Ingénieur mécanicien, affecté à la base d'aviation navale de Karouba, Robert Lang (1906-1959) entra en août 1940 dans le cabinet de l'amiral Esteva où il fut chargé plus particulièrement des affaires techniques avec la mission de « rechercher les procédés les meilleurs afin de parer au déficit croissant de carburant » (Protectorat Tunisie, série Personnel, dossier Lang. Lettre de l'amiral Esteva au contre-amiral Auphan. Octobre 1942). Un arrêté de l'amiral Esteva, en date du 27 juin 1941, le désignait comme chef du cabinet technique.

Le cabinet technique et son chef étaient les interlocuteurs privilégiés des responsables économiques de la Régence : administrations, industriels et particuliers s'adressaient à lui pour obtenir des dérogations, des attributions de matières premières, des allocations d'essence ou de charbon, accordées avec de plus en plus de parcimonie au fil des mois à partir de l'occupation de la Tunisie par les troupes allemandes et italiennes en novembre 1942. Ces restrictions furent dès lors naturellement accentuées par les exigences des occupants et leurs réquisitions.

Les papiers Lang, dossiers du cabinet technique de la résidence, constituent une source de documentation particulièrement précieuse pour l'étude de l'économie de la Tunisie pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu'à l'arrivée des troupes alliées.

Ces dossiers ont trait essentiellement à l'approvisionnement de la Tunisie en matières premières contingentées, minerais, métaux, combustibles solides et liquides, à la constitution de stocks, aux procédures de répartition de ces produits particulièrement indispensables au fonctionnement de l'économie tunisienne en temps de guerre. L'éventail des questions traitées par Lang et le cabinet technique apparaît cependant singulièrement réduit par rapport aux attributions des responsables du service technique de la résidence après la guerre. Ses dossiers contiennent ainsi très peu de documents sur la marine marchande, l'urbanisme, l'activité maritime ou les questions agricoles.

De nombreux dossiers ont trait enfin aux efforts déployés par les services de la Résidence pour développer les énergies et carburants de remplacement ou les produits de synthèse. De nombreux projets parviennent ainsi sur le bureau du chef du cabinet technique, émanant des services, des industriels mais aussi des particuliers qui proposent leur contribution ou développent les avantages de leurs inventions respectives. Projet de création d'une mer intérieure par submersion des grands chotts du sud algérien et du sud tunisien pour modifier le climat (dossier hydraulique), proposition d'un nouveau modèle de scaphandre accompagné de photographies explicatives voisinent, par exemple, avec les résultats des essais de moteurs fonctionnant au gaz pauvre sur lesquels Lang travaillait lui-même ou les tentatives de distillation des pépins de raisin. Lang était l'auteur d'un procédé de moteur fonctionnant au gaz pauvre. Il adapta les gazogènes aux moteurs des centrales électriques, ce qui permettait de réduire des trois quarts leur consommation de gaz-oil, puis aux véhicules des chemins de fer. Lang avait été mis à la disposition du général Weygand, délégué général du gouvernement en Afrique française, à partir du 17 mai 1941, afin d'étudier les procédés de modification des moteurs diesel des diverses centrales électriques de l'Algérie et du Maroc. Enfin, d'importants volumes sont consacrés au développement des gazogènes, à l'utilisation de nouveaux carburants, à la régénération des huiles usagées ou à la culture de l'alfa pour les besoins de l'industrie.

Ces dossiers s'achèvent pour la plupart en 1943 alors que Lang avait quitté ses fonctions dès octobre 1942 .

De nombreuses pièces sont conservées sous forme de copies, les originaux ayant malheureusement disparu ou étant dispersés dans les autres séries ; en revanche, alors que relativement peu de notes manuscrites de Lang ont été conservées, de nombreux documents portent des annotations de la main de l'amiral Esteva.

Répertoire numérique, établi par Pascal Even repris et complété par Rémi Beghin, étudiant en archivistique, mai 2004

voir inventaire