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Origine
Biographie ou Histoire
Georges SCAPINI est né le 4 octobre 1893 dans le Xe arrondissement de Paris. Après son baccalauréat, il est incorporé en 1912 au 39e régiment d'infanterie. Il est grièvement blessé à Neuville-Saint-Vaast en Artois, lors des attaques de septembre-octobre 1915. Atteint d'une cécité totale et définitive, il apprend la dactylographie puis le Braille et fait des études de droit en bénéficiant des avantages offerts aux anciens combattants. Avocat inscrit au Barreau de Paris, il s'investit dans le mouvement anciens combattants et victimes de guerre, notamment comme président de l'Union des Aveugles de Guerre ; en novembre 1927 il préside les États-généraux de la France meurtrie qui se réunissent dans la salle du Congrès à Versailles. Il entre sur la scène politique aux élections législatives d'avril 1928 en conquérant la 1ère circonscription du XVIIe arrondissement de Paris. Réélu en 1932 et en 1936, il siège sur les bancs de la droite nationaliste qui incarne les idées qu'il défend à la tribune et dans les commissions parlementaires : l'ordre, l'anticommunisme, le réarmement, l'hostilité à la politique sociale du Front populaire, la défense des anciens combattants. En 1936 il devient président du Comité France-Allemagne, fondé en novembre 1935 pour promouvoir la réconciliation entre les deux pays, dont les chevilles ouvrières sont Fernand de Brinon et Otto Abetz. Il rencontre Hitler à deux reprises et plusieurs fois Ribbentrop ; mais après l'invasion de la Tchécoslovaquie en mars 1939, le Comité est progressivement mis en sommeil. En août 1939, de plus en plus marqué par le pacifisme, Georges Scapini devient membre du comité de liaison parlementaire pour la défense de la paix. A Vichy le 10 juillet 1940, il vote les pouvoirs constituants au maréchal Pétain. Le nouveau Chef de l'État lui confie officiellement, par lettre du 31 juillet 1940, la mission de « traiter avec le Gouvernement allemand les questions relatives aux prisonniers de guerre », avec rang et prérogatives de ministre plénipotentiaire (décret du 20 août 1940) puis d'ambassadeur de France (décret du 22 septembre 1940), ce qui le met au même rang qu'Abetz, son interlocuteur à Paris. À Berlin, il signe le protocole du 16 novembre 1940 qui substitue la France aux États-Unis comme puissance protectrice des prisonniers de guerre français, premier résultat de la politique de collaboration annoncée à Montoire. Se partageant entre Paris, siège du Service diplomatique des prisonniers de guerre (S.D.P.G.) dont il est le chef, Genève, Berlin et les visites de camps en Allemagne, ses pouvoirs sont étendus par décret du 17 mai 1942 -non publié au Journal officiel-. Dans le cadre du rétablissement de relations diplomatiques limitées entre la France et l'Allemagne, consécutif à la signature des accords Abetz-Benoist-Méchin du 5 février 1942, le S.D.P.G. reçoit « délégation générale du Gouvernement français pour traiter toutes questions concernant les biens et intérêts français ainsi que la main d'œuvre française en Allemagne ». Assumant la direction de cette délégation, Georges Scapini devient chef de la Direction des services officiels français en Allemagne (D.S.O.F.A.) qui coiffe deux composantes : la délégation française de Berlin du S.D.P.G. (D.F.B.), pour les prisonniers de guerre, et les offices consulaires ou S.O.F. (service officiel français à Berlin, Dresde, Munich, Francfort et Hanovre) qui relèvent du secrétariat d'État aux Affaires étrangères. En août 1944, dans les jours qui précèdent la Libération, Georges Scapini décide de quitter Paris pour continuer sa mission auprès de la délégation du S.D.P.G. à Berlin. Il rencontre Pétain à Sigmaringen en octobre, mais refuse de transmettre ses pouvoirs à la Commission gouvernementale présidée par de Brinon. En décembre 1944, il est interné par les Allemands en Basse-Silésie et donne sa démission de représentant de la puissance protectrice des prisonniers de guerre. Devant l'avance russe, il échappe à l'évacuation vers l'Autriche et revient à Berlin en février 1945. Coupé de tout, en plein cœur des combats, il tente de poursuivre la mission de protection des prisonniers en essayant de nouer un contact avec le Gouvernement provisoire qui, dès le 7 septembre 1944 avait déclaré nulle par décret, son élévation à la dignité d'ambassadeur de France. Il quitte Berlin le 6 mai 1945, pris en charge par la sécurité militaire qui le convoie jusqu'à Paris. Dès son arrivée le 18 mai, il est arrêté, inculpé d'intelligence avec l'ennemi et incarcéré à Fresnes. Remis en liberté provisoire en 1946, il choisit de ne pas se présenter à l'audience de la Cour de justice de la Seine qui s'ouvre le 14 novembre 1949 et se réfugie en Suisse puis en Espagne. Il est condamné par contumace le 19 décembre 1949 à 5 ans de travaux forcés pour « faits de nature à nuire à la Défense nationale ». Revenu en France pour comparaître devant le Tribunal militaire de Paris, il est acquitté le 25 juillet 1952 mais non rétabli agent diplomatique. Il livre sa version de son action à la tête du S.D.P.G. dans « Mission sans gloire » qui paraît en 1960. Il meurt à Cannes le 25 mars 1976.
