Europe, Communisme dans le monde

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Europe, Communisme dans le monde

Cote/Cotes extrêmes

484QO (Cote de commande)

Date

1934-1978

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Description physique

194 articles, 79 cartons, 8,69 ml.

Origine

Direction Europe, sous-direction d'Europe orientale

Histoire de la conservation

Sous-série organisée par la cellule documentaire créée à la sous-direction d'Europe orientale et installée au Quai d'Orsay. Ces dossiers ont été versés le 29 décembre 1986 puis transférés en 2009 au centre des archives diplomatiques de la Courneuve sous la cote 415INVA. Ils ont fait l'objet d'un premier traitement sous la direction de Pascal Even, conservateur général du Patrimoine, puis repris en 2018 par une stagiaire sous le responsabilité de Sylvie Prudon, secrétaire de chancellerie, et Séverine Blenner-Michel, conservateur en chef du patrimoine, et enfin révisé, complété, reconditionné et recoté en 484QO en juillet 2021 par Chloé Echalier, stagiaire, sous la direction de Céline Brugeat-Peuffier, responsable de fonds.

Modalités d'entrées

Versement administratif effectué le 29 décembre 1986.

Présentation du contenu

Ce fonds documentaire, constitué par la sous-direction d'Europe orientale, retrace l'expansion du communisme dans le monde de 1938 jusqu'à la fin des années 1970. Toutefois l'essentiel des dossiers couvre les années 1950-1970, décennies marquées par la Guerre froide. Plus que la découverte de nouveaux évènements, ce fonds offre une grande complémentarité dans ses sources documentaires. On y trouve en effet de nombreux documents d'origine étrangère, issus tant de l'écosystème communiste (URSS, pays satellites, partis communistes d'Europe de l'Ouest) que du bloc occidental, à l'image des nombreux rapports élaborés par Radio Free Europe, station de radio financée par la CIA. A cela s'ajoutent des dépêches des postes diplomatiques, des notes de synthèse élaborées par la sous-direction ainsi que les documents des services français de renseignement. La série des « chrono » répertoriée en fin d'instrument de recherche (art. 186-194) conserve l'ensemble des notes produites par le service par ordre chronologique sans distinction de thème.

Une première série d'articles rassemble des documents relatifs à ce mouvement communiste international (art. 1-28) dont les actions, coordonnées par l'URSS, visaient à propager l'idéologie communiste à travers le monde (art. 1-7). Les vecteurs de cette promotion internationale sont multiples. Les organisations internationales cryptocommunistes, à l'image du Conseil mondial de la paix ou bien encore le Congrès de la jeunesse, sont des façades auxiliaires du mouvement se donnant pour mission de développer les valeurs de paix et d'entraide entre les peuples (art. 8-12). Les internationales syndicales, sous l'égide de la Fédération syndicale mondiale, défendent les intérêts de ce qu'elles qualifient de « prolétariat mondial » (art. 13). Ce mouvement communiste international est présenté, au travers de nombreux articles de presse, comme un instrument de propagande, d'unification et de contrôle de l'ensemble des partis communistes placé sous l'égide soviétique. Ces partis communistes nationaux (art. 14-28) forment les structures militantes les plus actives à travers le monde : en Europe de l'ouest (art. 14-24), notamment les partis communistes français (art.15-21) et italien (art. 22), en Amérique (art. 25), en Afrique du Nord-Moyen-Orient (art. 26) et en Asie (art. 27-28)[1]. L'apparente cohésion s'effrite toutefois au sein même du mouvement, à l'exemple des tensions entre l'URSS et la Chine. Des dissensions apparaissent également au cœur des partis ; ainsi des voix s'élèvent au sein du parti communiste français pour dénoncer l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie (1968).

 

Le principal dossier de ce fonds porte sur l'URSS (art. 29-111). Une première partie permet de mieux comprendre le fonctionnement de l'Etat soviétique (art. 29-42). Les dossiers abordent le complexe enchevêtrement des liens entre le PCUS et l'Etat, le rôle du Soviet suprême (art. 29-35), les textes constitutionnels régissant l'URSS (art. 36) ainsi que l'action de l'administration et des différents ministères (art. 37-42), notamment ceux de l'Intérieur et de la Justice. Le caractère autoritaire du régime soviétique se manifeste par l'action de surveillance de la police politique et des services de renseignements (art.38) et par la répression dans les camps de travail forcé (art. 40). Enfin, dans un dossier plus général sont évoqués certains aspects de la politique intérieure soviétique (art. 43-88), en particulier la composition des gouvernements successifs (art. 43-45).

Le Parti communiste de l'Union soviétique est le centre névralgique du régime (art. 46-66). Les congrès du parti réunissant l'ensemble des délégués du PCUS (art. 49-58) sont rythmés par les conférences préparatoires, les sessions plénières et les discours. Les nombreux rapports d'activité montrent l'importance de ces congrès dans la vie politique soviétique. Le Comité central (art. 59-61) et son Politburo demeurent les organes de décision suprême.

Une abondante documentation décrit la vie politique soviétique (art. 62-88) et ses dirigeants (art. 64-69). Malgré une apparente unité du régime, tensions et rivalités se manifestent au sein du PCUS : le complot des médecins (art. 65), l'affaire Béria (art. 66) ou encore la question de la déstalinisation lors de la période khrouchtchévienne sont autant de manifestations de ces luttes intestines.

