Cote/Cotes extrêmes
Date
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Importance matérielle
Origine
Biographie ou Histoire
L'histoire du réseau consulaire français en Cilicie tourne autour des trois principales villes de la province, Tarsous, Adana et Mersine.
C'est d'abord à Tarsous que fut nommé, en 1816, le premier agent consulaire français dans la province. L'initiative en avait été prise par le consul de France à Alep, qui voulait ouvrir cette place au commerce des négociants français de sa résidence. Située au milieu d'une plaine fertile, la ville de Tarsous regorgeait en effet de quantité de marchandises, parmi lesquelles du coton et des grains ainsi que du cuivre apporté de Tokat par les caravanes de l'intérieur. L'agence devait relever à la fois du consulat d'Alep et de celui de Larnaca, à Chypre. Le rattachement partiel de Tarsous au consulat de Larnaca avait son origine dans l'article 17 du titre II de l'ordonnance de 1781 concernant les consulats dans les Echelles du Levant et de Barbarie, qui plaçait toute la côte de la Caramanie dans le département du consulat de Chypre, et qu'une instruction ministérielle du 18 janvier 1816 avait provisoirement remis en vigueur.
Les premiers agents nommés à Tarsous furent des négociants français, tolérés par la Porte, puis, à partir de 1827, des officiers du roi appointés. En 1834, le poste fut transformé en consulat puis redevint vice-consulat en 1848.
Le développement, à partir du début des années 1840, du village de Mersine, sur la côte, amena le consul à y nommer un agent pour régler les questions maritimes relevant de ses fonctions, puis à s'y installer lui-même, vers 1850, lorsque l'importance de la ville surpassa celle de Tarsous. Cette dernière continua cependant de figurer officiellement comme lieu de résidence du vice-consul.
A Adana, chef-lieu du vilayet de la Cilicie, la France possédait également, depuis les années 1840 au moins, une agence consulaire non rétribuée. Elle fut supprimée en 1891, à la suite du décès de son dernier titulaire, le ministère des Affaires étrangères ayant jugé son maintien inutile dans la mesure où la construction d'une voie ferrée reliant Adana à Mersine avait réduit à deux heures le temps de transport entre les deux villes. Mais il dut revenir sur sa décision. La Sublime Porte venait en effet de prendre, en 1885, de nouvelles dispositions concernant les consuls étrangers dans l'Empire, qui limitaient théoriquement leur domaine d'intervention à la ville où ils avaient établi leur résidence. Dans la pratique, le vice-consul de France, censé résider à Tarsous, n'était pas empêché d'exercer ses fonctions à Mersine mais, en revanche, il n'avait aucune position officielle à Adana où, pourtant, il apparaissait nécessaire de pouvoir réclamer, en cas de besoin, l'intervention du vali en faveur des établissements religieux situés dans la ville ou disséminés dans la province. Aussi le Département décida-t-il, en 1895, de supprimer le vice-consulat de France à Tarsous et de le remplacer par un vice-consulat créé à Adana, dont le titulaire résidait à Mersine, d'où l'appellation usuelle du poste par la suite de vice-consulat de France à Mersine et Adana.
Le vice-consulat fut fermé pendant la Première guerre mondiale et les intérêts français, confiés au vice-consulat d'Espagne à Mersine.
A partir de 1919, la Cilicie fut administrée par les autorités françaises et, en février 1921, le vice-consulat de France à Mersine et Adana fut rouvert, relevant du délégué du haut-commissaire pour la Cilicie établi à Adana. Mais dès le mois de mars, la province était rétrocédée à la Turquie lors de la conférence de Londres et cet abandon, confirmé le 21 octobre par l'accord d'Angora avec le gouvernement turc. Une mission française fut alors envoyée en Cilicie pour garantir l'application de cet accord. Son chef résidait à Adana, tandis que Mersine était le siège d'une délégation. A la fin de 1922, la mission cessa ses activités et un agent français fut laissé à Adana avec le titre de consul de France, mais ce n'est qu'en septembre 1925 que le poste fut reconnu officiellement par les autorités turques sous la dénomination de consulat de France à Adana et Mersine. La résidence du consulat était établie à Adana et une chancellerie détachée ouverte à Mersine.
En 1939, la rétrocession à la Turquie du sandjak d'Alexandrette et la nécessité d'établir un consulat à Antioche sonna le glas de la présence consulaire française en Cilicie, plus éloignée de la frontière syrienne : la chancellerie détachée de Mersine fut fermée le 15 février 1941.
Histoire de la conservation
Ses archives furent expédiées à Alexandrette, siège d'une chancellerie détachée dépendant du consulat de France à Antioche. En 1949, le consulat de France à Antioche et la chancellerie détachée d'Alexandrette fermèrent à leur tour et leurs archives furent envoyées au consulat général de France à Izmir. Le 1er décembre 1971, à la fermeture du poste d'Izmir, elles furent expédiées à l'ambassade de France en Turquie, dont la circonscription consulaire comprenait les vilayets d'Adana et du Hatay depuis un arrêté du 1er juin 1967.
