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Description physique
Origine
Biographie ou Histoire
A la fin de la guerre, l'Autriche est partagée par les Alliés, tout comme l'Allemagne, en quatre zones d'occupation. C'est l'accord de Londres du 9 juillet 1945 qui fixe les limites des zones d'occupation en Autriche. Représentant un peu plus de 15000 km, soit 18% du territoire autrichien, la zone française d'occupation comprend deux des neuf provinces autrichiennes : le Vorarlberg (2.602 km) et le Tyrol (12.646 km).
Les troupes de l'Armée française découvrent à leur arrivée en Autriche des milliers de personnes démunies. Il se trouve en effet sur les territoires du Vorarlberg et du Tyrol environ 170.000 personnes dans les camps ou dispersées, soit de la population totale de la zone d'occupation française. Toute personne qui a, au cours de la guerre, quitté son pays d'origine volontairement ou non du fait des hostilités, est considérée après la Libération comme personne déplacée ou réfugiée (PDR). Ainsi sont considérés les ex-prisonniers de guerre, la main d'œuvre civile embrigadée par le IIIème Reich, les déportés politiques, raciaux, confessionnels, etc., de toute nationalité, rescapés des camps de concentration, les réfugiés des pays de l'Est fuyant l'avance des Soviétiques et les combats, et les minorités de langue allemande dites Volksdeutsche, provenant des pays d'Europe sud-orientale (Yougoslavie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie et Tchécoslovaquie).
Il se trouve de plus sur le territoire autrichien, devenu une province du Reich de par l'annexion allemande en mars 1938, des Allemands du Reich (Reichsdeutsche). Il fut décidé qu'ils ne pouvaient être considérés comme personnes déplacées que s'ils avaient été déportés par le régime nazi, pour des raisons raciales, politiques ou religieuses.
On peut noter que des nazis, des collaborateurs et membres d'organisations fascistes, désireux d'échapper aux poursuites des Alliés, cherchent à se fondre parmi les PDR.
Le Comité Intergouvernemental pour les Réfugiés (CIR), créé en juillet 1938 à la demande du président Roosevelt, est le seul organisme à se charger de la protection juridique des PDR après la Libération. Il joue un rôle important aux côtés de l'United Nations Relief and Rehabilitation Administration (UNRRA) qu'il complète. L'UNRRA traite les questions d'hébergement, d'alimentation et de soins médicaux des PDR. En mai 1945, l'UNRRA ouvre quatre camps au Tyrol (Landeck, Haiming, Kematen et Kufstein) pour les seuls ressortissants des Nations Unies, et assure l'administration et le ravitaillement de ces personnes à l'intérieur des camps.
Avant l'arrivée des unités françaises le 5 juillet 1945, les troupes américaines se chargent des premiers rapatriements.
Les autres PDR de la zone française doivent elles aussi être administrées en urgence. L'Armée française improvise alors l'organisation de camps dans la zone, mais, rapidement, un organisme d'occupation spécialement chargé des questions de ces personnes déplacées est créé, les tâches jusque-là assumées par l'Armée devant être reprises par une administration civile.
Le gouvernement militaire français crée alors un service PDR - aussi appelé Division PDR à ses débuts - dont la première mission est d'assurer le rapatriement des personnes désirant revenir dans leur pays d'origine, français et ressortissants alliés. Pour ce qui est des Français déportés, prisonniers de guerre ou travailleurs du Service du Travail Obligatoire (STO), elle travaille en liaison avec la Mission française de Rapatriement (MFR). En outre, elle doit assurer l'administration des personnes réfugiées avant rapatriement ou réimplantation, avec tout ce que cela implique: hébergement, ravitaillement, habillement, santé et hygiène, organisation sociale, culturelle et cultuelle.
Le rapatriement repose sur la base du volontariat, sauf pour les Soviétiques. En vertu du traité franco-soviétique du 29 juin 1945, la France soucieuse de faire rentrer les Alsaciens-Lorrains retenus par l'Armée soviétique, s'est en effet engagée à les rapatrier tous.
Les minorités ethniques des différents États de l'Europe centrale, principalement les minorités allemandes (Volksdeutsche), qui ne sont pas autorisées à revenir dans leur pays d'origine par les gouverneurs de ces Etats, doivent alors être administrées de même par le Service des PDR, avant leur réimplantation hors d'Autriche. En effet, les Volksdeutsche font l'objet d'un transfert obligatoire en Allemagne, tout comme les Reichsdeutsche, mesure visant à dénazifier l'Autriche et à affranchir le pays de son alignement sur l'Allemagne. Cependant, de nombreux Reichsdeutsche ont fait exception au transfert obligatoire, protégés par les autorités locales pour des raisons familiales ou des considérations économiques.
