Secrétariat d'Etat à la Francophonie / Cabinet Catherine Tasca, 1991-1993

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Secrétariat d'État à la Francophonie et aux relations culturelles extérieures. Cabinet Catherine Tasca (16 mai 1991-30 mars 1993).

Cote/Cotes extrêmes

5197TOPO (Cote de commande)

Date

1991-1993

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Description physique

72 articles, soit 8,2 ml.

Origine

France. Ministère des Affaires étrangères. Secrétaire d'État chargée de la Francophonie et des Relations culturelles extérieures. Catherine Tasca.

Biographie ou Histoire

Histoire administrative

En France, après la Seconde Guerre mondiale, les politiques reposant sur l'influence de la culture française et sur l'usage du français dans le monde sont principalement prises en charge par les administrations des ministères des Affaires étrangères, des Affaires culturelles, et de la Coopération[1]. Dans le cadre de l'Union française, puis après l'accès à l'indépendance de pays d'Afrique et d'Asie, le Quai d'Orsay met en œuvre d'importants programmes de coopération et de développement fondés notamment sur l'enseignement du français, ainsi que sur l'enseignement en français en général, à destination des pays de l'ancien ensemble colonial français mais aussi d'Amérique, d'Europe centrale et orientale, et du Moyen-Orient. La direction générale des Relations culturelles, scientifiques et techniques (DGRCST[2]) du ministère des Affaires étrangères structure son action en faveur de l'enseignement du français et de la coopération culturelle à travers une multitude de services dédiés, appuyés par les missions de coopérants rattachés aux ambassades de France dans les « pays du champ[3] ». Le Service des Affaires francophones, mais aussi la direction des Nations Unies et des organisations internationales (NUOI), rattachés à la Direction générale des Affaires politiques, participent également au traitement des questions relatives à la francophonie par le réseau diplomatique français.

En parallèle, la Francophonie dite institutionnelle, avec un « F », s'est considérablement développée depuis les années 1960 et 1970 : création en 1961 à Montréal de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), réseau mondial d'établissements d'enseignement supérieur et de recherche partiellement ou entièrement francophones[4] ; puis naissance en 1967 à Luxembourg de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF[5]) ; et, surtout, fondation en 1970 à Niamey de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), organisation internationale regroupant des États ayant en commun l'usage de la langue française, forgée par plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, la France, la Belgique et le Canada ; elle est devenue depuis l'OIF[6]. L'Association internationale des maires francophones, née en 1979 à l'initiative de Jacques Chirac, alors maire de Paris, et de Jean Pelletier, maire de Montréal, est venue compléter ce réseau d'institutions et moyens d'influence de la culture francophone dans le monde.

C'est dans ce contexte qu'est organisé en février 1986, à Versailles, le tout premier Sommet de la Francophonie. En mars suivant, Jacques Chirac, qui vient d'être désigné Premier ministre dans le premier gouvernement de cohabitation de la Ve République (François Mitterrand est alors président), crée la fonction ministérielle en charge de la Francophonie. Il nomme l'élue guadeloupéenne Lucette Michaux-Chevry au nouveau poste de secrétaire d'État à la Francophonie. Durant deux ans ce portefeuille est placé sous la tutelle de Matignon. Il rejoint celle des Affaires étrangères lors de l'alternance politique de mai 1988[7]. Cette nouvelle administration - parfois placée dans le gouvernement au rang d'un ministère délégué, ou d'un secrétariat d'État -, a comme objectifs de rendre plus visible l'action d'influence de la France dans le monde à travers l'emploi de la langue française, face à l'usage croissant de l'anglais dans les échanges internationaux. Avec le développement de la francophonie politique, à partir du Sommet de Dakar en 1989, il devient aussi nécessaire à la diplomatie française de participer au renforcement des organisations et institutions internationales francophones, au premier rang desquelles l'ACCT, dont le budget est principalement assuré par les contributions financières de la France, du Canada et de la Belgique.

Lorsque Catherine Tasca est nommée, d'abord ministre déléguée, puis secrétaire d'État à la Francophonie et aux relations culturelles extérieures, dans les gouvernements successifs d'Édith Cresson (16 mai 1991-2 avril 1992) et de Pierre Bérégovoy (2 avril 1992-29 mars 1993), elle est la quatrième titulaire de ce portefeuille ministériel[8]. À travers sa fonction, elle poursuit, aidée de son cabinet, une politique promotionnelle de l'usage de la langue française non seulement à l'international, mais aussi dans l'Hexagone. Certaine que la francophonie est indissociable de l'audiovisuel, l'un de ses piliers majeurs d'action repose sur le développement de la télévision internationale française publique, à travers la chaîne TV5, et de Canal France International (CFI). D'autres actions sont mises en avant pour favoriser la francophonie, comme une réflexion commune entreprise avec les secteurs des sciences et de l'enseignement supérieur. L'accroissement de l'aide apportée aux établissements universitaires et de recherche francophones est d'ailleurs l'un des sujets clés du 4e Sommet francophone de Chaillot, à Paris, du 19 au 21 novembre 1991.