Histoire de la conservation
Trouvés en déshérence dans des locaux industriels à Gennevilliers en 2009, les documents qui font l'objet du présent inventaire, proviennent en majeure partie des archives administratives du Service diplomatique des prisonniers de guerre (S.D.P.G.). À la Libération, celles-ci sont dévolues au ministère des Prisonniers Déportés et Réfugiés. En novembre 1944, Pierre Cézard, conservateur aux Archives nationales, est chargé d'établir un rapport et un inventaire sommaire des archives Scapini, qui, en septembre 1945, sont toujours empilées « en équilibre instable le long des murs ». En 1946 elles sont versées à la Cour de justice de la Seine dans l'attente du procès de Georges Scapini qui a lieu en 1949. En 1950 elles se trouvent toujours au greffe de la Cour d'appel de Paris ; il faut attendre janvier 1952 pour que le ministère des Anciens Combattants qui les a récupérées dans l'intervalle, les verse avec les archives des autres organismes prisonniers de guerre aux Archives nationales, où elles intègrent la sous-série F9. Abondantes pour le bureau d'études, les archives du S.D.P.G. sont par contre très réduites pour les services des libérations et congés de captivité et du courrier privé. Elles sont inexistantes pour le secrétariat particulier, le service administratif et le service de presse ; on en ignore les conditions de disparition. C'est une partie des archives du secrétariat particulier et du service administratif qui réapparaissent aujourd'hui. La présence en leur sein de papiers personnels de Georges Scapini antérieurs et surtout postérieurs à la Deuxième guerre mondiale, prouve qu'il est entré en possession de ces archives à une date et dans des circonstances indéterminées.
Modalités d'entrées
Don du 7 avril 2009.
Présentation du contenu
Le secrétariat particulier[1] de Georges Scapini traite une correspondance essentiellement constituée de demandes d'interventions en faveur de prisonniers, mais aussi de sollicitations de toutes natures, reflétant la position éminente de l'ambassadeur dans le nouvel État, et laissant deviner la force des réseaux et des liens de patronage dans une société ébranlée dans ses fondements (461PAAP/1 à 24). Parmi les dizaines de milliers de dossiers établis par les services du S.D.P.G., le secrétariat particulier suit les cas des prisonniers spécialement recommandés, ainsi ceux d'une poignée de combattants disparus pendant la campagne de France, transmis ensuite au service des recherches (461PAAP/25). Plus nombreux sont les dossiers constitués en vue d'une demande de libération qui contiennent la correspondance avec les familles ou les intervenants et les pièces justificatives requises. Deux classements avaient été établis :
par camps de prisonniers. Une cinquantaine de camps sont représentés (sur un total d'une centaine), mais de façon très inégale, plusieurs l'étant seulement par quelques documents isolés (461PAAP/26 à 37) ;
par catégories sociales ou professionnelles entrant dans les cadres des concessions accordées par les Allemands à partir de l'accord de novembre 1940 (461PAAP/38 à 47).