L'idéologie officielle est véhiculée par les nombreux discours, notamment ceux des secrétaires du PCUS (art. 70-88). Toutefois pour s'assurer de la pleine adhésion de toutes les couches de la société, le régime met en place un système de propagande et d'endoctrinement généralisé (art. 89-99), qui trouve un certain succès à travers des manifestations populaires : commémorations de la Révolution d'Octobre ou célébration des travailleurs lors du 1er mai. Un des évènements les plus spectaculaires fut les cérémonies du centenaire de la naissance de Lénine, organisé en 1970 au Palais des Congrès du Kremlin en présence de plus d'une centaine de délégations étrangères de partis communistes. L'Union des jeunesses léninistes communistes (Komsomols), organisation dont la structure est calquée sur le PCUS, revêt quant à elle un rôle idéologique essentiel dans l'éducation politique de la jeunesse (art. 98-99).

Organisée en fédération (art. 100-103), l'Union soviétique décline son autorité dans les républiques soviétiques à travers les soviets locaux. Déterminé à asseoir la domination russe, l'Etat impose aux minorités nationales des républiques fédérées un modèle social et culturel unique, en tenant de gommer toutes spécificités régionales. Malgré cette pression de Moscou, des mouvements nationaux réussissent à émerger, notamment en Moldavie.

La politique étrangère de l'URSS (art.104 à 106) est ensuite succinctement présentée à travers ses aspects militaires et diplomatiques, de même que les questions économiques telles la planification et l'organisation du système productif soviétique (art. 107-109). Un dernier dossier traite des affaires religieuses en URSS (art. 110-111), et notamment des relations de l'Etat avec les Églises catholique et orthodoxe.

 

La seconde grande partie de ce fonds présente les relations de l'URSS avec les autres pays, qu'ils soient acquis au communisme ou non.

La première région étudiée est celle de l'Europe de l'Est (art. 112-152). Un volet général aborde les problématiques régionales (art. 112-116). Il est question des relations qu'entretenaient les pays de l'Est entre eux, tant sur le plan économique avec le Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM ou COMECOM) que sur le plan militaire avec le Pacte de Varsovie. De nombreux rapports de l'OTAN viennent compléter cette analyse sur ces relations régionales et celles entretenues avec l'extérieur. Chacun de ces pays du bloc de l'Est est ensuite examiné sous l'angle des relations économiques, militaires et culturelles qu'il entretient avec l'URSS. Le contexte général de chaque pays y est également développé : l'Albanie (art. 117), l'Allemagne de l'Est (art. 118), la Bulgarie (art. 119-122), la Hongrie (art. 123-124), la Pologne (art. 125-133), la Roumanie (art. 134), la Tchécoslovaquie (art. 135-139) et la Yougoslavie (art. 140-152). Ces dossiers révèlent autant l'entente avec l'URSS, à l'image de l'échange de visites diplomatiques et de signatures de traités d'amitié, que les tensions, à l'exemple de la dégradation de la relation soviéto-yougoslave menant jusqu'à la rupture de leurs relations diplomatiques (1948-1949).

La seconde région étudiée est la zone Asie-Océanie (art. 153-185). Le principal acteur est la République Populaire de Chine (art. 153-168). Après une présentation de la politique intérieure chinoise (art. 153-156), les dossiers rassemblent de nombreux documents évoquant ses relations avec Moscou (art. 157-166), de la coopération économique et militaire des années 1950 au virulent conflit des années 1960. Ces tensions se manifestent notamment à travers les conflits frontaliers au Xinjiang et en Mongolie extérieure (art. 164-166). La Chine ménage également ses intérêts dans le reste de la zone asiatique (art. 167) et initie des démarches diplomatiques et économiques en Afrique (art. 168).

L'ampleur de la mobilisation de la diplomatie soviétique vers les pays asiatiques, notamment lors des nombreuses visites bilatérales à partir de 1955, révèle la concurrence sino-soviétique dans cette zone : en Inde et au Pakistan (art. 169-171) ; au Japon (art. 172-173) ; en Afghanistan (art. 174) ; en Birmanie (art. 175) ; au Cambodge (art. 176) ; en Corée du Nord (art. 177) ; en Indonésie (art. 178) ; au Laos (art. 179) ; en Malaisie (art. 180) ; au Tibet (art. 181) et enfin au Vietnam (art. 182-185), conflit majeur de la Guerre froide.

 

[1]Le lecteur trouvera également des éléments complémentaires sur les partis communistes dans le fonds documentaire organisé par zone (art. 112-185).

Mode de classement

La constitution des dossiers a été respectée. Les dossiers ont été présentés selon une arborescence thématique.

Conditions d'accès

Les documents sont soumis aux délais de communicabilité des archives publiques prévus par le Code du patrimoine.

Conditions d'utilisation

Libres

Autre instrument de recherche

L'inventaire intitulé Direction Europe, Le Communisme dans le monde, 1934-1978, a été réalisé par Chloé Echalier en 2021. Voir l'inventaire

Documents en relation

208QO, Europe, URSS, 1944-1976 et les autres séries du fonds Europe de la même période.

1929INVA, Europe, 1976-1980, dont la série « Communisme », 1929INVA/4320-1929INVA/4338.

119QO, Asie, Chine, 1944-1972.

752INVA, Asie, Chine, 1973-1980.

481QO, Europe, Coopération économique avec l'Europe orientale, 1967-1984.

Bibliographie

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Ouvrages généraux :

 

CARRERE D'ENCAUSSE Hélène, L'URSS de la Révolution à la mort de Staline : 1917-1953, Paris, Éditions Points, 2017.

 

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