Catherine Tasca, née à Lyon le 13 décembre 1941, a dédié toute sa carrière professionnelle et politique aux questions de politiques culturelles et au rôle et à l'influence de la France dans ce domaine. Fille d'Angelo Tasca[9], journaliste italien, militant syndicaliste et socialiste réfugié en France en 1929, elle-même est militante au PSU dans les années soixante. Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris en 1963, elle intègre l'ENA dont elle sort en 1967 (promotion Marcel Proust). Dans la foulée elle devient haut-fonctionnaire au ministère des Affaires culturelles alors dirigé par André Malraux : nommée cheffe du bureau des Maisons de la Culture jusqu'en 1972, elle est ensuite désignée directrice générale de la Maison de la Culture de Grenoble, puis chargée de mission à l'Office national de diffusion artistique. Elle poursuit sa carrière comme administratrice générale de l'Ensemble intercontemporain de Pierre Boulez, orchestre fondé en 1976, et co-directrice du Théâtre des Amandiers de Nanterre avec Patrice Chéreau, de 1982 à 1990.

En parallèle de ses activités dans le monde de la culture, Catherine Tasca a quitté le PSU pour le Parti socialiste, refondé après le congrès d'Épinay en 1971 et dirigé par François Mitterrand. Son parcours politique débute en mai 1988 lorsqu'elle entre dans le gouvernement de Michel Rocard au poste de ministre déléguée à la Communication, jusqu'au 15 mai 1991. Chargée de la Francophonie dans les gouvernements d'Édith Cresson puis de Pierre Bérégovoy, de mai 1991 à mars 1993, elle entame quatre ans plus tard sa carrière parlementaire, après la dissolution de l'Assemble nationale par le président Chirac au printemps 1997 : élue le 1er juin députée de la 11e circonscription des Yvelines, sous la bannière de la Gauche plurielle, elle devient la première femme présidente de la commission des Lois. Elle quitte les bancs de l'Assemblée en avril 2000 pour rejoindre le gouvernement dirigé par Lionel Jospin, qui la nomme cette fois ministre de la Culture et de la Communication, jusqu'en avril 2002. Catherine Tasca redevient parlementaire en 2004, cette fois au Sénat : élue sénatrice des Yvelines durant deux mandats consécutifs, jusqu'en 2017, elle accède au poste de vice-présidente du Sénat durant son premier mandat (octobre 2008-septembre 2011). À la fin de son second mandat elle annonce ne pas souhaiter se représenter, et quitte la vie politique française.

 

[1] Le ministère de la Coopération, voulu en 1959 par le général de Gaulle dans le contexte de la décolonisation et des indépendances, a jusqu'en 1982 été directement rattaché au Premier ministre. Rattaché au Quai d'Orsay en 1983, il prend le nom de Coopération et du Développement. Jusqu'en 1998 c'est un ministère à part entière, représenté au conseil des ministres, puis il devient simple ministère délégué. L'administration centrale de la Coopération a finalement été absorbée en 1999 par le Quai d'Orsay, entérinant la disparition de ce ministère.

[2] Lorsque l'administration centrale du ministère de la Coopération a été absorbée par le Quai d'Orsay, en 1999, tous les services et bureaux qui composaient la DGRCST ont été restructurés au sein de la nouvelle Direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID). Elle est devenue Direction générale de la Mondialisation, de la culture, de l'enseignement et du développement international (ou DGM) en 2008.

[3] Expression désignant les pays des anciens territoires coloniaux de la France ayant accédé à l'indépendance. Les dirigeants de ces nouveaux États ont signé avec la France des accords bilatéraux de coopération dans différents domaines : développement et assistance économique, technique, culturelle, de défense...

[4] L'AUF réunit aujourd'hui 1007 établissements d'enseignement supérieur dans 119 pays. C'est le plus important réseau mondial universitaire basé sur l'utilisation d'une langue commune. Étant l'un des organismes opérateurs du Sommet de la Francophonie, l'AUF met en œuvre les résolutions adoptées par la « Conférence des chefs d'État et de gouvernement des pays ayant le français en partage », dans le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Son mot d'ordre est la promotion d'une « francophonie universitaire solidaire engagée dans le développement économique, social et culturel des sociétés ». Avec l'OIF, l'AUF a contribué à la création en 1991 de l'Université Senghor d'Alexandrie, établissement francophone international qui coordonne plusieurs campus en Afrique de l'Ouest et de l'Est, au Maroc, et en Hongrie.

[5] À sa création, en mai 1967, l'organisation est nommée Association internationale des parlementaires de langue française (AIPLF) ; elle réunit alors 23 délégations de parlementaires de pays d'Afrique, d'Amérique, d'Asie et d'Océanie, et d'Europe. En 1989, après le Sommet à Dakar des « chefs d'État et de gouvernement des pays ayant en commun l'usage du français », l'association devient Assemblée internationale des parlementaires de langue française. La Charte de Hanoï, adoptée en 1997, fait d'elle l'assemblée consultative de la francophonie institutionnelle. Renommée Assemblée parlementaire francophone (APF) en 1998, elle est aujourd'hui l'unique instance interparlementaire du monde francophone.