Les nombreuses lettres de remerciements envoyées après le retour de prisonniers constituent une preuve d'efficacité légitimant l'action de l'ambassadeur. Des courriers de cette nature, sans doute les plus significatifs, provenant des différents services du S.D.P.G., étaient transmis au secrétariat particulier et classés par ordre chronologique. Ils ont été reclassés par départements après 1945 (461PAAP/48 à 51). Les archives du service administratif du S.D.P.G. ont entièrement disparu à l'exception des documents présentés ici ; ils révèlent un prélèvement ciblé concernant les secours pécuniaires aux familles de prisonniers (461PAAP/53 à 80). Une comparaison entre le fichier des secours et les dossiers nominatifs semble indiquer que ceux-ci forment une série complète, à la différence des dossiers de libération qui ne représentent qu'une infime partie des cas traités par le S.D.P.G. À l'origine, il n'entre pas dans les attributions du S.D.P.G. d'aider matériellement les familles de prisonniers dans la détresse. Mais dans le courant de l'année 1941, des secours pécuniaires commencent à être octroyés en précisant qu'il s'agit d'une libéralité de l'ambassadeur[2]. Le nombre de bénéficiaires, dont les dossiers révèlent les lettres souvent poignantes, reste limité mais prouve la sollicitude de « l'ambassadeur des prisonniers » envers les humbles. Quelques documents comptables (461PAAP/81 à 86) ont été conservés dans le même but : ils concernent les dépenses personnelles de Georges Scapini relatives au fonctionnement du S.D.P.G., ou les secours octroyées aux familles. Les papiers personnels de Georges Scapini constituent le deuxième ensemble du fonds (461PAAP/87 à 100). Ils étaient distincts des dossiers du S.D.P.G. et se présentaient dans un grand désordre révélant un tri sommaire[3] puis un abandon du fait de leur intérêt jugé secondaire. Les documents antérieurs à la Deuxième guerre mondiale sont les plus nombreux (461PAAP/87 à 98). En dehors de quelques pièces isolées liées à ses fonctions d'avocat ou de président du Comité France-Allemagne, la majorité des documents se rapporte à son mandat de député de Paris : dossiers thématiques de documentation et de travail essentiellement constitués de coupures de presse et de pièces imprimées, accompagnées de nombreux résumés en Braille. Quelques dossiers de la période 1940-1944, provenant du secrétariat particulier ou d'autres services du S.D.P.G. et concernant des questions particulièrement suivies par Georges Scapini comme ses relations avec l'Union des Aveugles de Guerre, avaient aussi été mis à part (461PAAP/99). Enfin, le dernier volume est constitué de documents divers, parfois incomplets, relatifs à la préparation de sa défense au procès de 1949 (461PAAP/100).
[1] Le secrétariat particulier de Georges Scapini était constitué de deux bureaux : le bureau principal du 44 rue Cortambert et un bureau annexe rue Théodore-de-Banville qui traitait exclusivement les courriers venant du XVIIe arrondissement, fief électoral de Georges Scapini depuis 1928.
[2] « L'ambassadeur, à titre strictement personnel, et sur ses fonds, accorde parfois un secours à des femmes de prisonniers qui lui paraissent plus particulièrement déshéritées. » Lettre du directeur administratif au maire de Guines, 2 juin 1943, 461PAAP/68.
[3] De la correspondance, des tapuscrits d'interventions de Georges Scapini, qui auraient eu leur place dans ses papiers conservés à Stanford, ont été oubliés au milieu des coupures de presse et de la documentation imprimée.
Autre instrument de recherche
Répertoire numérique par Olivier Chosalland, chargé de mission, La Courneuve, 2012, 29 p. Voir l'instrument de recherche
Documents en relation
Archives du Ministère des Affaires étrangères, La Courneuve
Guerre 1939-1945-Vichy
- Y internationale (9GMII).
173 à 177. Article 20 de la convention d'Armistice, prisonniers de guerre français.
Personnel
- 3e série (395QONT).
265. Dossier individuel de personnel de Georges Scapini.
- Dossiers généraux (392QO).
12. Correspondance avec le S.D.P.G.
Papiers 1940
- Bridoux (398QO).
4. Officiers généraux prisonniers, 1941-1944.
- Brinon (399QO).
5. Compétence des services Scapini à Berlin, 1943.
- Chauvel (402QO).
81. Mission Scapini, 1940-1943.
Unions internationales
- Dossiers de Vichy, juin 1940-1945 (429QO).
1144. Convention de Genève.
1149 à 1165. Prisonniers de guerre.
Haut-commissariat de la République française en Allemagne
- Direction des personnes déplacées et réfugiées, pièces isolées (10PDR).
1 à 88. Correspondance de la Croix-Rouge relative à la recherche de prisonniers de guerre français, 1940-1944.
Archives nationales, Paris
F9. Affaires militaires.
- Sous-commission prisonniers de guerre de la Délégation française auprès de la
Commission allemande d'Armistice, 1940-1941.
2001 à 2006.