Par ailleurs, la Division des PDR contrôle les activités de l'UNRRA. Toutefois, la gestion des camps reste très aléatoire ; leurs responsabilités respectives étant peu délimitées, l'UNRRA et le Service PDR se chevauchent, se doublent et prennent des orientations parfois totalement opposées. Après l'accord intervenu le 18 février 1946 entre l'UNRRA et le Service PDR, les compétences respectives sont clairement déterminées. L'UNRRA se charge de l'admissibilité des PDR à l'aide et l'entretien, de leur inscription au fichier des PDR, de la recherche des disparus en collaboration avec le Service PDR, de l'organisation des soins médicaux, et des contacts, nécessaires aux rapatriements, avec le pays d'origine des PDR. Le Service PDR, quant à lui, se charge de procurer le ravitaillement, les vêtements, le mobilier et le matériel de couchage, le combustible, les fournitures médicales et pharmaceutiques, etc. Il s'occupe en outre de la préparation à l'émigration, et du maintien de l'ordre et de la sécurité. Le rôle des autorités autrichiennes envers les PDR demeure assez mince jusqu'en 1946. Il est plus clairement défini et plus étendu par le nouvel accord de contrôle signé à Vienne entre les Quatre puissances, le 28 juin 1946. Désormais, les autorités autrichiennes doivent administrer les réfugiés autrichiens, auxquels s'ajoutent les optants du Tyrol du Sud qui ont choisi d'émigrer en Allemagne après la remise de cette province par Hitler à l'Italie mussolinienne en 1939.
Les Personnes Déplacées Réfugiées se trouvent rassemblées partout où des locaux permettent leur hébergement : centres d'hébergement des déportés du travail et ceux des travailleurs immigrés rattachés aux grandes entreprises, bâtiments publics, casernes, camps de SS ou de la Wehrmacht abandonnés, hôtels ou auberges. Ainsi apparaissent assez spontanément les camps de PDR partout au Tyrol et au Vorarlberg (cf. carte en annexe 10). Les camps qui ne dépendent pas de l'administration de l'UNRRA sont gérés par le Service PDR, souvent avec le concours de la Croix Rouge française et les équipes nationales de la Croix Rouge Internationale. En juillet 1947, l'UNRRA cesse ses activités et se voit remplacée par l'OIR -Organisation Internationale des Réfugiés- qui reprend ses attributions. En outre, de nombreuses personnes déplacées résidant à l'extérieur des camps, en privé, bénéficient néanmoins des aides accordées par les organismes de secours. Diverses agences bénévoles sont en effet représentées en zone française dans le cadre de l'assistance aux PDR. Le Service PDR est chargé, en collaboration avec l'OIR, de contrôler et de coordonner les activités des différentes organisations caritatives (YMCA, YWCA, NCWC, WCC, LWF, CWS, AJDC, HIAS&)[1]. Leurs activités sont diverses : rôle matériel, social, culturel et religieux.
La Section PDR crée également un Service social des PDR en novembre 1946, après dissolution des associations constituées par les PDR, leur apportant une aide plus efficace en consultations médicales, distributions de secours, visites à domicile, etc. Les PDR y sont regroupés par nationalité, formant ainsi les sections nationales du Service. Le service social assure de plus la liaison entre la Section PDR et les PDR résidant en privé.
La présence des PDR pose rapidement des problèmes matériels (ravitaillement) et politiques (criminalité, infiltration de services secrets étrangers). L'OIR porte en conséquence davantage ses efforts, très efficaces, avec la Section PDR, sur l'émigration des PDR.
Créée en septembre 1947, l'Office de la Main d'Œuvre Étrangère -l'OMOE- en liaison avec la Section, participe à cette tâche avec l'OIR en se chargeant du rétablissement professionnel des PDR hors d'Autriche, surtout dès 1'année 1947 en raison de la décision de certains gouvernements d'accepter la main d'œuvre PDR, et parfois certains intellectuels et techniciens. La forte demande de main d'œuvre PDR par le gouvernement français (secteurs minier et agricole) décide de nombreux PDR à émigrer. L'émigration de PDR en France est facilitée par l'Office National d'Immigration (ONI) fonctionnant au camp de Mehrerau-Bregenz (Vorarlberg). L'ONI joue de plus un rôle non négligeable dans l'émigration vers différents pays d'accueil, en envoyant les PDR au Centre ONI de Fribourg pour triage des candidats au départ. Dès 1951, les activités de l'OIR sont relayées par un nouvel organisme qui œuvre jusqu'en 1955, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCNUR).