[6] L'ACCT a fait l'objet d'une importante réforme interne entreprise entre 1995 (Sommet francophone de Cotonou) et 1997 (Sommet de Hanoï, qui a permis l'adoption de la Charte de la Francophonie), et qui a conduit à sa transformation en Agence intergouvernementale de la Francophonie. Elle a pris le nom d'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en 2006. 88 États et gouvernements sont membres de l'OIF.

[7] À deux reprises cependant, la Francophonie sera une fonction ministérielle« de plein exercice » au sein du gouvernement, c'est-à-dire sans tutelle d'un ministère d'État : de mars 1993 à mai 1995 avec Jacques Toubon, successeur à ce poste de Catherine Tasca ; et de mai à juin 2002 avec Dominique de Villepin.

[8] Avant elle : Lucette Michaux-Chevry (1929-1921), secrétaire d'État chargée de la Francophonie, mars 1986-mai 1988 ; Thierry de Beaucé (1943-2022), secrétaire d'État chargé des Relations culturelles internationales et de la Francophonie, mai-juin 1988 ; et Alain Decaux (1925-2016), ministre délégué à la Francophonie, juin 1988-mai 1991.

[9] Angelo Tasca (1892-1960), d'abord entré dans la Jeunesse socialiste piémontaise, puis fondateur en 1920, avec Antonio Gramsci, du Parti communiste italien, fut emprisonné après l'interdiction du PCI par le régime de Mussolini. Puis exclu du Komintern, où il représentait les partis communistes des pays d'Europe du Sud, en raison de son désaccord avec Staline sur le rôle des régimes fascistes dans le système capitaliste. Après son installation en France en 1929 il entra à la SFIO par l'intermédiaire d'Henri Barbusse, ainsi qu'au Parti socialiste italien clandestin. Responsable de la rubrique de politique étrangère au Populaire, le quotidien de la SFIO (où il signait ses articles sous le pseudonyme d'André Leroux), Tasca, entretemps naturalisé français, se démarqua par sa position à la fois antifasciste, anticommuniste (il soutint le POUM durant la Guerre d'Espagne), et antipacifiste. Pourtant, en 1940, il refusa de partir en Afrique du Nord et accepta de rallier avec d'autres socialistes le régime de Vichy. Après la guerre il resta fidèle à ses analyses anticommunistes, renforcées par le contexte de la Guerre froide, et publia plusieurs ouvrages consacrés à cette question. Son journal personnel et ses archives sont déposés à la Fondation Feltrinelli de Milan.

 

Histoire de la conservation

Historique du versement et de la conservation

Ce fonds est entré avec un état de versement établi par Pierre FOURNIÉ, conservateur du patrimoine, et un protocole de remise d'archives signé par Catherine Tasca le 31 mars 1993, à son départ du ministère. La description de ce versement a été révisée en juin 2023 par Emmanuelle JOUINEAU, responsable des fonds de cabinets ministériels à la direction des Archives, assistée d'Emma SCHNOTZ, stagiaire.

Modalités d'entrées

Modalités d'entrée

Versement administratif entré aux Archives diplomatiques le 31 mars 1993, avec un protocole de remise d'archives d'une durée de 30 ans signé par Catherine Tasca.

Présentation du contenu

Présentation du contenu

Dossiers thématiques et géographiques et chronos de courrier constitués par la ministre Catherine TASCA et ses conseillers techniques, entre mai 1991 et mars 1993 - voir sommaire dans l'instrument de recherche.

Mode de classement

Mode de classement

Thématique et chronologique.

Conditions d'accès

Conditions d'accès

Fonds soumis à un protocole de 30 ans à partir de mars 1993.

A l'issue de cette période (janvier 2024), communicabilité selon les dispositions du Code du patrimoine, article L 213-2. Le délai de 50 ans est appliqué pour les documents portant atteinte au secret de la défense nationale, aux intérêts fondamentaux de l'État dans la conduite de la politique extérieure, à la sûreté de l'État, à la sécurité publique, à la sécurité des personnes ou à la protection de la vie privée.

Conditions d'utilisation

Conditions de reproduction

La reproduction est libre pour les documents communicables dans les conditions prévues par le règlement de la salle de lecture.

Langue des unités documentaires

Français, anglais.

Autre instrument de recherche

Instrument de recherche

Voir l'inventaire.

Documents en relation

Sources complémentaires

Voir aux Archives diplomatiques les fonds suivants :

  • 3240TOPO : Ministre délégué chargé de la Francophonie. Cabinet Alain Decaux, 1988-1991.
  • 1375INVA : Service des Affaires francophones, 1969-1980.
  • 1956INVA : Service des Affaires francophones, 1981-1986.
  • 5879TOPO : Service des Affaires francophones, 1997-1991.
  • 3230TOPO : Service des Affaires francophones, 1992-1993.