Papiers Joseph BRESSON (1798-1847)

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Papiers Joseph BRESSON (1798-1847)

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Date

1798-1847

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Description physique

16 articles, soit 2ml

Origine

BRESSON, Joseph

Biographie ou Histoire

Né à Épinal le 27 mars 1798, Charles Joseph Bresson était le fils du chef de la comptabilité du ministère des Affaires étrangères qui fut député des Vosges à la Convention et au Conseil des Cinq-Cents avant de se distinguer en 1815 par sa participation à l'évasion de la Conciergerie de l'ancien Ministre des Postes de l'Empire, le comte Marie-Antoine Chamans de Lavalette[1].

Après des études au Lycée de Nancy et au Collège Louis-le-Grand, Charles Bresson fut très tôt destiné à la diplomatie : il entre au ministère des Affaires étrangères sous les auspices de son père dès 1817. Commence alors une longue carrière, au cours de laquelle il gravit progressivement tous les échelons de la hiérarchie diplomatique : secrétaire d'ambassade, chargé d'affaire, ministre plénipotentiaire, ambassadeur (et, l'espace de trois jours, ministre).

De 1820 à 1830, il occupe diverses fonctions dans la représentation de la France en Amérique et voyage beaucoup. Le baron Hyde de Neuville, ministre plénipotentiaire de la France aux États-Unis entre 1816 et 1821, le charge d'une mission en Colombie. Le 23 janvier 1823, alors qu'il est revenu à Washington comme deuxième secrétaire de la Légation de France, il épouse Catherine Livingstone Thompson (1797-1824), la fille du secrétaire d'État à la Marine des États-Unis qui devient par la suite juge à la Cour Suprême ; un fils, Léopold, naît de cette brève union le 23 janvier 1824.

Après la révolution de Juillet en 1830, il échange le poste de premier secrétaire à Washington contre celui de premier secrétaire de Légation à Londres, où il devient le collaborateur du prince de Talleyrand, qui sera son mentor. Il y noue des amitiés durables, notamment avec le baron de Barante. En 1830, il part en Suisse notifier l'avènement de Louis-Philippe.

Il est l'un des deux secrétaires chargés de faire accepter par le gouvernement provisoire belge les décisions de la conférence de Londres et négocie le mariage du nouveau roi de Belgique Léopold avec la princesse Louise d'Orléans, s'attirant ainsi la faveur de Louis-Philippe.

Il devient ministre de France en Hanovre puis en Bavière avant d'être appelé, en 1833, au poste de chargé d'affaires à Berlin, où il parvient à rétablir les relations de la France avec la Prusse tout en évitant une alliance trop intime de celle-ci avec la Russie. Fort de ses succès antérieurs, il est nommé par Louis-Philippe le 10 novembre 1834, en pleine crise politique, ministre des Affaires étrangères du ministère Maret ; mais il n'a pas le temps de rejoindre Paris que le gouvernement est déjà tombé : Hugues-Bernard Maret (1763-1839), duc de Bassano, démissionna dès le 13 novembre et fut remplacé le 18 par Édouard Mortier.

Resté à Berlin en tant qu'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, Charles Bresson négocie en 1837 avec le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, le mariage du Prince royal, Ferdinand-Philippe d'Orléans, avec la Princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin, la nièce du roi[2]. Le mariage est célébré le 30 mai 1837 au château de Fontainebleau. Très apprécié de la société berlinoise, il se fait remarquer par le pouvoir royal français pour son habileté : « le comte Bresson, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire en Prusse, avait su s'emparer de l'esprit du prince de Wittgenstein, ami d'enfance et conseiller fort écouté du roi Frédéric-Guillaume et mener à bien les négociations du mariage »[3]. Imbert de Saint-Amand le décrit comme un « orléaniste passionné »[4] et comme « un diplomate de carrière qui avait conquis tous ses grades par son zèle et son mérite »[5]. François Guizot, qui fut son supérieur en tant que ministre des Affaires étrangères, en fait le portrait suivant dans ses mémoires : « c'était un homme d'un dévouement éprouvé, d'un esprit droit, net et ferme, d'un caractère plein de passion et d'empire ; observateur sagace sans subtilité, acteur vigilant et ardent avec persévérance, quoique sujet à des accès d'abattement et d'inquiétude »[6].