Modalités d'entrées
Rapatriées à Paris en 1980, elles ont été transférées à Nantes en août de la même année.
Présentation du contenu
Les archives du poste les plus anciennes n'ont pas été conservées. En 1840, un inventaire faisait état de dossiers qui remontaient à 1817, mais ils n'existaient déjà plus quelques années plus tard, en raison peut-être des circonstances dramatiques dans lesquelles les troupes égyptiennes avaient quitté Tarsous, en 1840, après plusieurs années d'occupation en Cilicie. A la fin du XIXe siècle, les inventaires signalent des archives encore importantes et relativement anciennes, mais des déménagements successifs et le climat délétère de Mersine en détruisirent ensuite la plus grande part si bien qu'aujourd'hui elles comptent peu de documents antérieurs à la création du vice-consulat de France à Adana et Mersine, en 1895.
Ce qui subsiste a été classé en deux parties : la première comprend la correspondance et les dossiers ; la seconde, les registres de chancellerie. Ce mode de classement permet de rendre compte du fait que certains registres de chancellerie, ouverts avant 1914, ont continué à être utilisés après la guerre.
Au sein de cet ensemble se détachent les belles séries de correspondance et les dossiers d'affaires particulières, nombreux, qui donnent une image vivante de la colonie et des intérêts français dans la province de la fin du XIXe siècle à 1939.
Parmi les dossiers sur les communautés chrétiennes, objets de la protection et de la continuelle sollicitude des consuls, le petit dossier sur la Trappe de Cheiklé près Akbès (carton 34), où séjourna Charles de Foucauld de 1890 à 1896, est digne d'être signalé. Il renferme en effet plusieurs dizaines de lettres des abbés qui rendent assez bien compte des tracasseries administratives auxquelles étaient confrontées les congrégations dans l'empire ottoman.
Inévitablement le nom d'Adana évoque les massacres d'Arméniens qui furent commis dans la province en avril 1909. Il existe un petit dossier sur ces événements dans le carton 33 du fonds. Il est précieux à plusieurs titres : tout d'abord par les témoignages qu'il contient sur la tragédie, au nombre desquels figurent quelques lettres envoyées par le drogman que le consul avait à Adana, L. Khoubesserian ; ensuite parce qu'il renferme les réclamations d'indemnités formulées par les négociants français et les autorités religieuses qui furent également victimes des dommages causés dans la ville. En revanche, on ne trouvera pas trace dans le fonds des télégrammes que le consul adressa à l'ambassade pour demander de l'aide : le registre des télégrammes de 1899 à 1909 (article 30) n'en contient pas au départ pour l'année 1909, sans doute parce qu'ils avaient été transcrits sur des pages qui ont été perdues. Mais les télégrammes reçus de Paris et de Constantinople sont conservés et rendent bien compte de la délicate position des autorités françaises, soucieuses de renfermer dans les limites d'une stricte neutralité la protection qu'elles offraient aux sinistrés : le gouvernement envoya de Toulon dès le 16 avril un croiseur ayant pour mission de « donner refuge à la colonie française et d'une manière générale aux étrangers, aux indigènes et aux chrétiens dont la vie serait en péril », débloqua des crédits pour permettre la distribution de vivres et de secours aux réfugiés, mais interdit au commandant du bâtiment de débarquer des hommes pour prendre part à des opérations de police, si les commandants des autres navires étrangers présents sur rade ne faisaient pas de même. Sur les événements qui suivirent le massacre, on consultera la correspondance avec l'ambassade (registre 8) : état d'esprit de la population, retour des Arméniens, châtiment de quelques coupables, reconstruction de la ville, les nouvelles que donne le consul sur la situation à Adana sont détaillées et régulières tout au long des années 1909 et 1910.
Signalons enfin, parmi les archives produites par la chancellerie détachée dans l'entre-deux-guerres, les documents qui ont trait à la question des optants et du règlement des biens syriens (cartons 57-58) sans oublier, dans le carton 60, le dossier sur les sépultures des militaires français morts pendant la campagne de Cilicie, qui contient deux émouvantes photographies du cimetière militaire de Mersine.
Langue des unités documentaires
Autre instrument de recherche
Répertoire numérique des archives rapatriées du vice-consulat de France à Tarsous puis à Mersine et Adana (1833-1914) puis de la délégation à Adana de la mission française en Cilicie pour l'application de l'accord d'Angora puis chancellerie détachée à Mersine du consulat de France à Adana et Mersine (1921-1941), par Sylvie Louis-Aublé, archiviste, sous la direction d'Anne-Sophie Cras, chargée d'études documentaires, août 2008, 17 p., dactyl.
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