L'organisation de l'administration des PDR en zone d'occupation française en Autriche se structure et évolue rapidement. Le 24 août 1946, le gouvernement militaire se transforme en Mission de Contrôle pour les provinces du Tyrol et du Vorarlberg", sous l'autorité du Haut Commissariat de la République française en Autriche. La mission de contrôle est composée d'un cabinet et de services répartis en cinq sections :
- Sécurité
- Restitutions
- Affaires militaires
- Transport
- PDR qui prend la succession du Service des PDR de l'ancien gouvernement militaire.
Les gouvernements français des Länder, installés à Innsbruck pour le Tyrol et Bregenz pour le Vorarlberg, deviennent des détachements de contrôle. Au niveau des bezirks (districts), dix détachements mobiles assurent la tutelle des administrations d'arrondissement et des autorités municipales (Tyrol : Innsbruck, Kitzbühel, Kufstein, Schwaz, Landeck, Imst, Reutte ; Vorarlberg : Bregenz, Bludenz, Feldkirch). En décembre 1948, la Mission de Contrôle prend le nom de "Mission Française pour les provinces du Tyrol et du Vorarlberg", et les détachements mobiles des bezirks sont renommés "détachements de liaison des bezirks". La Section des PDR de la Mission de Contrôle possède de nombreux contacts de par ses activités avec les deux autres organes du Haut Commissariat de la République française en Autriche, le Gouvernement français de Vienne et le Comité exécutif de Vienne, qui possède une division PDR chargée des PDR du secteur français de Vienne.
La section PDR cesse ses activités lors du retrait de l'administration française en Autriche en mai 1955. Les camps de PDR sont alors remis aux autorités autrichiennes. Toutefois, une grande partie des camps ont été remis aux autorités autrichiennes dès 1950, puis progressivement, les services français conservant le contrôle des camps par leurs instructions.
[1] YMCA : Young Men's Christian Association
YWCA : Young Women's Christian Association
NCWC : National Catholic Welfare Conference
WCC : World Council of Churches
CWS : Church World Service
LWF : Lutherian World Fédération
AJDC : American Joint Distribution Committee
HIAS : Hebrew Immigration Aid Society
Histoire de la conservation
Les archives de la Section des PDR représentaient, avant traitement, environ 10,50 m.l. du fonds du Haut commissariat de la République française en Autriche, sur près de 675 m.l. de documents que celui-ci constitue. Elles font partie de l'échelon central de la série Zone d'occupation française en Autriche qui représente 228 m.l. Cette série se compose des dossiers de la Mission de Contrôle pour les provinces du Tyrol et du Vorarlberg. Après traitement, le fonds représente près de 8 m.l. (56 cartons). Les éliminations réglementaires (doubles, pièces comptables justificatives, etc.) ont été effectuées. Elles représentent plus de 2 m.l.. L'état matériel des dossiers est correct. Toutefois, les documents, pour l'essentiel en papier pelure, sont fragiles. Les archives sont conditionnées en cartons cauchard, chaque dossier étant lui-même conditionné en pochette cartonnée. Chaque pochette est cotée en continu, de 1 à 261. Les dossiers ont parfois été séparés en plusieurs pochettes du fait de leur épaisseur initiale. Une table de concordance avec les anciennes cotes du relevé sommaire se trouve à la fin de l'instrument de recherche.
Modalités d'entrées
Versement administratif de 1952.
Présentation du contenu
Section PDR en Autriche
Aucun plan de classement n'ayant à l'époque été utilisé pour l'organisation des dossiers, il a été nécessaire d'élaborer un cadre qui respecte, à la fois la structure administrative de ce service, et ses fonctions.
Organisation et fonctionnement : On trouvera là les rapports d'activité de la section ; ceux-ci, très réguliers rendent compte des activités de la section PDR et de leur évolution. Les dossiers relatifs aux relations avec la mission française et les autres sections restituent les missions de la section et rendent bien compte de l'organisation de sa prise en charge des PDR. Les rôles de l'UNRRA puis de l'OIR dans l'administration des camps se trouvent ici développés, ce qui permet de bien définir les missions de chaque organe. Les volumes concernant les relations avec les autorités autrichiennes sont très enrichissants ; ils traitent de l'administration des camps avec l'Autriche, et de la remise progressive de ceux-ci par la France. On y retrouve les nombreuses et précises instructions données par la Section PDR aux autorités autrichiennes afin qu'elles puissent reprendre l'administration de ces camps.