Après ce succès diplomatique, Louis-Philippe le fait comte en 1837 : « reprenant la particule que ses ancêtres, qui appartenaient à une vieille famille de Lorraine, avaient quittée au moment de la Révolution, il s'appela désormais le comte de Bresson »[7]. Puis il est nommé pair de France le 6 mai 1839, parvenant ainsi au sommet de l'échelle sociale. Il y retrouvera le philosophe Victor Cousin, dont il a suivi l'enseignement et à qui il voue une admiration sans borne d'après une de ses lettres : « c'est de vous que j'ai reçu les premières, les plus vives et les plus saines impressions ; et en lisant, il y a quelque temps, l'article que vous a consacré l'auteur de la Galerie des contemporains illustres, je me disais que je n'avais pas été seulement un des auditeurs les plus assidus de vos cours du collège Duplessis, mais un des élèves de la classe supplémentaire de ce bon vieux M. Goffaux, et l'un de ceux qui vous reconduisaient le plus fidèlement jusqu'à la porte de l'École normale, avide de recueillir vos enseignements et vos moindres paroles. Je ne sais pas si vous avez jugé que j'ai mis à profit ces heures précieuses ; le souvenir, du moins, m'en est bien cher, et les années qui nous en éloignent, en s'accumulant, ne l'effacent pas »[8].

À la Chambre Haute, il défend le projet des fortifications de Paris en 1841. Cette même année, à 43 ans, il épouse Louise-Charlotte Pechpeyrou Comminges de Guitaut, issue d'une famille d'ancienne noblesse de Bourgogne (marquisat d'Époisses) et de Saintonge (comté de Guitaut) ; de ce mariage naquit en 1843 une fille, Hélène, décédée à l'âge de deux ans, et en 1845 un fils, Ferdinand, décédé sans postérité en 1863. La sœur de la comtesse Bresson, Jeanne-Marie, épousera le 29 mai 1843 Charles II de Wendel (1809-1870), maître de forges et député de Moselle, et c'est probablement ce lien qui explique le fait que les papiers du comte Bresson se soient trouvés dans les archives de la Maison de Wendel.

Nommé ambassadeur extraordinaire près la reine d'Espagne en novembre 1843, le comte Bresson joue un rôle capital dans la conclusion des « mariages espagnols » (28 août 1846), c'est-à-dire le mariage de la reine d'Espagne, Isabelle II, avec son cousin le duc de Cadix, et le mariage du duc Montpensier avec une sœur d'Isabelle II, la princesse Louise Ferdinande de Bourbon. Dans cette affaire, les intérêts de la France s'opposaient pourtant totalement à ceux du Royaume-Uni et Bresson dut déjouer les manœuvres de l'ambassadeur britannique en Espagne, sir Henry Bulwer. À cette occasion, son fils, Philippe Ferdinand, né en 1845, est créé grand d'Espagne de 1ère classe, avec le titre de duc de Sainte-Isabelle.

Rappelé en France en 1847, il passe quelques semaines à Londres avant d'être nommé ambassadeur à Naples, où il se suicide le 2 novembre 1847. Les raisons en restent obscures. Le Dictionnaire des parlementaires français est laconique : « à la suite de chagrins domestiques, il se coupa la gorge avec un rasoir »[9]. Élias Regnault, opposant notoire à la Monarchie de Juillet[10], en donne une explication plus politique ; stigmatisant la politique de Guizot visant à se rapprocher de l'Autriche tout en abandonnant tout soutien aux États italiens, il écrit : « non seulement on le jugeait ainsi [mal], dans les banquets, dans les journaux, dans les cercles politiques, mais parmi les principaux agents de cette perfide diplomatie, il s'en trouvait qui murmuraient hautement contre l'indigne rôle qu'on leur faisait jouer. M. Bresson, ambassadeur à Naples, avait conseillé vainement une autre conduite : on n'avait pas tenu compte de ses avis. Il ne put se défendre de témoigner des regrets et, se trouvant à Florence, il s'était exprimé, dit-on, en des termes libres sur la conduite générale des affaires, sur M. Guizot, sur le roi lui-même, imputant aux faux calculs d'une vanité sénile ce rapprochement de la France et de l'Autriche, qui avait de si désastreuses conséquences. Le roi, l'ayant appris, lui avait durement reproché ces indiscrètes paroles. M. Bresson, qui ne put supporter ces reproches, termina ses jours par un suicide »[11].

