Charles, Jules, Joseph, Bonin (1865-1929), archiviste-paléographe de formation, eut une carrière assez mouvementée. Attaché d'abord à la préfecture d'Ille-et-Vilaine, puis du Calvados, il commença la carrière diplomatique en Indochine, d'où il entreprit plusieurs missions scientifiques (au Laos, en Chine en 1895-1896, puis en 1901 et en Asie Centrale en 1898-1900). Il rapporta de ses expéditions de nombreux documents et renseignements géographiques, ethnologiques, voire linguistiques, qui lui valurent la médaille d'or de la Société de Géographie. Chargé des fonctions de secrétaire à Pékin en 1902, il s'intéressa en particulier à la question des Musulmans chinois; par la suite il, réunira toute une documentation sur le panislamisme et écrira plusieurs articles à ce sujet.
Il rend compte des derniers échos des troubles et soulèvements des Boxers.
Chargé d'affaires au Caire en 1904-1905, il livre des renseignements politiques et économiques abondants (analyse du rapport de Lord Cromer).
Chargé du consulat général de Montréal en 1912, il reste à ce poste pendant toute la durée de la guerre. Nous le retrouvons ministre plénipotentiaire à Téhéran de 1918 à 1921 : la situation en Perse est confuse. Bonin critique les accords anglo-persans, cherche à développer l'influence française en s'appuyant sur certains éléments persans, son rôle est ici assez mal défini. On trouve dans ses papiers des notes intéressantes sur l'influence bolchevique en Perse.
Ministre plénipotentiaire à Lisbonne de 1921 à 1924, il finira sa carrière comme chef du service des archives au ministère des Affaires étrangères. Il mourut à Barcelone en 1929.
Personnalité riche et peu conventionnelle, sans doute violente, Bonin nous laisse à travers ses lettres, ses papiers, ses écrits, l'impression d'un esprit curieux, aventureux, intéressé par les questions éthnologiques, géographiques, religieuses, et, dirions-nous aujourd'hui, "sociologiques". Il fut mêlé aux évènements confus d'Extrème-Orient du début du siècle (révolte des Boxers), et sa correspondance d'Indochine donne un témoignage intéressant sur l'histoire de cette colonie. Le rôle politique ou diplomatique de Bonin, son caractère aussi furent parfois discutés.
Irène Petit.

Remis par sa veuve, en accord avec son exécuteur testamentaire, en 1929 après le décès de Charles Bonin.

Les papiers que nous avons inventoriés apportent une contribution à la fois pittoresque et substantielle à l'étude de l'Extrème-Orient de la fin du XIXème et du début du XXème, ainsi que sur la situation instable de la Perse au lendemain de la révolution russe. Enfin, Bonin a rédigé des documents de valeur sur les questions musulmanes dans le monde, et un certain nombre de documents sur la questions de l'opium.
Irène Petit.

Librement communicable.

Inventaire sommaire par Irène Petit, Paris, juin 1965, 21 p.  Voir l'instrument de recherche

Les archives du ministère des Affaires étrangères conservent aussi un fonds iconographique relatif à Charles Bonin (se renseigner auprès du président de salle de lecture).

- DOUMY (Mélodie),« Charles Eudes Bonin: the first French Person to visit Dunhuang », dans Silk Roads Archaeology and Heritage, no 1, 2023, 20 p. [DOI: https://doi.org/10.5334/srah.3].

- DUMAS (Jean-Philippe), « Charles-Eudes Bonin, un diplomate au pays des bouddhas », dans Jacques Berlioz, Cécile Capot, Olivier Poncet (dir.), Chartistes en Asie. Science historique et patrimoine au lointain (XIXe-XXIe siècle), Paris, École nationale des chartes - École française d'Extrême-Orient, 2021, p. 39-51.