- Service diplomatique des prisonniers de guerre (S.D.P.G.), 1940-1944.
2007 à 2801.
- Centre national d'information sur les prisonniers de guerre, 1940-1941.
2806. Relations avec l'ambassade Scapini.
- Direction du service des prisonniers de guerre (D.S.P.G.), 1940-1944.
2814 à 2995.
- Commissariat général aux prisonniers de guerre rapatriés et aux familles de prisonniers de guerre, 1941-1945.
2996 à 3094.
2 AG. Cabinet du maréchal Pétain.
- 89 à 94 et 462. Prisonniers de guerre.
AJ40. Archives allemandes de la Seconde guerre mondiale.
- Der Militärbefehlshaber in Frankreich.
1357. Relations avec l'ambassadeur Scapini.
AJ41. Organismes issus de l'armistice de 1940.
- Direction des services de l'armistice.
445 à 526. Prisonniers de guerre, étrangers.
- Délégation française auprès de la Commission allemande d'Armistice.
1795 à 1797, 1799, 1824 à 1830, 1834 et 1835. Prisonniers de guerre.
Z6. Cour de justice de la Seine.
- 838, dossier 5742. Dossier de procédure du procès Scapini de 1949.
- 1704 à 1731. Scellés de la procédure[1].
Service historique de la Défense
Département de l'armée de Terre, Vincennes
2 P. Cabinet du secrétariat d'État à la Guerre, 5e section.
- 64 et 65. Organisation et attributions des services s'occupant des prisonniers de guerre.
Bureau des archives des victimes des conflits contemporains, Caen
AC 22 P 3027, 3033 et 3034. Service diplomatique des prisonniers de guerre. Bordereaux des dossiers de prisonniers de guerre, listes, suivi de procès (1940-1944).
Justice militaire, Le Blanc
Tribunal militaire de Paris.
- Dossier d'instruction du procès Scapini de 1952, 7 cartons.
ÉTATS-UNIS
Hoover Institution Archives, Stanford University, Californie
Papiers Georges Scapini[2].
- 29 cartons, 1928-1976.
RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D'ALLEMAGNE
Archives fédérales, Berlin
R 43-I. Chancellerie du Reich.
- 1444. Activité de l'ambassadeur Scapini à Berlin en 1942.
Archives fédérales, département des archives militaires, Fribourg-en-Brisgau
RW 6. Allgemeines Wehrmachtamt.
- 270. Correspondance avec la mission Scapini, 1941-1945.
CONFÉDÉRATION HÉLVETIQUE
Archives du Comité international de la Croix-Rouge, Genève
A PV. Procès-verbaux de l'Assemblée du CICR et de ses commissions.
B G 17/51. Camps en France : Mission Scapini.
B G 8/51. Délégation du CICR en France.
B G 3/26. Délégation du CICR en Allemagne.
B G 3/51. Missions en France.
B G 85. Relations avec le Gouvernement et la Croix-Rouge français.
[1] Les scellés contiennent les archives que Georges Scapini avait fait enterrer dans le jardin de l'ambassade de France à Berlin, fin 1944. Exhumées sur ses indications, le ministère des Affaires étrangères les met à la disposition de la Cour de justice en 1949. Celle-ci accorde alors à Georges Scapini un report d'audience pour permettre à ses avocats de les étudier. Après le jugement par contumace de Scapini, une note du 20 décembre 1949 (AN, Z6 838, 5742), prescrit d'ajourner leur restitution aux Affaires étrangères jusqu'à l'organisation d'un procès contradictoire&
Ces archives sont constituées de 20 liasses de la D.F.B. (Z6 1706 à 1723) qui complètent les abondantes archives de la délégation conservées au siège du S.D.P.G. à Paris (F9 2661 à 2800), et de 10 liasses de la D.S.O.F.A. pour 1944 (Z6 1724 à 1731), particulièrement intéressantes car cette institution a laissé peu de témoignages. Les S.O.F.A. sont des offices consulaires dirigés par des diplomates de carrière (Noël Henry, Édouard. de la Chauvinière, Gontran de Juniac&) ; en relation avec la sous-direction des chancelleries à Vichy et à Paris, ils traitent des questions souvent complexes concernant les civils français présents sur le territoire du Reich : état civil, reconnaissance d'enfants, mariage, acquisition de nationalité française.
[2] Inventaire consultable à l'adresse suivante : https://findingaids.stanford.edu/xtf/view?docId=ead/hoover/scapinge.xml;query=;brand=default
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