à Bangkok (mars 1936, f. 113), rend compte aussi bien du contexte très cadré dans lequel s'inscrit son séjour que de la signification très personnelle qu'il conserve :
« Je suis allé dès 9h ce matin à la Légation de France où un secrétaire m'a reçu, montrant qu'il se rappelait que de Paris on avait écrit pour moi. Le ministre est un archicube [ancien élève de l'ENS, Marcel Ray, 1899 l, ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire au Siam], agrégé d'allemand, chez qui je dois déjeuner mercredi. L'ingénieur en chef de la ville, M. Bona, a demandé au consulat qu'on l'avertisse de mon passage. Il est corse, ancien élève de mon père à Bastia. Le soir à 7h nous sommes allés chez lui, M. Plion [secrétaire-interprète du poste] et moi et il m'a parlé de mon père [décédé en 1933] en des termes qui m'ont ému...
C'est peut-être là ce qui me touche le plus dans le voyage que j'ai fait jusqu'à présent. Par-delà les recommandations officielles ou privées, existe pour moi la recommandation tacite de mon nom. À Saigon, à Hanoï, à Yun-nan-fou, à Bangkok des hommes qui connurent mon père quand ils étaient enfants montrent par l'empressement qu'ils manifestent envers moi le souvenir qu'ils gardent de leur ancien maître... Et je me dis par instants que le métier de professeur qui laisse une telle marque est un beau métier... »
Le journal manuscrit est complété par des ébauches de texte rédigé, témoins d'une mise en forme ultérieure, destinée soit à une remise au retour sous forme de rapport, soit à une publication, et dont on ignore si elle a abouti.
On signalera également dans ce fonds, d'une part les cartes de l'Indochine utilisées pour le voyage, d'autre part un numéro de La Boîte aux lettres du Vieux Pressoir, revue d'anciens élèves de l'École normale mêlant articles et nouvelles des anciens, à la présentation pour le moins artisanale, titre parallèle (et sans doute plus confidentiel étant donnée sa rareté dans les catalogues de bibliothèques consultés, et l'inexistence de collections complètes - 11 levées en tout de 1930 à 1940) au Bulletin de la Société des amis de l'École normale supérieure publié depuis 1918 par la Société des amis de l'École normale supérieure.
Évaluation, tris et éliminations, sort final
Seuls les fragments d'un cahier manuscrit, jugés irrécupérables (papier en miettes du fait des moisissures), ont été éliminés en juillet 2019 ; tout le reste a été conservé et restauré si besoin.
Conditions d'accès
Les documents sont librement communicables sous réserve des dispositions prévues par la loi pour le respect de la vie privée (Code civil, art. 9) et de la propriété intellectuelle (Code de la propriété intellectuelle).
Conditions d'utilisation
La reproduction est libre sous réserve des dispositions prévues par la loi pour le respect de la vie privée (Code civil, art. 9) et de la propriété intellectuelle (Code de la propriété intellectuelle), et du règlement de la salle de lecture.
Langue des unités documentaires
Caractéristiques matérielles et contraintes techniques
En raison de leur séjour prolongé dans la cave de l'ambassade, les documents étaient pour la plupart très dégradés ou pulvérulents. Les pièces suivantes ont fait l'objet d'une restauration en 2020 : journal de voyage (article 1 ; le foliotage de restauration ne correspond pas parfaitement à l'ordre chronologique des feuillets, en partie restitué après l'opération), cartes (article 2) et périodique La Boîte aux lettres du Vieux Pressoir (article 3).
Autre instrument de recherche
Répertoire numérique détaillé saisi sous le logiciel Mnesys par Bérangère Fourquaux, conservateur en chef du patrimoine (septembre 2020).
Documents en relation
Institut Georges Pompidou, programme d'archives orales : un entretien (durée 1h50) avec Antoine Bonifacio.
Bibliographie
Se reporter à la liste des écrits d'Antoine Bonifacio (ouvrages d'enseignement de l'histoire exclusivement) recensée par l'Institut Georges Pompidou, Programme d'archives orales : biographies et index, mai 2016 (p. 33-35).
BONACORSI, Pascal, « Au service de la 'plus grande France'. Histoire et mémoire des Corses en Indochine, XIXe-XXe siècle », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, 2014/1, n°38, p. 91-101.
Disponible en ligne : https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-l-institut-pierrerenouvin1-2014-1-page-91.htm
CAUDERLIER, Patrice, notice nécrologique d'A. Bonifacio dans L'Archicube. Revue de l'Association des anciens élèves, élèves et amis de l'Ecole normale supérieure, n°29 bis, numéro spécial, février 2021, p. 71-76. [Notice rédigée notamment à partir des documents conservés en 1AE/160] [CADN, 8°8794]
Signalons les recherches en cours (2021) de P. Cauderlier sur la revue La Boîte aux lettres du Vieux Pressoir.
Mots clés matières
Mots clés producteurs
Cote/Cotes extrêmes
Date
Présentation du contenu
- Une facture de tailleur à Tokyo, 3 juillet 1936 (11e année de l'ère Showa)
- Un numéro de La Boîte aux Lettres du Vieux Pressoir, 10e levée, 1939 (manuscrit, ronéotypé, non paginé). Revue d'anciens élèves de l'École normale. Ce numéro contient l'annonce de la naissance de José Bonifacio à Téhéran dans la rubrique « Noms, adresses, nouvelles ».
Sommaire : Jean Stoetzel, « La popularité en images » ; M.E. Nahmias, « Le cyclotron. La physique atomique et la biologie » ; Jean Chauvineau, « Réflexions sur l'éducation des enfants » ; Jean Margot-Duclot, « Un été dans les vallées vaudoises de Piémont » ; Noms, adresses, nouvelles.
- Une lettre de la mère de Lucette Bonifacio (Verdun, 20 mars 1939) envoyée à Téhéran (contient une photo d'enfant et 2 factures de trousseau de bébé acheté pour le petit José).
- Fiches bibliographiques manuscrites d'Antoine Bonifacio : références d'écrits d'auteurs anciens sur la Perse [1937-1939].
- Une carte de visite de Marcel Bleuzet [secrétaire-interprète à la légation de France à Téhéran, en fonction dans ce poste de 1928 au 5 février 1942] avec notes manuscrites au dos [1937-1939].
- 9 photographies (groupe d'amis en randonnée, à Venise place St-Marc ; un homme et ses 2 jeunes enfants ; une jeune femme, sans doute Lucette) [s.d.].
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