Originaire de Porto-Rico, Benoît Ulysse Laurent François de Paule, comte de Ratti-Menton (1799-1879) est nommé en 1822 élève vice-consul. Attaché en 1824 au consulat général à Naples, il est vice-consul à Tiflis le 15 mai 1833 puis à Gibraltar en 1837. Consul à Damas en 1839, il est mis en cause par son comportement antisémite. Envoyé en Chine en 1842, il est consul à Calcutta en 1846, consul général à Lima en 1849. En janvier 1853, un article du Journal du Midi annonce son départ de Lima et sa nomination à Gênes, un poste à la rémunération bien inférieure, « 18 000 francs de traitement quand le premier en a 40 mille ». Le prétexte en est la volonté de satisfaire le vœu du général Montholon qui, sur son lit de mort, a réclamé à l'empereur un poste au Pérou pour son fils. Il termine sa carrière à La Havane, où il est envoyé en 1855. En 1861, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite. Il meurt en 1879 à Blois où il s'est retiré.

Quelques pièces achetées avec le fonds ont été classées dans les collections du musée des Affaires étrangères : un cylindre en bronze orné d'un dragon rampant et grimaçant (M141) ; un tube autour duquel est enroulé un dragon, marqué et sommé d'un idéogramme, ayant pu servir de manche (M142) ; un fume-cigarette en forme de tête de dragon (M140).

Les papiers Ratti-Menton ont été acquis par le ministère des Affaires étrangères en vente publique auprès de la maison Alde le 20 janvier 2021.

Le fonds Ratti-Menton est surtout remarquable par les mémoires de celui-ci (521PAAP/2 à 4). Dans cet exercice littéraire, vraisemblablement entrepris à la fin de sa vie, Ratti-Menton raconte les nombreuses rencontres qu'il a faites au cours de sa carrière, émaillées d'anecdotes curieuses. À Paris, c'est un dîner avec Lamartine en 1843, à la veille de son départ en Chine, où le poète affirme sa foi démocratique. À Macao, c'est la figure du marquis de Païva, époux de l'illustre courtisane qui fera les beaux jours de Paris à la fin du XIXe siècle, ainsi que de nombreux détails pittoresques.

Le fonds comprend aussi quelques fragments de mémoires (521PAAP/5), par exemple sur « la tribu israélite de la presqu'île d'Aden » ou « la situation de la Russie en Géorgie » ainsi que quelques autres pièces, essentiellement de la correspondance. Parmi les lettres officielles, on note celles de Guizot après son séjour en Syrie. Elle montre la volonté du Département de lui offrir un poste important, malgré l'affaire de Damas dans laquelle il a été compromis. Aussi, non signée, une lettre du vice-roi de Canton à Guizot sur les relations politiques avec la France.

Le fonds comprend enfin quelques pièces de correspondance familiale, notamment de sa femme, Noëmi de Bruc, épousée quand Ratti-Menton, âgé de 43 ans, s'apprête à partir en Chine (521PAAP/6). Celle-ci se remarie le 4 novembre 1880 au château de Fitz-James, dans l'Oise, avec Achille Chrestien de Beaumini. Noëmi de Beaumini entretient notamment une correspondance avec Thérèse de Lamote-Baracé, lointaine cousine de son premier mari, par la famille de Rouvray.

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Répertoire numérique détaillé par Jean-Philippe Dumas, février 2024, 4 p. Consulter l'inventaire.

Aux archives de La Courneuve, l'étude de la carrière de Ratti-Menton peut être poursuivie à partir de la correspondance politique des différents postes où il a exercé ainsi que des papiers d'agents, notamment les papiers Cochelet (514PAAP), consul général à Alexandrie quand Ratti-Menton est à Damas.

Le dossier d'agent de Ratti-Menton est conservé sous la cote Personnel, 1re série, 3400 (393QO/3400).

Au centre des archives diplomatiques de Nantes, le chercheur trouvera les archives des différents consulats dont Ratti-Menton a été responsable.

Plusieurs ouvrages récents proposent une bibliographie à jour sur la diplomatie du Second Empire :

BRULEY (Yves), SOUTOU (Georges-Henri) (préf.), Le Quai d'Orsay impérial, histoire du ministère des Affaires étrangères sous Napoléon III, Paris, éditions A. Pedone, 2012, 491 p.

BRULEY (Yves), La Diplomatie du sphinx, Napoléon III et sa politique internationale, Paris, CLD éditions, 2015, 353 p.

Sur la carrière de Ratti-Menton jusqu'en 1846, on se reportera aux ouvrages suivants :

BENSACQ-TIXIER (Nicole), Dictionnaire du corps diplomatique et consulaire français en Chine, 1840-1911, Paris, Les Indes savantes, 2003, p. 465-469.

WILL (Pierre-Étienne), MAU (Chuan-Hui), dir., Missions au pays de la soie : l'ambassade Lagrené (1843-1846) entre science, commerce et diplomatie, Paris, Collège de France-Institut des Hautes Études Chinoises, 2017, 327 p.

De nombreux articles ont été consacrés à l'affaire de Damas. Ils font référence à la série Affaires diverses politiques des Affaires étrangères (Turquie, 75ADP) mais non aux éléments figurant dans le fonds 521PAAP, resté apparemment inédit avant son entrée aux Affaires étrangères :

COHEN (Rina), « L'affaire de Damas et les prémices de l'antisémitisme moderne », dans Archives Juives, 2001, no 1, vol. 34, p. 114-124.

FRANKEL (Jonathan), The Damascus Affair : « Ritual Murder », Politics and Jews in 1840, Cambridge, Cambridge University Press, 1997.

HAREL (Yaron), « Le Consul de France et l'Affaire de Damas à la lumière de nouveaux documents », dans Revue d'histoire diplomatique, 1999, no 2, p. 143-170.