Administration : Cette rubrique concentre tous les dossiers relatifs au fonctionnement même de la Section. Ils rendent bien compte de la gestion du personnel et du matériel.
Administration des camps : Les dossiers se composent d'une riche correspondance entre la section et les chefs de camps. Ces relations témoignent de l'organisation et du fonctionnement des camps.
Opérations : Cette rubrique regroupe l'ensemble des dossiers relatifs aux missions de la section. Les dossiers sont en premier lieu organisés par ordre alphabétique des nationalités des PDR ; ils permettent d'étudier la prise en charge des PDR par nationalité précisément, et notamment l'organisation de leurs rapatriements, informations que l'on retrouve très souvent dans ces dossiers. Le volume numéro 67 est l'unique dossier relatif aux modalités d'enregistrement de l'état civil des PDR, au sein du Standesamt (mairie) de la commune du camp. Les archives de la Section traitent de plus d'une, sinon de la plus importante, de ses missions qu'est l'exécution du rapatriement des PDR dans leur pays d'origine, leur émigration ainsi que leur rétablissement professionnel hors d'Autriche. De nombreux volumes développent le cas particulier des Soviétiques. L'émigration vers la France fait elle aussi l'objet de procédures particulièrement contrôlées. Les formalités de circulation des PDR sont aussi présentées. Une importante tâche lui incombe également, celle des recherches des disparus et des criminels de guerre. Enfin, la Section gère la main d'œuvre ; ces dossiers éclairent l'organisation et le fonctionnement du travail dans les camps.
Service social : La Section administre d'autre part le Service social des PDR ; la dissolution des associations de PDR en novembre 1946 est ici explicitée. Les dossiers contiennent d'importants renseignements sur l'aide attribuée aux PDR par le Service social directement, ainsi que par les organismes extérieurs. Le service social assure de plus la liaison entre la Section PDR et les PDR résidant en privé. Viennent ensuite les dossiers des services PDR provinciaux du Tyrol et du Vorarlberg. Lors de la fermeture des services français en Autriche en 1955, les archives des camps ont été en effet progressivement regroupées au sein des services PDR provinciaux du Tyrol et du Vorarlberg, eux-mêmes rassemblés à l'échelon central de la Section PDR.
Section PDR provinciaux
Les archives des services PDR provinciaux s'organisent de la même façon que celles de la Section.
Organisation et fonctionnement : Les rapports mensuels des services PDR contiennent de nombreuses informations sur la situation des PDR et leur évolution au Tyrol et au Vorarlberg.
Administration des camps : S'ajoutent à cela les dossiers relatifs à l'administration des camps. Ces archives contiennent de substantielles informations sur la gestion des camps de PDR et sur la nature des aides qui leur ont été apportées par les organismes internationaux. Les volumes sont ensuite organisés par camp. On y retrouve toutes les actions menées en faveur des PDR : ravitaillement, aide sociale, mise au travail, circulation, rapatriement, émigration&Ces dossiers sont propres à chaque camp, et reflètent ainsi les spécificités administratives de chacun d'eux (exemple : le camp de Kufstein administré par l'UNRRA).
Opérations : Ces dossiers présentent les missions de la Section relayées au niveau des services provinciaux ; il s'agit là du recensement et du contrôle des PDR, de leur mise au travail et surtout de leur rapatriement et de leur émigration.
Service social : Les services provinciaux administrent également chacun un service social. On y retrouve le fonctionnement particulier des services à travers les "Sections nationales" ; les PDR sont en effet groupées par nationalité. A la tête de chaque groupement est désigné par les autorités françaises un délégué, chargé d'administrer socialement son propre groupe.
Tant dans les dossiers de la Section que dans ceux des services PDR provinciaux, il n'apparaît aucune césure relative au passage du Commandement en Chef français au Haut Commissariat de la République française en Autriche.
Évaluation, tris et éliminations, sort final
Des éliminations réglémentaires représentant 2 ml ont été effectuées (doubles, pièces comptables justificatives, etc.).
Conditions d'accès
La sous-série est communicable selon les dispositions de l'article L213-1 et L213-2 du Code du Patrimoine sur le régime de communication des archives publiques.
Conditions d'utilisation
Tous les articles communicables peuvent être reproduits pour usage personnel. Pour les utilisations publiques ou commerciales, il convient de s'enquérir des conditions auprès des Archives diplomatiques.
Autre instrument de recherche
Répertoire numérique détaillé par Mélanie Barré, stagiaire, sous la direction de Frédéric Laux, conservateur du patrimoine, mis en à jour en 2010, 2017 et 2019, La Courneuve. Voir l'instrument de recherche.
Mots clés lieux
Mots clés producteurs
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