 

[1] Le comte de La Valette (1769-1830), fidèle ministre des Postes de Napoléon sous l'Empire entre 1804 et 1814 et pendant les Cent-Jours, avait été condamné à mort en 1815 après la restauration des Bourbons, pendant la Terreur blanche. Il réussit à s'enfuir de la Conciergerie et à passer à l'étranger dans des conditions rocambolesques, avec la complicité d'employés du ministère des Affaires étrangères, MM. Baudus et Bresson.  L'anecdote est rappelée dans la notice nécrologique de François-Léopold Bresson dans le Journal des Débats du 20 février 1832 (cf pièce n°6). Le chancelier Pasquier en fait le récit dans ses mémoires publiées en 1895-1897 (p. 45-47).

[2] Fils aîné de Louis-Philippe et de Marie Amélie de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842), duc de Chartres puis duc d'Orléans et prince royal de France (1830), est l'héritier du trône jusqu'à sa mort prématurée en 1842. Prince libéral et populaire, il fit une brillante carrière militaire, notamment en Algérie. Étant donné son statut, son mariage a été l'une des plus importantes affaires politiques et diplomatiques de la monarchie de Juillet.

[3] Lettre n°182 de Marie d'Orléans à la reine Marie-Amélie, 27 août 1837, note de bas de page, Correspondance inédite de la princesse Marie d'Orléans, duchesse de Wurtemberg, Paris, Boivin, 1937, p. 257.

[4] Ibid., p. 125.

[5] Id., p. 235.

[6] François Guizot, Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, Paris, Michel-Lévy Frères, t. VIII, 1867, p. 262.

[7] Arthur-Léon Imbert de Saint-Amand, Marie-Amélie et l'apogée du règne de Louis-Philippe, Paris, E. Dentu, 1894, p. 235.

[8] Lettre de Berlin du 18 août 1843 citée par Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, M. Victor Cousin, sa vie et sa correspondance, Paris, Hachette, 1895, vol. 3, p. 145. Le collège du Plessis était un collège de l'ancienne université de Paris qui fut agrégé au lycée Louis-le-Grand après la Terreur ; Victor Cousin y fut nommé professeur et obtint un poste de maître de conférences à l'École normale supérieure dont il était un ancien élève et qu'il dirigea à partir de 1830.

[9] Notice biographique du comte Bresson dans le Dictionnaire des Parlementaires français en cinq volumes d'Adolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, Paris, Bourloton, 1889-1891. Sa mère est décédée en février 1847. Il a perdu sa fille, Hélène, en 1844, alors qu'elle était âgée d'à peine un an et demi.

[10] Il fut secrétaire du Comité central des Banquets, manifestations politiques d'opposition au régime de Louis-Philippe lancé en 1847.

[11] Élias Regnault, Histoire de huit ans, 1840-1848, Paris, G. Baillière, 1878, t. III, p. 319.

Modalités d'entrées

Type d'entrée : dépot de la Fondation de Wendel.

Date d'entrée :24 juillet 2012.

Présentation du contenu

Le fonds comprend deux séries de documents : les liasses, qui comprennent la correspondance diplomatique, et les portefeuilles, qui mêlent papiers publics et papiers privés. La correspondance diplomatique envoyée par le comte Bresson est un double de la collection conservée par le Centre des Archives diplomatiques (cf sources complémentaires ci-dessous). Ce sont les documents privés et la correspondance reçue par le diplomate qui font dans une large mesure l'intérêt de ce fonds ; la série des lettres autographes contient également quelques lettres adressées à la deuxième épouse du Comte Bresson, ce qui explique leur datation postérieure au décès de ce dernier.

Autre instrument de recherche

Répertoire numérique détaillé par Anne Alonzo, archiviste paléographe, s.l., 2012, 31 p. Voir l'inventaire

Mots clés producteurs